Chronique du NIFFF – quatrième jour

Petit programme pour aujourd’hui avec seulement deux projections, mais pas des moindres. Pour commencer, les sept courts-métrages européens proposés, suivis de la mini-série en quatre épisodes de Bruno Dumont, P’tit Quinquin.

Photo : Web

Productions européennes de 2013 et 2014, les courts proposés offrent un joli panorama de ce qui se fait, entre animation, drame et effets spéciaux, il y en a pour tous les goûts.

Le premier court-métrage, Ghost Train, tout droit venu d’Irlande, est un drame fantastique prenant place dans une fête foraine désaffectée, décor propice à une atmosphère glauque et inquiétante. Il explore la thématique du remord et de la culpabilité grâce à un captivant montage réunissant les mêmes protagonistes à travers deux époques. Très belle surprise de cette sélection, bénéficiant d’une esthétique léchée et d’une ambiance aussi sombre que glaçante.

Coda, joli film d’animation Irlandais aux traits doux et colorés, nous présente une jolie métaphore de la mort, accompagnée de ses doutes et de ses regrets. La beauté de la vie y est soulignée, le fantôme d’un homme banal fraîchement décédé cherchant à revoir les choses simples mais jolies de la vie. A travers ce dernier voyage, c’est une ode à la vie qui est offerte au spectateur, le tout porté par de magnifiques dessins. Enchanteur.

Lorsqu’un homme très pieu perd un bras, qu’il repousse mais semble contrôlé par le Diable, on obtient A(r)men, fiction Norvégienne hilarante, sublimée par la prestation de l’acteur principal. Son nouveau bras lui ouvre les portes d’une nouvelle vie, plus libérée et libertine. Si libertine, qu’après une cuite monumentale il perd tout contrôle sur ce qui était jusque là parfaitement régi par sa foi et sa prudence. Belle opposition entre le Bien et le Mal, et les choix auxquels nous nous retrouvons souvent confrontés.

Lâchons prise pour nous plonger dans The Obvious Child, court-métrage d’animation Britannique aussi étonnant qu’incompréhensible. Une voix hachée et malsaine narre l’histoire d’un lapin dérangé, compagnon d’une jeune fille en deuil dont le seul but est d’envoyer ses parents, auparavant découpés en morceaux, au Paradis. Quelle est la morale de cette triste histoire, là est la question…

Production Hollandaise joliment mise en scène, Een Verre Reis n’a pas grand chose à dire. Au propre comme au figuré. Muet de A à Z, ce court-métrage relate le périple d’un jeune libraire donc les membres s’échappent, sans doute pour vivre une vie plus palpitante que celle de leur propriétaire. Bizarre mais amusant.

Robota, coproduction Tchéco-espagnole, présente le quotidien une jeune femme malade assistée par un robot déglingué. Entre une intrigue inexistante et une esthétique douteuse, il n’y a guère de raison de s’attarder sur ce que l’on a de la peine à qualifier d’œuvre…

Entity, seul représentant Français de la sélection est avant tout intéressant pour ses effets-spéciaux. Uniquement d’ailleurs. Largement inspiré du Gravity d’Alfonso Cuarón, on y voit une astronaute lâchée dans l’espace assistant à la destruction de sa base spatiale. S’ensuivent dix longues minutes d’errements aux allures d’écran de veille. Heureusement que c’est un court-métrage !

Sélectionnée à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, P’tit Quinquin, mini-série commandée par Arte à Bruno Dumont était la source de nombreuses attentes. Dans un village campagnard de Haute-Normandie, un flic aux sourcils imposants enquête sur une curieuse affaire. Une vache emplie de morceaux humains a été retrouvée morte dans un bunker apparemment inaccessible… Entre clichés exagérés sur les ridicules campagnards et mimiques exaspérantes et redondantes du commandant de la gendarmerie nationale, cette mini-série divise. Pour le moins. Soit on s’étouffe de rire pendant les trois heures et demie que durent les quatre épisodes bout-à-bout, soit on reste impassible. Soit on rentre dans le trip de Dumont, soit on le regarde de loin. Cinéaste réputé pour la sériosité de ses œuvres, Bruno Dumont se lance pour la première fois dans la comédie, et le succès est mitigé. Un humour lourd et répété, des acteurs amateurs, habitants du coin, dont les prestations restent assez aléatoires, une intrigue interminable et d’ailleurs pas éclaircie, voilà de quoi est composé P’tit Quinquin. On ne s’ennuie pas particulièrement, malgré les quatre épisodes à la suite, mais on ne s’amuse pas forcément non plus. A essayer, mais avec une bonne dose de second degré.

Une journée en demie teinte, qui ne restera certainement pas comme un grand moment de cette 14ème édition du NIFFF. Demain, nouvelles grosses attentes, notamment avec The Harvest, qui, espérons-le, sera aussi dérangeant que le synopsis laisse à présumer.

H.D.

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