Chronique du NIFFF : deuxième jour

L’article.ch vous fait vivre le NIFFF Festival jour par jour, sous la plume d’Hugo Dubois 

Nouveau jour, nouvelles découvertes. Au programme de ce samedi trois films très attendus, le norvégien Blind, le hongrois White God et le britannique Under the Skin. Trois créations très différentes qui ont fait parler d’elles partout où elles sont passées.

Photo : Web

Premier visionnage de la journée, Blind. Premier long-métrage réalisé par le Norvégien Eskil Vogt, scénariste reconnu pour son travail avec Joachim Trier (Oslo, 31. august, Reprise), Blind plonge le spectateur au cœur du quotidien d’une aveugle en proie à ses doutes. Incapable de voir ce qui l’entoure, elle projette ses états d’âme et son mal-être sur des personnages inventés, inspirés de sa vie. Echappant ainsi à sa réalité, elle leur fait vivre l’enfer, entre addiction à la pornographie et orgie devant une aveugle, personne ne sort indemne de ses fantasmes. Magnifique du début à la fin, ce film enfonce le spectateur dans un profond malaise merveilleusement contrebalancé par une émotivité de tous les instants. Le scénario, retors au possible, laisse toujours planer un doute quant à la distinction entre réalité et fiction, le tout parfaitement orchestré pour dénouer tous les nœuds dans un final à la magnifique photographie. A voir absolument, et au plus vite.

Après cette merveille Nordique, place à l’Est. Réalisateur encensé par la critique, présent trois fois à Cannes, le Hongrois Kornél Mundruczó signe avec White God son septième long-métrage. Récompensé du prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014, ce film est l’un des plus attendus de cette 14ème édition du NIFFF. Deux heures plus tard, c’est l’esprit ailleurs que l’on se réveille. Une belle photographie, une musique des plus agréables, et c’est tout. Un scénario dénué d’intérêt, faisant évoluer une jeune adolescente éprise de son chien et son père, un homme solitaire, divorcé et pseudo-autoritaire dans une société hongroise où les chiens bâtards sont interdits. Autant de personnages creux que d’émotions qui ne prennent pas. Entre une évolution de la relation père-fille absolument irrationnelle et les courses-poursuites interminables opposant les employés de la fourrière et le groupe d’intervention de la police à une meute de chiens errants organisée comme une armée, ce film ennuie plus qu’il ne réjouit. Le message politique sur la ségrégation raciale se terminant par une révolution canine n’enchante pas. Dommage, ce film semblait pourtant plein de belles promesses.

Pour terminer, et, espérons-le, relancer cette journée magnifiquement entamée par Blind, mais malheureusement plombée par White God, il est l’heure de s’attaquer au très clivant Under the Skin. Un film obscur et mystérieux, porté par une Scarlett Johansson souvent dénudée, qui a divisé les critiques du monde entier. Voilà qui a de quoi attirer l’attention. Cette œuvre de l’Anglais Jonathan Glazer, réalisateur de Birth et Sexy Beast, nominée pour le Lion d’Or de la Mostra de Venise, s’avère être d’une complexité à toute épreuve. Rien n’est dit, tout est suggéré. Le spectateur se retrouve donc seul face à son esprit et doit tenter de trouver un sens à ce mystère. Hypnotique, obsédant, une fois que l’on est rentré dans le film—ce qui n’est pas le cas de tous, beaucoup étant partis avant la fin—on n’en ressort plus, surtout pas indemne. Une beauté soufflante, une réflexion profondément enfouie et, par-dessus tout, une atmosphère sublime, viscérale, qui ne laisse aucun répit au spectateur, voilà de quoi est fait ce film. Pourtant, une heure et quarante-sept minutes plus tard, on se demande encore quel était le propos du réalisateur. Les interprétations sont nombreuses, et aucune ne semble détenir la seule vérité. Au final, c’est peut-être là que réside tout le génie de cette œuvre, en laissant toute la subjectivité du spectateur se confronter au concret de la mise en scène. Recommandé si vous aimez ne plus savoir où vous en êtes.

Nous vous retrouvons demain avec de nouvelles découvertes oscillant entre documentaire, thriller horrifique et comique burlesque.

H.D.

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