L’article.ch vous fait vivre le NIFFF Festival jour par jour, sous la plume d’Hugo Dubois. Découvrez le premier jour.
La 14ème édition du Neuchâtel International Fantastic Film Festival a commencé hier, avec pour première projection le conte canadien Patch Town, suivi de la cérémonie d’ouverture conclue par le dernier Terry Gilliam, The Zero Therorem, troisième et ultime opus de son triptyque existentiel. Cette 14ème édition, marquée par les présences des hôtes de marque que sont George R.R. Martin et Kevin Smith s’annonce haute en couleur, toujours dans la lignée du NIFFF, axée sur l’anormalité et la différence. Retour sur mes trois premiers visionnages.
17 :15 – PATCH TOWN
Premier long-métrage du Canadien Craig Goodwill, Patch Town est l’aboutissement de son court-métrage éponyme. Un film burlesque, tout droit tiré de l’imagination d’un esprit aussi noir que tordu, mettant en scène des choux porteurs de bébés, des kidnappeurs d’enfants (mais aussi de mamans !), et un héros grassouillet à souhait qui cherche le sens de sa vie. Ce sombre conte, inspiré du folklore russe selon lequel les enfants naissent dans les choux, entraîne le spectateur dans un voyage à la recherche de soi-même, de ce qu’est le bonheur, et surtout, de son chez-soi. Les méchants aussi charismatiques que ridicules en dérideront plus d’un, le comique n’étant pas en reste dans ce méli-mélo de genres, mélange de comédie musicale, de thriller humoristique et de drame sentimental. A voir absolument si vous recherchez un film aussi délirant qu’hors du commun.
19 :30 – CEREMONIE D’OUVERTURE
Jean Studer, président du NIFFF commence son discours en remerciant, puis en égratignant gentiment les politiques locaux, remettant en question leur investissement, semble-t-il déclinant. Il insiste également, non sans un certain cynisme, sur le côté international du festival, « qu’aucune loi ne pourra contingenter », et sur l’importance du festival, par et pour la ville. S’ensuit un discours d’Anaïs Emery, remerciant chaudement tous ceux grâce à qui ce festival est rendu possible, ses collègues, les sponsors, mais aussi, ne les oublions pas, tous les bénévoles qui veillent à nous faire passer une festival aussi agréable que possible. Elle souligne également l’originalité et la tradition du NIFFF, soutenue par sa diversité (28 nationalités représentées). Une salve d’applaudissements ponctuée de flashs est déclenchée lors de la présentation de George R.R. Martin et Kevin Smith, présents dans le public. Un touchant hommage est rendu à H.R. Giger, sans qui le NIFFF n’aurait certainement jamais vu le jour. S’ensuivent la présentation du Jury International, une délicieuse présentation des sponsors et partenaires sur fond de montage rétrospectif de l’histoire du cinéma de genre, des apparitions de politiques, Thomas Facchinetti en tête, initiant une standing ovation destinée à tout le staff, immédiatement suivi par un discours d’Isabelle Chassot, directrice de l’Office Fédéral de la Culture, encensant à son tour le NIFFF. Alain Ribeaux, en bon fan de Game of Thrones, s’est lancé dans une tirade chevaleresque sur l’importance du festival pour la ville. Finalement, Terry Gilliam, malheureusement absent à cause du retour des Monty Python a tout de même tenu à gratifier le public d’un message vidéo expliquant quelques-unes des spécificités de son film. La cérémonie d’ouverture se termine donc sur cette note anglophone et décalée, laissant la place au très attendu The Zero Theorem.
20 :30 – THE ZERO THEOREM
La dernière création du génial Terry Gilliam, film d’ouverture de ce 14ème NIFFF présente une profonde réflexion existentielle, magnifiquement sublimée par une caméra en or. Bien desservie par un prestigieux casting (Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry, Matt Damon…) cette production retraçant l’itinéraire de Qohen Leth (Christoph Waltz), un homme dépourvu de sentiments, et même de sensations, qui vit uniquement dans l’attente d’un mystérieux appel… Cette dystopie époustouflante questionne aussi bien les fondements même de l’existence de l’univers que les raisons qui nous poussent à aimer un être. A la fois triste, drôle, poignant, philosophiquement interpellant et tortureur d’esprit, ce film, à la sauce Terry Gilliam, of course, a le mérite de faire vivre une expérience hors du commun au spectateur. A éviter toutefois si vous ne voulez pas vous prendre la tête.
22 :45 – THESE FINAL HOURS
Une épopée au travers de la fin du monde, ou deux destins s’entrechoquent et cherchent la meilleure façon d’en finir. A priori banal, ce film s’avère être un brin plus que cela. Un bellâtre australien, cliché du héros en quête de lui-même, tente de se rendre à une fête pour la fin du monde. Son destin se retrouve chamboulé lorsqu’il sauve une jeune enfant, fort mature pour son âge, d’un viol certain. S’ensuit alors l’attente de l’ultime instant, la petite démontrant au héros que la meilleure façon de disparaître n’est pas d’oublier mais de se retrouver avec ceux que l’on aime. Un scénario somme toute assez passe-partout qui se démarque tout de même par la justesse des émotions et la beauté de la photographie. Ce film ne sort du lot que par son aspect intimiste et émotionnel, sans quoi il reste relativement quelconque.
Après cette première journée réussie, réjouissons-nous de demain ! Au programme, Blind, White God, Under the Skin et Youg Detective Dee 2.
H.D.