Petites rivalités entre voisins…

A l’aube de la Coupe du Monde de football, les pronostics vont bon train. On choisit nos équipes favorites et les formations que l’on veut voir perdre à tout prix parmi les équipes qualifiées. Toutes les autres ne sont pas très intéressantes. Pour une partie des Suisses romands, en tous cas, hors de question de supporter l’Equipe de France !  Petit passement de jambe au second degré par dessus d’une rivalité enfantine entre amateurs de fondue et consommateur de grenouilles.

Photo : Web 

Chacune des parties possède des idées bien arrêtées sur l’autre, et n’entend pas changer d’avis. Mais alors que d’un côté on accable le voisin de reproches, de l’autre on s’amuse plus de sympathiques clichés.

Ainsi, lorsqu’un Romand se rend à Paris, il a meilleur temps de faire bien attention, autant à l’endroit où il traverse, qu’au lieu où il met les pieds ; il est bien connu que les Français ne savent pas conduire. Lorsqu’un Suisse se rend à la montagne (en Suisse, of course), il prie pour ne pas croiser de Français sur les pistes, car, bon sang, où ont-ils donc appris à skier ? En passant devant une gare française, un Suisse s’étonne toujours de voir des employés de la SNCF travailler… A ce qu’il paraît ils travaillent tous selon le schéma suivant : 50% de boulot pour 50% de grève. Mieux vaut ne pas se plaindre d’un quelconque problème en compagnie d’un Français ou on risque d’y passer plusieurs jours. Il va sans dire que le Français moyen est malpoli et a une grande gueule, surtout quand la France brille sportivement—ce qui réduit déjà sensiblement  les occasions de l’entendre se vanter. Les politiciens en France ? C’est une blague. Ils sont soit trop racistes, soit trop bling-bling, soit trop pervers. Et quand un semble se distinguer et incarner l’avenir de l’Hexagone, il se révèle—un peu tard malheureusement—être trop mou. Enfin un point sur lequel Suisses et Français sont d’accord. Finalement, il s’avère bien difficile de déterminer la caractéristique la plus irritante de nos chers voisins ; est-ce le chauvinisme exacerbé des commentateurs sportifs sur les chaînes de télévision française ou l’accent se rapprochant plus du doux bruit d’une tronçonneuse que de l’anglais lorsqu’ils tentent de parler la langue de Shakespeare ?

Cependant, les Français ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de trouver des clichés. De leur point de vue, le Suisse est riche. Très riche. Il travaille dans l’horlogerie, car par ici, on n’a que ça, et évidemment, il porte une Rolex. Voire même plusieurs, c’est selon. S’il ne travaille pas dans l’horlogerie, ce qui peut arriver, il travaille dans une banque, ce n’est pas mal non plus. Bien entendu, comme tout bon montagnard qui se respecte—car oui, la Suisse est uniquement constituée de montagnes—la fondue est le plat de base du régime helvétique. Parfois accompagné de quelques plaques de chocolat aussi. Le Suisse parle lentement, très lentement. Tellement lentement que l’on s’endort parfois alors qu’il nous raconte une histoire fort passionnante. Mais heureusement, il est poli, et il ne râle pas, contrairement au Français qui en aurait fait toute une histoire, lui. Surtout le Suisse est ponctuel. Terriblement ponctuel. Mais c’est normal, il porte une Rolex, alors il n’a aucune excuse pour être en retard.

Cette rivalité à deux niveaux est donc finalement avant tout fondée sur des idées préconçues. Cependant, il s’avère plutôt difficile, expérience faite, de faire démordre un Suisse de ses idées. Pour lui, un Français reste un Français, avec tous les petits détails affectueux qui lui collent à la peau. Le Français, lui, ne connaît que très peu la Suisse, et n’a donc que ces amusants clichés pour se représenter ce beau pays, alors que le Suisse est quotidiennement abreuvé d’informations sur son voisin. Espérons que pendant la Coupe du Monde, l’un comme l’autre parviendra à oublier toutes ces petites différences, et festoieront comme il se doit la grande messe du football mondial.

Vive le français, vive le sport et vive nous tous. Et allez les Bleus !

H.D

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