Du 12 juin au 13 juillet prochain, le Brésil va vibrer au rythme de la 20e édition de la Coupe du monde de football de la FIFA. Il s’agit d’un évènement gigantesque et un défi de taille. Le bolide sud-américain a donc mis la main à la poche en attendant impatiemment les retombés économiques afin de ne pas envenimer les protestions sociales.
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Organiser un évènement sportif de la taille et de l’importance de la Coupe du monde, coûte cher pour un pays. Le géant sud-américain le sait, ce pourquoi il n’a pas lésiné sur les moyens financiers pour offrir un joyeux spectacle au monde entier durant cette période. Selon certains analystes, la Coupe du monde de 2014 au Brésil est la plus chère de l’histoire. Le gouvernement brésilien aurait déjà atteint les « 15 milliards de dollars de dépenses » pour la réalisation des infrastructures sportives, hôtelières et aéroportuaires, selon le Président du Comité d’organisation, Ricardo Trade.
De huit stades généralement exigés par la FIFA pour l’organisation de cet évènement, le Brésil a réalisé douze dans douze villes différentes, après des négociations avec l’instance dirigeante du football mondial. L’Institut national du tourisme (Embratur) a lui annoncé la disponibilité de 173.000 nouveaux lits d’hôtels pour accueillir les hôtes. Un nouvel aéroport est sorti de terre à Fortaleza, une des villes devant abriter des matchs. A cela, il faut lister la construction de 12 centres de contrôle de la sécurité dans chacune des villes qui sont reliées et qui reçoivent les images en direct depuis les caméras de surveillances installés, et commandés par celui de Brasilia. L’achat de drones pour survoler les enceintes sportives et les lieux de rassemblement, l’affectation de 240 millions de dollars pour louer des tentes, des détecteurs à rayons X et le personnel nécessaire dans les 12 villes hôtes pour fouiller les partisans avant leur rentrée dans les enceintes. Avec ce gros risque pris par l’Etat brésilien, l’objectif est sans doute d’éviter la « catastrophe » subie par l’Afrique du Sud lors de la précédente édition de 2010. Certaines organisations ont fait état des pertes de 3 milliards de dollars pour le pays organisateur au moment où la Fifa empoche l’équivalent en bénéfice.
Il s’agira donc d’empêcher que les lendemains de la Coupe du monde soient perturbés par une ébullition du front social. Ainsi, le gouvernement brésilien a pris les devants depuis la procédure de candidature pour l’organisation de l’évènement. Un ensemble d’actions en faveur du développement local a été envisagé en collaboration avec la Fifa. L’idée est de ne pas se contenter seulement à la construction de beaux stades pour donner un clinquant à la fête dans une marre de souffrance, mais surtout de veiller à ce que la Coupe du monde contribue fortement à la hausse de la croissance.
C’est dans cette perspective que les acteurs locaux dans les 12 villes hôtes ont reçu des formations en développement durable notamment sur la gestion des édifices publiques, que sont les nouvelles infrastructures. L’accent a été mis sur l’aspect environnemental et social. Le Brésil a aussi plaidé auprès de la Fifa dans les clauses de l’organisation de la Coupe du monde, le financement des projets de développement devant avoir un impact direct sur la vie des populations. Profiter de l’avantage de l’organisation de la Coupe du monde pour booster le développement économique et social : voici en quelque sorte l’objectif principal du pays de la Samba. « La vie au-delà de l’évènement », selon les propos du Directeur du Comité d’organisation local, c’est consacrer la gestion et le développement de l’environnement, la sensibilisation à la consommation d’énergie et d’eau, ainsi que de la responsabilité sociale, de l’interaction avec la communauté, des questions d’emploi et des relations au travail. Il y’a aussi l’amélioration de la mobilité urbaine avec les investissements axés sur le développement des pistes cyclables.
Au nom de tous ces efforts consenti, le pays s’attend à ce que la Coupe du monde lui rapporte une croissance de 0.4 % par an jusqu’en 2019. Mais avant ceci, il faudra dans l’urgence veiller au bon déroulement de la fête en contenant les « fauteurs de troubles » qui seront tentés par des manifestations de protestation en sachant que plus de 2 milliards de personnes sont braquées sur leur pays. Ce sera une occasion pour eux de porter un coup dur à l’Etat en exigeant de suite des réponses concrètes à leurs demandes. S’il faut se rappeler de la cessation de travail des éboueurs pendant le dernier Carnaval de Rio pour réclamer des augmentations de salaires, il y’a lieu de mesurer l’importance du défi sécuritaire à relever. L’autre élément non négligeable à tenir en compte est la prestation des « Cariocas » durant la compétition. Depuis 2002, l’équipe « Auriverdes » court derrière sa 6e étoile. Et les déceptions nées des dernières campagnes de l’Equipe brésiliennes en phases finales de la Coupe du monde sont autant de choses qui peuvent pousser à l’intensification des mouvements de protestation, en cas de sortie prématurée du pays de Pelé dans cette compétition.
Tdiang