James Douglas Morrison. The Lizzard King. Mr. Mojo Risin’. Jim Morrison. Une seule et même personne pour un million de vies. Rockstar adulée, poète alcoolisé, cinéaste méprisé, le leader des Doors a été l’un des artistes les plus populaires et les plus influents de la seconde moitié des 60’s. Autant que l’un des plus décriés. Si un jour un homme a vécu, ce pourrait être lui. Portrait d’un homme brûlant dans une peau trop étroite. Photo : web
Né le 8 décembre 1943 à Melbourne en Floride, Jim Morrison a grandi dans un cadre strict, éduqué par un père militaire de carrière. Il passera son enfance à sillonner les États-Unis au gré des affectations paternelles. Quittant très tôt le domicile familial pour commencer ses études, il impressionne son monde de par sa large culture alliée à un brillant esprit philosophique et littéraire. Passionné par le milieu cinématographique, il entreprend à partir de 1964 des études à la faculté de cinéma de l’UCLA, contre l’avis de ses parents. Malgré toute sa motivation, ses films n’enchantent guère que lui et une poignée d’amis, mais certainement pas ses professeurs trouvant son travail fort amateur et dénué de sens.
En 1965, croisant par hasard Ray Manzarek, un ami de l’UCLA, à la plage, ils entament une conversation et en viennent au sujet qui fera leur gloire : le rock. Jim lui fredonne une chanson qu’il a composée, Moonlight Drive. Impressionné par la poésie et la profondeur des paroles écrites par Jim Morrison, Ray, jouant lui-même du piano, décide d’intégrer son ami dans une formation qu’il a lancée avec ses frères. Peu de temps après, les autres membres quittent le groupe et sont remplacés par le batteur John Densmore puis le guitariste Robbie Krieger. La machine est lancée, ils écriront l’Histoire de la musique et The Doors deviendra la légende que l’on connaît aujourd’hui.
Si les Doors ont connu un si franc succès et ont gardé une si grande popularité bien longtemps après la fin du groupe, c’est avant tout grâce à leur chanteur. Jim Morrison était l’un de ces hommes qui incarnent des rêves, qui inspirent et entraînent, qui envoûtent et ensorcellent. Sex-symbol intemporel, emblème d’une génération rebelle, provocateur irraisonnable, il incarnait cette jeunesse égarée qui se cherchait par tous les moyens.
Par ses textes mêlant poésie, psychologie, érotisme, rage et provocation, il avait ce don de toucher les âmes au plus profond d’elles-mêmes. Par son jeu de scène d’une incroyable énergie, d’une sensualité sans pareil, il faisait rêver un public qu’il avait apprivoisé, avec lequel il s’amusait. Entre chaman et serpent, dès lors qu’il montait sur scène, l’homme laissait la place à l’esprit, aux sensations. Se transformant, se transcendant il devenait une icône à aduler, se donnant en spectacle, souvent sous l’emprise de drogue et d’alcool, et les fans devenaient ses fidèles. Par ses excès, il se rendait d’autant plus attirant qu’il s’affranchissait des barrières imposées par les conventions, il devenait un homme libre, allant au delà de la morale et de la bienséance, provoquant, choquant, il dévorait la vie au lieu de la regarder passer. Ses excès le laissaient s’évader de sa peau d’humain en prise au mal-être ambiant, alcool, drogues, sexe et rock n’ roll, voici la vie de Jim Morrison.
Sa carrière fut aussi riche et intense que brève. Brûlant les étapes de l’accession à la célébrité et au culte, avalant la vie comme les bouteilles de whisky, rien ne semblait pouvoir arrêter Jim. Pourtant, la dépression le guette, et ne supportant plus cette célébrité, il se brûle les ailes. L’alcool et la drogue ne sont plus récréatifs, ils deviennent une nécessité, le succès et l’admiration le fatiguent, la musique ne l’inspire plus, ses relations avec le groupe et le public se ternissent, Jim Morrison est éreinté. Il quitte alors les Etats-Unis pour rejoindre la terre sacrée des poètes maudits qu’il admire tant, Paris. Il y retrouve sa compagne de toujours et y passe les derniers mois de sa vie. Le 3 juillet 1971 Jim Morrison nous quitte à l’âge de 27 ans pour retrouver quelques autres légendes aussi immortelles que lui. Les circonstances de sa mort restant non-élucidées, de nombreuses superstitions l’entoureront à jamais.
Le 8 décembre 2013, il aurait fêté ses 70 ans, au lieu de cela, sa mémoire persiste au travers de sa musique, de ses poèmes et de son image. Rockstar parmi tant d’autres, il incarnera à jamais l’esprit même du rock, entre gloire et déchéance, entre concerts gigantesques et immense solitude, entre poésie et provocation, il représente un monde infini et envoûtant que quelques mots ne suffiront jamais à exprimer.
H.D.