Aller simple pour Mars : possibilité ou utopie ?

Pourquoi vouloir se contenter de voyager vers un autre pays, lorsque l’on pourrait partir sur une autre planète ? Le projet Mars One promet d’envoyer les premiers humains sur Mars en 2023. Cette promesse pourra-t-elle vraiment se concrétiser ? Eclairage.

Photo : webJusqu’à maintenant, seuls des robots tels que Curiosity et Opportunity, ont pu toucher le sol de la planète Mars. Pourtant, l’Homme rêve depuis des siècles d’aller vivre sur une autre planète et c’est ce que la société hollandaise Mars One propose de réaliser. En avril 2013, celle-ci a lancé un appel à candidature pour trouver 24 volontaires, prêts à faire un aller simple pour Mars en 2023. Plus de 200’000 candidats ont été comptabilisés à travers le monde, entre avril et août. Les sélectionnés seront séparés en six équipes de quatre personnes et dès 2023, un groupe sera envoyé tous les 2 ans. Toutefois, bien qu’il semble avoir généré une excitation générale, ce projet a également fait de nombreux sceptiques quant à sa faisabilité.

Effectivement, le premier obstacle auquel se heurte ce projet de conquête spatiale est son coût. Selon la société hollandaise, l’envoi de la première équipe sur Mars coûterait au total 6 milliards de dollars. Ce montant semble bien bas, si l’on tient compte du fait que la simple élaboration d’un robot tel que Curiosity s’est élevé à 2 milliards de dollars et pour chaque mission d’Apollo, la Nasa a dû dépenser au moins des billions. Même s’il est vrai que réduire le voyage sur Mars à un aller simple, diminuerait considérablement les coûts, les 6 milliards de dollars prévus semblent peu réalistes. Actuellement, il n’existe aucune fusée capable de faire atterrir un équipage sur la planète Mars. En effet, l’atmosphère martienne ne permet pas de gonfler des parachutes assez rapidement pour ralentir suffisamment un appareil transportant des humains à bord. Ensuite, pour que les astronautes puissent survivre sur cette nouvelle planète, ils doivent disposer de provisions et de matériels qui répondent à tous leurs besoins. Il faudrait alors qu’un vaisseau spatial de très grande envergure les transporte, mais un engin d’une telle masse n’arriverait pas à échapper à la gravitation de la Terre.  Résoudre ces problèmes est possible, mais pour construire de tels appareils, il serait nécessaire de faire plus de recherches et les dépenses dépasseraient alors rapidement les 6 milliards.

Si ces défis technologiques ne semblent pas insurmontables, il faudrait tout de même se pencher sur les risques qu’encourent les astronautes en s’engageant dans une telle mission. Un voyage jusqu’à la planète Mars dure approximativement 6 à 9 mois. En quittant le champ magnétique terrestre, les corps des voyageurs seront sujets à des radiations cosmiques et des rayonnements solaires qui, à long terme, pourraient mettre leur santé en péril. Il serait donc nécessaire de créer un dispositif possédant un champ magnétique comparable à celui de la Terre, capable de les protéger pour toute la durée du trajet. Ensuite, l’absence de pesanteur est également un élément important à prendre en compte, car il cause des effets importants sur le corps de l’être humain, lors de son retour sur Terre. L’Homme n’est jamais resté plus de 14 mois dans l’espace et les symptômes principaux observés, causés par la gravité zéro, sont les suivants : atrophie musculaire, fragilisation des os, affaiblissement du système immunitaire, action sur le système respiratoire et cardio-vasculaire. Après plusieurs mois passés dans l’espace, il est difficile de prévoir quel sera l’impact de l’apesanteur sur les corps des astronautes, en arrivant sur Mars.

L’autre obstacle majeur, que rencontreront les voyageurs, sera les conséquences psychologiques causées par l’isolement. Effectivement, durant plusieurs mois dans le vaisseau spatial, les astronautes se retrouveront face au confinement, à la monotonie du quotidien, à l’absence d’intimité et à d’autres facteurs qui peuvent être destructeurs pour la cohésion de l’équipe et le bon fonctionnement de la mission. Le fait est qu’aucun retour ne sera possible, la Terre ne représentera qu’un petit point bleu et ils seront livrés à eux-mêmes dans un environnement inconnu. C’est pour cette raison que la sélection des membres est décisive pour une telle mission. Pourtant, les seules qualifications que demande Mars One sur son site internet sont : « Les astronautes doivent être intelligents, créatifs, psychologiquement stables et en bonne santé physique », ce qui remet en cause le sérieux de ce projet.

Pour pouvoir envisager la réalisation d’une telle mission, la société Mars One devra investir plus de temps et d’argent pour surmonter les obstacles technologiques et humains auxquels elle sera confrontée. Toutefois, l’exploration spatiale évolue très rapidement et nous pouvons imaginer que le temps que les astronautes se préparent pour leur voyage sans retour, d’autres découvertes majeures seront faites, qui permettront la concrétisation de cette colonisation. Finalement, il est important de garder un regard critique face à ces projets qui font rêver et dont les ambitions ne relèvent parfois que d’une utopie.

DiJ

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