Le pourboire en suisse : est-ce un dû?

Abolis en Suisse depuis 1985, les pourboires sont pourtant monnaie courante dans certains milieux. Avant tout une manière de récompenser un service de qualité, le pourboire est tellement ancré dans notre culture qu’il en devient presque un dû. Ne rien donner ou pire encore, déverser sa petite monnaie sur la table; c’est insinuer que le service est mauvais. Petite mise au point! Photo : web

Comme vous l’aurez compris, le client suisse est complètement libre de laisser ou non un pourboire. Alors, faut-il donner ou pas? À qui? Dans la main ou sur le comptoir? Et combien? Beaucoup d’interrogations pour un problème censé être réglé depuis bientôt 30 ans. Pourtant, bon nombre de personnes continu à être emprunté sur la question; ne connaissant pas les règles de bases et ayant peur de se tromper.

En somme, rien ne vous oblige à laisser un pourboire en Suisse puisque celui-ci est désormais compris dans la note. Cependant, laisser une bonne-main c’est une manière de récompenser un service de qualité et de le différencier de ce fait d’un service moins bon. C’est donc un acte très positif qui encourage et favorise un travail bien fait. Un serveur donnera plus facilement le meilleur de lui s’il se sait remercier à la fin et inversement.

À la question combien? La réponse est simple; ce que vous voulez mais toujours dans un rapport de proportionnalité. Pour un café par exemple, laisser quelques centimes semble correcte. Pour un plat du jour à vingt francs, entre deux et cinq francs et pour un repas de luxe en famille, les sommes sont plus élevées: vingt francs et plus selon les moyens de chacun. Concernant l’hôtellerie, les coiffeurs, les chauffeurs de taxis, ou encore les déménageurs; c’est pareil, tout est une question de proportions. En laissant 10 à 15% de la facture, vous êtes sûr de ne pas vous tromper. Arrondir l’addition peut également être une bonne méthode. Concernant un payement avec la carte de crédit, mieux vaut laisser un pourboire en monnaie car en l’ajoutant sur la quittance de la carte il y a de forte chance pour qu’il ne soit pas bonifié à l’employé. La règle d’or en matière de pourboire; mieux vaut ne rien donner, que de laisser une somme ridiculement basse qui apparaîtra alors comme une véritable insulte au service reçu.

Comment s’y prendre pour que le pourboire soit donné dans les meilleures conditions? Le mieux, c’est de préparer son pourboire un peu en avance pour éviter ainsi de faire poiroter la personne ou pire encore, de se rendre compte qu’on a rien à donner. Remettre le pourboire en main propre c’est s’assurer que c’est bien la personne que l’on remercie qui en bénéficiera et non pas une autre serveuse ou un client malhonnête. De plus, le contact visuel et le sourire, accompagne ce geste de gratification privilégié.

Certaines professions, ou positions hiérarchiques ne peuvent pas être remerciées de cette façon; et ce pour des raisons simples de bienséances. Ainsi, les patrons ne doivent jamais en bénéficier quelque soit leur activité. Au même titre que les sommeliers, chefs de cuisine, médecins, infirmiers, aides soignants, hôtesses de l’air ou encore les fonctionnaires en général. Si vous souhaitez manifester votre reconnaissance à une équipe soignante par exemple; préférez une bonne boîte de chocolat suisse ou de biscuits, accompagné d’une carte de remerciement. Les fêtes de fin d’année peuvent être une bonne occasion de remercier un service bancaire ou autre; qui ne se prête absolument pas au pourboire.

En conclusion, d’une question pourtant toute simple; le pourboire est-il un dû en Suisse? découle une multitude de nuance et d’adaptation possible. Plus qu’un dû, le pourboire constitue un réel héritage culturelle qui perdure malgré les années et son abolissement en 1985. Implanté dans  nos traditions, repris dans notre éducation, le pourboire fait partis de nous et peut ainsi être assimilé à un vrai devoir de citoyen. En somme, un geste généreux, un sourire qui l’accompagne, et un simple merci, redonnant un peu de courage et d’envie de bien faire à ces travailleurs peu gratifiés et dont le travail est le plus souvent pénible et fatiguant. Donner un pourboire par obligation n’est certainement pas la bonne solution. Un geste dépourvu de bonne volonté et apparaissant comme une opération « je me débarrasse de ma petite monnaie » constitue une réelle offense possible. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il faut toujours donner un pourboire. Si vous estimez la prestation mauvaise, le fait de ne rien laisser montrera justement votre mécontentement et motivera peut-être l’employé à faire mieux la prochaine fois. Là est justement tout l’enjeu du pourboire; il permet de singularisé une bonne prestation au détriment d’une mauvaise. Tantôt une façon de montrer sa reconnaissance tantôt un moyen de faire sentir sa déception.

Plus que tout, le pourboire constitue un échange mutuelle entre le client et l’employé; celui-ci donne un service et reçoit de l’argent et le client reçoit un service et donne de l’argent. Ce qui m’amène à cette citation de Julien Green: « Il y a autant de générosité à recevoir qu’à donner ».

C’est ainsi qu’il faut concevoir le pourboire, en un désir de faire plaisir des deux côtés et un retour mutuel de bons services. Pour clore le sujet, admettons que “Plus le sourire est large, plus le pourboire est généreux”. 

LARAGe

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