Le rap est un style musical qui peut parfois prêté à rire, véhiculant toute une série de clichés sexistes, matérialistes et violents. De nos jours, les clips «bling-bling» détaillant des dizaines filles en bikini et de grosses voitures rutilantes sont légion. Heureusement, plusieurs exceptions échappent à la règle, à l’image de Gaël Faye, qui nous propose un rap qui résonne et raisonne encore…
Photo : Alexandre Steudler
Portrait Express :
Gaël Faye est un auteur-compositeur-interprète né en 1982 au Burundi, de l’union de sa mère rwandaise et de son père français. Il vit la plus grande partie de son enfance dans son pays natal, avant que toute la famille ne soit contrainte à l’exil dû à la guerre civile qui oppose les Hutus et les Tutsis. Ainsi, c’est à l’âge de 13 ans que le jeune Gaël débarque en France, où il vivra non loin de la Capitale, dans les Yvelines. Un déracinement qui le marquera profondément.
Très vite, il s’intéresse au monde de la musique et de la poésie, mais se dirige malgré tout dans une formation en économie, qui l’amènera ensuite à travailler durant deux ans à Londres. Lassé par un travail de bureau qui l’étouffe, Gaël Faye revient en France pour se lancer dans la musique. Il y fait la rencontre d’Edgar Sekloka, avec qui il forme le duo : Milk, Coffee & Sugar (MC’S). Ensemble ils parcourront les scènes françaises et affineront leurs styles respectifs sur un album éponyme.
En 2013, il sort son premier album solo : Pili pili sur un croissant au beurre. L’aboutissement d’un projet complexe et complet, qui retrace les grandes étapes de sa vie et évoque ses questionnements concernant le métissage, le déracinement, mais aussi la société de consommation ou encore l’amour. Un album introspectif et profond.
Pili pili sur un croissant au beurre :
L’album s’ouvre sur un air de guitare léger et mélancolique et dès les première secondes, l’auditeur est transporté. Le premier titre : A-France évoque la vie du rappeur au Burundi, son exil en France et son déchirement entre les deux : «Je vit loin de mes rêves, de mes espoirs, de mes espérances, c’est ça qui me tue d’être écartelé entre Afrique et France».
Puis les choses se précisent et Gaël attaque des thèmes aux sonorités plus hip-hop et entraînantes. Il s’enflamme sur : Ma femme, où il déclare sa flamme sur un son résolument underground et puissant. Chaque mot sonne et se marie dans une harmonie splendide : «Accro je suis à cran, c’est la muse de mes écrits, elle a transpercé l’écran, c’est un diamant dans son écrin».
Il enchaîne dans un tout autre registre, avec le titre : Slowoperation, qui propose des sonorités beaucoup plus jazzy. Son flow est toujours vif et précis et parle de ses rêves d’adolescent et de sa lente transformation…
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Viennent ensuite plusieurs titres aux sonorités surprenantes et entraînantes : une invitation au voyage. Puis, la fin de l’album approchant, il nous livre enfin le secret du titre : Pili pili* sur un croissant au beurre. Un titre qui métaphorise la rencontre de son père parti à l’aventure en Afrique et de sa mère rwandaise, réfugiée au Burundi : « En attendant le bus, sous un arbre en fleur, son destin croise celui d’un croissant au beurre».
Collaborations :
Il est à noté que l’album est parsemé de titres enregistrés en collaboration avec des artistes très talentueux et provenant d’horizons différents, comme la chanteuse sénégalaise Julia Sarr, le grand Bonga Kuenda (icône de la musique lusophone) ou encore Ben l’Oncle Soul. Des collaborations qui permettent de faire des titres déjà très bons de l’album, de petites perles.
Pour soutenir les textes écrits par Gaël Faye, Guillaume Poncelet a travaillé sur la plupart des arrangements et a réalisé l’album. Vous le retrouvez également sur scène avec Gaël, où vous aurez sûrement l’occasion d’admirer ses talents de trompettiste.
Ils seront, avec toute leur équipe, au Paléo Festival, le vendredi 26 juillet.
Plus d’infos sur :
– http://yeah.paleo.ch/fr/program#day-4
AST