C’est un jour de promenade dans les rues pentues et peintes de Valparaíso au Chili. La faim menace. La menace de manger dans un restaurant trop chic pour un porte-monnaie de voyageur plane entre les graffitis de la ville. Le hasard met alors sur la route le restaurant Confieso que he comido.
Nom inspiré du titre des mémoires de Pablo Neruda Confieso que he vivido. Découverte de deux plats traditionnels chiliens, interview du chef et idées culinaires pour bien démarrer l’année.
Le ventre réclame de la nourriture après la visite de la merveilleuse maison de Pablo Neruda, la Sebastiana. Ce poète au béret pèse de tout son poids sur l’identité chilienne. Il inspire aussi le nom de ce restaurant posé dans les hauteurs du Museo al Aire Libre sur le Cerro Bellavista. Les murs sont colorés. L’endroit est chic. L’intérieur est vert et de bois. Deux tableaux pendent au-dessus des canapés noirs aux motifs de feuilles blanches.
Toutefois, c’est au fond de la salle à manger que réside la plus belle surprise de ce hasard. En effet, une baie vitrée surplombe la basse-ville et offre une vue imprenable sur les navires de guerres et les cargos amarrés dans le port de Valparaíso. L’Océan Pacifique salue la baie de ses vagues irrégulières alors que le choix se porte enfin vers une entrée traditionnelle de la côte et un plat principal certifié chilien.
Ceviche Confieso
Le service est élégant et attentionné. En effet, les deux serveuses attendent poliment jusqu’à ce que le client soit bien installé avant d’amener la carte. Le timing est excellent. Elles ont un sourire réjouissant. Elles font, de surcroît, se sentir merveilleusement bien. La carte propose ainsi des plats simples tels que des sandwichs tout comme des recettes plus sophistiquées. Le choix de l’entrée se porte évidemment sur un plat aux saveurs océaniques.
L’entrée est dès lors un cerviche. Ce plat qui se mange au long de la côte pacifique de l’Amérique latine. Il se compose traditionnellement de poissons crûs et frais coupés en petits carrés avec quelques lamelles de piments ou de poivrons. Le tout est mariné et trempé dans le jus de citron. Néanmoins, la carte du restaurant va plus loin pour le plus grand bonheur des papilles gustatives. Elle propose ainsi de l’olive, de la papaye et une salsa confieso dont le secret reste bien gardé.
Cancato Santo
L’atmosphère du restaurant est aussi intéressante dans la mesure où le chef cuisine derrière une baie vitrée et garde ainsi un regard curieux sur la réaction des clients. Les gourmands peuvent à leur tour jeter un œil dans la cuisine. Ce qui génère donc une proximité entre les cuisiniers et leurs invités. Provoquant notamment une interaction agréable parfois trop rare dans les restaurants. Derrière ce mur transparent se cuisine dès lors un plat principal osé.
Il est effectivement un mélange surprenant entre le poisson blanc local et un type de viande plus européen. Le congria des eaux de la baie se mélange dès lors au chorizo plus connus pour son tempérament espagnol. Le tout est gratiné par du fromage et mariné dans un bouillon où les tomates, les oignons et l’origan offrent des saveurs à la fois douces et piquantes. C’est un peu Valparaíso dans le palais. Toutefois, le choix d’un poisson plus fort aurait pu donner plus d’équilibre au plat peut-être trop pimenté pour certains.
Cuisine multiculturelle du terroir
Vous l’aurez donc compris, le chef Hernan Tapia aime la cuisine multiculturelle tout comme sa région et surtout ses origines Mapuche. En effet, ils sont les ancêtres de tous les chiliens et avaient comme base alimentaire les patates et les tomates. Deux aliments que le chef tente ainsi de cuisiner en les mélangeant avec des plats plus européens ou même créoles. Il cherche toujours à améliorer le meilleur de la région. Ce qu’il a en effet confirmé lors de la petite discussion accordée autour d’un verre de rouge après le repas.
Par conséquent, Confieso que he comido n’est pas uniquement un clin d’œil au Prix Nobel de littérature chilien. Mais bel et bien un beau résumé de ce qui se cuisine dans ce restaurant s’érigeant face à l’horizon coloré de Valparaíso. Deux plats à la fois évidents et surprenants dont les saveurs en disent suffisamment pour se faire une idée plus précise de la ville aux multiples collines et aux vieux funiculaires. Hernan Tapia vous envoie ses salutations avec deux de ses recettes préférées et simples. Ce qui pourrait vous donner en ce début d’année.
AW
Les 2 recettes faciles et délicieuses sont en téléchargement via ces deux liens :
– Reineta frie avec salade chilienne