L.ch : Quelles étaient tes motivations lorsque tu as commencé à écrire pour larticle.ch ?
Jan Haesler : Je considérais cela comme un bon exercice. Je n’ai pas beaucoup écrit pour larticle.ch, mais tous mes articles étaient au deuxième, voire même troisième, degré. Je voulais écrire quelque-chose qui sorte du cadre de l’ordinaire.
L.ch : Comment as-tu démarré ? Avais-tu déjà écrit auparavant pour un média ?
J.H. : J’étais en deuxième année mais je n’avais aucune expérience journalistique à part les articles rédigés pour les cours. On avait un cours d’histoire des théories de la communication ainsi qu’un autre avec une journaliste du « Temps », qui nous avait appris deux ou trois rudiments. C’était bien de les mettre en pratique.
L.ch : Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours académique?
J. H. : J’ai fait mon Bachelor en journalisme et communication (actuel pilier Sciences de l’information et de la communication), avec anglais et histoire en piliers secondaires. Ensuite j’ai fait une pause en allant à l’armée. Après cela, j’avais soit la possibilité de commencer l’AJM (Académie de Journalisme et Médias de l’Université de Neuchâtel) soit de partir à l’étranger. Un des professeurs, Benoît Grevisse, nous avait parlé de son université à Louvain-la-Neuve, en Belgique. Il n’y a pas de concours d’entrée, donc je m’y suis inscrit. J’avais une forte envie de partir ! J’aurais bien voulu faire les examens d’entrée de l’AJM pour me prouver que je pourrais y arriver mais je n’avais pas le temps entre la fin de l’armée et le délai.
L.ch : Qu’as-tu fait en sortant de l’université et comment en es-tu arrivé à ton poste actuel ?
J.H. : J’ai fini mon master en 2011, j’étais alors vraiment dans l’expectatif, je ne savais pas véritablement ce que j’allais faire. J’ai fait quelques stages en Belgique, mais je n’avais pas d’activité de pigiste et je ne comptais pas rester là-bas. Je partais donc de zéro ! Je suis revenu, j’ai fait des remplacements quelques temps. Un jour ma sœur m’a appelé pour me dire que la RTN (Radio Télévision Neuchâteloise) cherchait du monde. Je n’étais toutefois pas un fervent auditeur de RTN, à part pour les matchs de hockey (rires) ! Je me suis dit que j’allais essayer, mais je dois avouer que je visais un peu plus haut. Je me voyais déjà à Lausanne ou à Genève dans un média national. Finalement, on se rend compte qu’il est essentiel de commencer avec du régional car c’est là qu’on se fait la meilleure expérience.
L.ch : Comment as-tu été embauché ? Comment se sont fait les sélections ?
J. H. : J’ai postulé et ils m’ont convoqué pour faire un examen. Il a fallu s’accrocher ! Je n’avais pas d’expérience radiophonique, excepté mes cours de Master qui donnent beaucoup d’expérience pratique. Ils m’ont installé dans une pièce, me laissant 2 heures et demi pour faire un journal, remplir un questionnaire sur la langue française, un questionnaire de culture générale et rédiger un papier un peu critique. J’ai fait mon journal, en feuilletant les journaux et ensuite il fallait enregistrer le tout ! Finalement, on a eu une petite discussion « débriefing ». Deux semaines plus tard, ils m’ont appelé pour me dire que j’étais engagé.
L.ch : Qu’est ce qui t’a le plus surpris lorsque tu as commencé à travailler comme journaliste ?
J. H. : La charge de travail ! Elle est monstrueuse ! Dans la radio, on est dans l’immédiat, c’est peut-être un peu différent pour la presse écrite. Pour donner un exemple, on arrive le matin, on lis les journaux et regarde les médias pendant une quinzaine de minutes pour voir si l’on n’a pas loupé quelque chose. Ensuite, on se rend en séance de rédaction, on regarde les différents mails reçus annonçant conférences de presse et événements et on se distribue le travail. Une fois qu’on a son sujet, on y travaille. Si la conférence de presse est par exemple le matin, il faut espérer qu’elle ne soit pas trop tard car après il faut encore faire les interviews, rentrer au studio et monter le son et faire son introduction pour le journal de 12h15 ! C’est très stressant ! On est supposé terminer la journée de travail vers 18h15-18h30 mais on est rarement loin avant 19h30 ! Si on choisi ce métier-là, il faut savoir que c’est du stress et beaucoup de travail, mais au moins on ne voit pas la journée passer.
L.ch : Qu’envisages-tu pour le futur ? Où te vois tu dans 5 ou 10 ans?
J.H. : Le média dans lequel je travaille, RTN, est parfois considéré comme une usine à journalistes. De nombreux journalistes sont passés ici à RTN ou dans le groupe (RTN, RFJ, RJB, BNJ et Grrif) et se sont ensuite dirigés vers la RTS radio ou Tv. Le groupe a vraiment la vocation de média formateur. Dans 5 ou 10 ans, je tenterai peut-être une expérience à l’échelle nationale mais je sais qu’avec RTN je suis à très bonne école et que cela ne me posera aucun problème pour la suite.
L.ch : Quel est ton avis sur l’avenir des journaux? Ont-ils encore leur rôle ou sont-ils amenés à disparaître ou à être substitués par d’autres médias ?
J.H. : Je suis très pessimiste pour la presse écrite. Il faut penser qu’on écrit toujours pour le lendemain, ce qui devient délicat au vu de la vitesse à laquelle on peut désormais se procurer l’information. Personnellement, je lis les nouvelles en ligne, afin d’avoir les informations tout de suite. Je recherche plutôt du factuel, je n’ai jamais été très presse engagée ou presse d’opinion. Aimant beaucoup le sport, j’ai toujours beaucoup de plaisir à lire les articles de fond sportif. Selon moi, cela pourrait sauver la presse, surtout les médias régionaux qui sont très proches des clubs locaux et offrent ainsi une plus-value.
L.ch : Que pourrais-tu donner comme conseils aux étudiants qui aspirent au métier de journaliste ?
J.H. : Premièrement, pour ceux qui souhaiteraient travailler dans la radio ou la télé, il est important de s’entraîner à faire des faux journaux ou des faux directs devant son miroir. Il est aussi essentiel de s’enregistrer pour pouvoir écouter sa voix. C’est souvent une torture de l’entendre, il faut apprendre à passer outre. Deuxièmement, il faut aussi relativement gommer son accent (rires !) pour ne pas risquer de se couper d’une partie des auditeurs qui ne s’identifieraient plus. Il est aussi important d’accumuler l’expérience, trouver des places de stage, de travail, bien que ce ne soit pas facile. Que ce soit un média local, régional ou même plus grand, il ne faut pas avoir honte du média ou se dire que l’on pourrait avoir beaucoup mieux mais profiter de l’expérience offerte. C’est toujours bon à prendre et c’est toujours un bagage emmagasiné !
Propos recueillis par Sandra Hildebrandt