Comment les américains choisissent-ils leur nouveau président ? Qu’est ce qui se cache derrière les campagnes électorales ? Que sont les « negative ads » et les « Super pacs » dont tout le monde parle? Colère, mensonges, manipulation, mort…..les campagnes ont beaucoup fait parler d’elles.
Le monde entier retenait son souffle dans l’attente d’un seul homme, le nouveau président des États-Unis. Le 6 novembre 2012, après des mois de campagnes électorales, Barack Obama a été réélu à la présidence face à Mitt Romney. La route menant à la victoire fut longue et surtout très coûteuse pour les gagnants comme les perdants. Cette année les campagnes électorales ont atteint un nouveau sommet d’agressivité avec plus de la moitié des dépenses servant uniquement à attaquer leur adversaire et non pas à se promouvoir eux-mêmes. Mais commençons par le début.
Comment fonctionne le système électoral américain ?
Le système de vote américain est quelque peu différent du nôtre. Une fois que les deux candidats principaux sont élus au sein de leur parti respectif, un représentant des républicains (parti de droite) et un représentant des démocrates (parti de gauche), les différents États se livrent à un vote nommé « populaire ». Ce vote permet de déterminer si un État est majoritairement démocrate ou républicain. Une fois la majorité déterminée, l’État tout entier devient soit républicain soit démocrate.
Chaque État détient un certain nombre de voix nommées électorales qui est déterminé en fonction du nombre de sièges au Congrès que possède chaque État. Le nombre de siège d’un État au Congrès est proportionnel au nombre d’habitants dans ce dernier. Par exemple, la Californie qui est très peuplée a 55 voix alors que Wyoming qui a un nombre d’habitant plus faible n’en a que 3.
La majorité populaire d’un État déterminera donc quel parti remportera ses voix électorales. Le nombre total de voix électorales est de 538. Pour gagner les élections, un candidat doit donc récolter au minimum 270 voix électorales, soit plus de la moitié. Ceci signifie que même si un candidat a la majorité des voix de la population il peut quand même perdre, car ce sont les voix des États qui comptent. Par exemple lors des élections de 2000, Al Gore possédait un plus grand nombre de voix populaires mais Bush avait un plus grand nombre de voix électorales.
Quelles stratégies sont employées pour gagner ?
Il y a des États nommés « solid states » et d’autres nommés « swing states ». Les « solid states » sont ceux qui votent toujours pour le même parti, par exemple la Californie pour les démocrates ou le Texas pour les républicains. Les « swing states » sont seulement une douzaine d’États qui votent parfois pour l’un, parfois pour l’autre parti, par exemple la Floride ou l’Ohio. Les campagnes électorales sont principalement destinées à ces derniers. Les candidats y concentreront leur campagne en faisant des visites pour convaincre les habitants de voter pour eux. La majorité des publicités de chaque candidat visera tout particulièrement ces « swing states ».
La communication avec les électeurs est primordiale pour gagner des votes. Les candidats organisent donc des événements publics comme des rallies ou des discours publics, ils se font de la propagande en distribuant des flyers, en faisant des publicités à travers la télévision, les journaux, la radio et plus récemment en utilisant internet via par exemple les réseaux sociaux Facebook ou encore YouTube.
Un autre phénomène de plus en plus répandu lors des campagnes électorales sont les « negative ads » ou publicités négatives qui, comme leur nom l’indique, sont des publicités qui « attaquent » le candidat adverse. Tout est permis pour discréditer l’adversaire : informations mensongères et fausses, moqueries, insultes. Lors des dernières élections en novembre entre Obama et Romney l’utilisation des « negative ads » a augmenté exponentiellement par rapport aux élections précédentes. Une propagande négative contre Romney qui a fait beaucoup de bruit prétend qu’il aurait indirectement causé la mort par cancer d’une femme parce que son mari avait perdu son assurance maladie suite à la fermeture d’une usine appartenant à Romney. En réalité la femme était décédée 5 ans après la fermeture de l’usine et possédait de surcroît sa propre assurance maladie. Un autre mensonge déjà propagé en 2008 sur Obama concernait son lieu de naissance. Des personnes avaient décrété qu’il ne serait pas né à Hawaï mais au Kenya et malgré la publication récente de son certificat de naissance près de 10% des américains continuent à croire qu’il n’est pas vraiment américain. Ces exemples ne sont que la pointe de l’iceberg. Les candidats eux-mêmes font énormément de fausses déclarations et ils font surtout beaucoup de promesses irréalisables au peuple américain.
Et l’argent dans tout ça ?
Le coût total des campagnes électorales américaines de 2012 serait de presque 6 milliards de dollars ! Soit 2 milliards de dollars de plus que pour les élections de 2008, faisant de cette élection la plus coûteuse jamais vue aux États-Unis. La campagne d’Obama aurait coûté près de 850 millions de dollars à elle seule et celle de Romney environ 750 millions. Mais d’où provient donc tout cet argent ? Le candidat et son parti sont les plus grands pourvoyeurs, le reste provient de donations individuelles et aussi de « Pacs » ou comités d’actions politiques, qui sont des organisations privées qui peuvent faire des dons limités à un candidat ou un parti. Mais depuis 2010, un nouveau phénomène de financement est apparu : les « Super pacs ». Il s’agit ici de comités d’actions politiques indépendants des candidats, mais qui peuvent aider dans le financement de campagnes en faveur d’un candidat et surtout, qui n’ont aucun montant limite imposé contrairement aux « Pacs ». Ce sont essentiellement ces « super pacs » qui sont responsables de la hausse importante des « Negative ads ». Par exemple le « Super pac » républicain « Restore Our Future » aurait dépensé un peu plus de 100 millions de dollars, soit 15% des dépenses totales de la campagne de Mitt Romney. Les « Super pacs » sont très controversés aux États-Unis et très critiqués surtout au vu de dépenses illimitées possibles.
Les élections américaines deviennent de plus en plus coûteuses et de plus en plus guerrières à chaque fois. Au lieu de dépenser des milliards de dollars pour bombarder les américains de propagande négative et de mensonges ne vaudrait-il pas mieux utiliser cet argent à d’autres fins? Avec 6 milliards de dollars, on pourrait rembourser la dette nationale de la Bolivie ou de l’Albanie, ou encore nourrir 33 millions d’enfants dans la corne d’Afrique pendant une année. Dommage que le système des «Super pacs» ne s’y applique pas.
Seka