I Pod, I Pad, I Phone, MacBook, douce farandole de technologie aussi addictive qu’onéreuse. En véritable gourou d’une secte d’initiés (mais pas tant que ça), Steve Jobs a suscité un intérêt parfois maladif chez le consommateur. Enquête sur ce phénomène et les dessous d’une production à la saveur de scandale.
Fondateur de l’emblème à la pomme, Steve jobs a clamé dès son plus jeune âge qu’il aspirait à révolutionner le monde. Mégalomane? C’est en tout cas très avant-gardiste mais d’une légitimité indéniable. L’entreprise pèse aujourd’hui 605 milliards de dollars et la pomme croque le marché informatique mondial à pleine dent.
L’engouement sans précédent que génère Apple est inédit. Le consommateur développe une relation avec son appareil. Nulle métaphore dans ladite relation, des études en neurosciences ont démontré que la zone cérébrale activée, lors de la prise de contact avec son téléphone, est la même que celle des sentiments amoureux. Pensez-y, à combien estimez-vous la valeur de votre Mac ou I phone avec toutes vos informations et contacts? Seriez-vous prêt à le céder contre une coquette somme? La majorité émettrait un refus cinglant mais en même temps, l’amour est-il quantifiable?
C’est là que réside le succès d’Apple, la multinationale vend littéralement du rêve. Ce rêve (ou marketing), consiste en un principe simple : l’identification à son appareil. Apple c’est design, épuré, différent. L’acheteur cherche cette différence, cet anticonformisme. Amusant paradoxe car Apple, maintenant, c’est le conformisme. Le « think different » est désormais obsolète, c’est en « pensant différemment » que l’on pense comme le commun.
Nombreux sont ceux qui encensent la multinationale. Il est même possible de faire une analogie avec la religion tant les disciples de la pomme demeurent fidèles à « une entité supérieure ». Hélas, le consommateur tend à abreuver d’éloges son appareil sans s’interroger sur l’origine de son produit. La problématique principale se révèle être l’éthique inexistante dans la production. Foxconn est un groupe industriel taïwanais principalement basé en Chine. La firme fournit des composants électroniques et assemble les I-phone. Elle joue un rôle capital dans la pérennité d’ Apple. Foxconn est au cœur de maintes polémiques concernant les conditions de travail tyrannique qu’elle impose allègrement à ses un million d’employés en chine. Les journées laborieuses de seize heures sont soldées d’une brève nuit dans les dortoirs de l’entreprise. Une grande proportion des employés rentrent une seule fois par an à l’occasion du nouvel an chinois. Sous cette pression constante, les suicides se sont multipliés. Face à la récurrence du phénomène, comble d’immoralité, la direction de l’entreprise a installé des « filets anti-suicide » sous les fenêtres de l’usine. Officiellement il y a eu 18 tentatives de suicides en trois ans mais officieusement des employés anonymes chiffrent le fléau entre 300 et 400. Trente-sept ont succombé suite à des gaz toxiques inhalés sur le lieu de travail. Il n’est pas rare que les papiers des employés soient confisqués afin de supprimer leur existence légale et ainsi leur imposer des heures supplémentaires. La cessité volontaire d’Apple à l’égard de ces véritables « camps de travail » est affligeante.
Il est donc primordial pour le consommateur d’être conscient de ce que cela implique de cautionner la multinationale américaine. La moralité voudrait que chacun soit empathique et agisse en conséquence mais la réalité différa probablement. Ce sont l’individualisme et le confort personnel qui conditionneront la réaction du consommateur face à cette « prise de conscience » qui sera probablement le déni à défaut du boycott. A la décharge de l’adepte Apple, le pouvoir du conformisme est puissant, pourquoi devoir s’insurger si son voisin a le droit à « l’ignorance »?
DiMa