En entrant dans la galerie, le visiteur est de suite mis au parfum, un Christ géant se trouve allongé au sol, le drapeau gay à ses côtés. Puis en guise d’introduction, une série de portraits se trouve sur le mur avec différents avis sur la question de l’éventuelle homosexualité du Christ. Au cœur même de l’exposition, on découvre le travail de quatre artistes (Grégoire Dufaux, Edwige Fouvry, David Morel et Guy Oberson). La question est alors traitée de différentes manières. Certains tableaux sont très sombres, d’autres provocants ou encore ironiques. Le corps du Christ est nu, représentation rare dans l’univers de l’art. On lui prête une liaison avec Judas, en référence à la trahison du baiser. Au centre de l’exposition, une sculpture montre le Christ dans une cage, libéré de ses chaines. Dans les diverses interprétations de l’homosexualité du Christ, on retrouve un trait commun à chaque œuvre : la souffrance.
La souffrance est au centre même de l’exposition. La question de l’homosexualité soulève un problème de société majeur. Selon une étude, environ 10% de la société serait de « l’autre bord ». Un autre chiffre démontre bien la réticence face à l’homosexualité, qui peut encore causer des problèmes sérieux. 750 iraquiens ont été assassinés l’année passée à cause de leurs préférences sexuelles. Selon une étude scientifique, on serait homosexuel depuis la naissance. Dieu et son fils étant responsables de cela, ils sont donc censés l’accepter. Alors pourquoi Jésus ne serait-il pas attiré par les hommes? L’homosexualité reste toujours un phénomène mal perçu dans notre monde où la différence provoque beaucoup de solitude.
En traitant d’un sujet tel que l’homosexualité, on voit forcément le péché de la sexualité. Depuis toujours, le corps et le sexe sont des sujets très problématiques. Ils choquent, gênent. N’ayons pas peur des mots, le sujet est tabou ! On ne mêle pas religion et sexualité ! Il ne faut pas oublier que dans notre société, Dieu est représenté comme un homme et qu’il en a donc le corps et les questionnements qui l’accompagnent.
L’exposition dénonce certaines valeurs, et la chute de celles-ci. Elle propose ouvertement de se libérer, d’aller au-delà, il faut mener un combat pour pouvoir faire accepter les différences. Le Christ pourrait être une icône gay car il représente lui aussi la violence qu’on inflige aux minorités différentes. Une belle évolution que l’exposition pourrait susciter serait qu’en permettant au Christ d’être gay, on permettrait à tout le monde de l’être. La société deviendrait alors moins castratrice. L’art est un média très intéressant dans la mesure où il permet tout simplement de faire avancer les mentalités par le questionnement qu’il apporte et le choc qu’il provoque parfois. Le visiteur est interpellé, voire interloqué, par les œuvres exposées. A lui d’interpréter, doit-il y voir de la douceur, de l’amour, un lâcher-prise ou au contraire du blasphème ?
Christian Egger, le galeriste, a reçu des menaces suite à son exposition et il avoue qu’il n’aurait pas osé monter cette exposition sur terre catholique. Par contre, il soulève que ces réactions violentes ne viennent que d’une minorité et qu’il n’y a pas d’intérêt à leur donner trop d’importance. Dans l’ensemble, les gens réagissent relativement bien à cette exposition.
L’exposition soulève une autre question, toute simple, pourquoi sommes-nous choqués ?
L’exposition est à voir jusqu’au 12 mai, à la galerie C (esplanade L.- Robert 1 2000 Neuchâtel).
BiAx