Médecine douce : pourquoi pas?

 

Issue de méthodes variées allant de l’acupuncture à la luminothérapie et aussi bien anciennes de plus de 5000 ans que plus modernes, la médecine douce, sous ses diverses appellations, englobe une multitudes de techniques que l’on considère souvent comme « non conventionnelles » en occident. Celles-ci proposent de stimuler les sens et les énergies vitales afin d’harmoniser corps et esprit par des techniques naturelles ou souvent issues de traditions indiennes ou chinoises.

Ces techniques répandues en Suisse font la controverse auprès des médecins et leur rôle et intérêt n’est pas toujours bien compris.

Réflexion avec Rosita Balbo, réflexologue, masseuse thérapeutique, et maître Reiki, également formée en aromathérapie, à Genève :

Larticle.ch : Comment définiriez-vous la médecine douce par rapport à la médecine conventionnelle ?

Rosita Balbo : La médecine conventionnelle suit un protocole : on prend rendez-vous chez le médecin qui établira un bilan et prescrira ou non des médicaments. Elle se base sur la recherche scientifique et est synthétique. Un médecin n’entre généralement pas dans le domaine de l’émotionnel ou n’a pas toujours le temps de se concentrer sur les petites blessures, les tracas ou le mal-être moral de ses patients (ils sont souvent débordés et leur temps de consultation est minuté). On peut donc parler de prescription plutôt que de discussion.

Les traitements par la médecine naturelle soignent sur le plan physique, sur le plan émotionnel et psychique. Ils se basent sur un bilan, comme dans la médecine conventionnelle, et sur l’écoute de la personne et de son vécu. En effet, celui-ci peut avoir une influence sur son état actuel. Le fait que le patient puisse discuter et exprimer tout ce qu’il a à exprimer fait qu’il se sent écouté, pris en charge, qu’il peut comprendre là où il a une carence et participer à la combler de façon active. Nous ne faisons cependant pas de psychologie proprement dite car nous ne sommes pas formés pour cela.

L.ch : On dit souvent que la médecine douce ne peut pas remplacer la médecine conventionnelle et guérir des maladies à elle seule. Qu’en pensez-vous ?

R.B. : Tout dépend des maladies : la médecine douce ou naturelle ne va pas, par exemple, guérir un cancer mais elle accompagne le traitement et la personne.

Parfois, il y a simplement un blocage dans une maladie, comme les indigestions chroniques par exemple. Dans ce cas, la médecine naturelle peut suffire.

L.ch : Que recherchent alors vos patients ?

R.B. : Les gens viennent dans notre cabinet pour découvrir autre chose que la médecine traditionnelle, pour être reçus et touchés différemment aussi. Dans le cas d’un cancer, nombreux sont les patients qui m’ont dit : « Cela fait du bien d’être touché autrement que comme un bout de viande ». Ils recherchent donc une dimension humaine de la santé.

On évolue également dans une société où il faut être productif,  être constamment en mouvement et à un certain moment, le corps se fatigue. On n’a pas le temps de se retrouver avec soi-même alors que c’est souvent ce qu’on recherche. La médecine douce permet aux patients d’avoir régulièrement un moment pour eux, aussi parce qu’elle prend le temps qu’il faut pour produire ses effets.

L.ch : Certains médicaments issus de la médecine conventionnelle engendrent parfois des effets secondaires ou des dangers. Est-ce le cas pour certaines  de vos techniques ?

R.B. : Le phénomène de crise thérapeutique existe. D’où l’importance du bilan de santé qui nous permet de juger ce que la personne peut accueillir ou pas. Dans le cas du massage, si un patient est fragile, on ne va pas tout de suite essayer de débloquer toutes les tensions, on attendra la deuxième séance afin de voir comment il réagit à notre traitement.

En aromathérapie aussi, on ne peut pas faire n’importe quoi. Dans ce cabinet, on utilise principalement les huiles essentielles en aide au massage et certaines huiles détendent, soignent ou aident à digérer beaucoup plus que d’autres. Des connaissances précises sur les essences sont donc nécessaires pour qu’elles aient une réelle efficacité et aussi parce que ce sont des produits très forts.

L.ch : Comment expliquer que certains médecins ne voient en la médecine douce qu’un ensemble de techniques inutiles et que d’autres la considère comme un indispensable complément à la médecine conventionnelle ?

R.B. : Peu de médecins travaillent avec la médecine douce ; peut-être par scepticisme. Ils n’ont pas assez confiance en la médecine naturelle. Mais avant Louis Pasteur, comment pensez-vous que les gens se soignaient ?

On ne se laisse plus le temps de combattre une maladie, de récupérer, et pour cette raison aussi, la médecine traditionnelle a beaucoup dénigré la médecine naturelle qu’elle ne considère pas assez efficace.

Les médecins qui sont plus ouverts font souvent d’abord l’essai de ces techniques sur eux-mêmes et peuvent en constater les bienfaits.

L.ch : Les très nombreuses techniques de la médecine douce se complètent-elles ou en connaissez vous qui soient contradictoires, voire peu fiables ?

R.B. : Des charlatans, il y en a partout. Partout on trouve des gens qui ne sont pas honnêtes et qui déclarent que leur technique est la « technique miracle ». Je n’ai personnellement encore jamais eu affaire à ce cas.

En règle générale, les techniques naturelles sont complémentaires les unes aux autres. Dans mes recherches, j’ai pu voir que les médecines douces fonctionnent comme un puzzle. Une technique en amène une autre qui sera peut-être complémentaire à une autre. C’est pour cette raison que les thérapeutes essayent aussi d’acquérir plusieurs techniques. En plus de fidéliser la clientèle, cette variété des techniques nous offrent la possibilité de combiner celles qui nous intéressent et d’aller toujours plus loin dans la pratique de la médecine naturelle.

Propos recueillis par Luna de Araujo


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