Auvernier. Joli petit village de vignerons perché sur les hauteurs du lac de Neuchâtel. Auvernier, c’est aussi depuis 2009, le lieu de rencontre et de partage pour tous les amoureux du jazz, une musique bien particulière qui, grâce à sa grande liberté d’improviser les mélodies selon la couleur locale, a fini de conquérir les gens d’origine diverse et d’âges axiologiquement variables.
Nous avons recueilli l’avis de quelques personnes. La majorité est jeune, ce qui renseigne sur le caractère branché car loin du stéréotype de musique d’élites âgées, le jazz actuel dégage des parfums printaniers à travers la jeunesse et la modernité.
Jean-Paul est ivoirien et étudiant en master d’hydrogéologie à l’Unine et pour lui le jazz, c’est un engouement personnel par le biais du contact sporadique avec le piano qui l’a initié à l’amour de cette mélodie. Musique expressive, il souligne en ce sens « Le jazz est une musique d’inspiration née de la révolution afro-américaine. C’est une musique combattive et dotée d’une certaine coloration à travers la diversité d’instruments et la mélodie, ce qui fait qu’elle me parle bcp. Loin d’être retro, la thématique ainsi que les mélodies abordées sont adaptées et réadaptées au contexte actuel. Je trouve que c’est une musique hybride dans le sens que l’improvisation typique des musiques africaines a convolé avec la musique européenne classique et codifiée en lui empruntant sa mélodie et son harmonie. ».
Paul est également étudiant et d’origine française, d’abord séduit par la mélodie acoustique avant de prêter une attention particulière aux paroles, le jazz lui permet de se retrouver dans son environnement familial et dans son passe temps favori, la musique. Il raconte « Moi, je suis musicien, j’ai donc appris à connaitre le jazz à travers mes parents qui évoluent également dans ce domaine. Pour le comprendre et l’aimer, Il faut certes s’y intéresser au préalable parce que c’est une musique quelque peu hermétique, c’est-à-dire réservé aux initiés et aux personnes baignant dans cet environnement. Par ailleurs, j’aime beaucoup l’énergie qu’elle dégage. L’interaction entre musicien et ensuite l’interaction avec le public fondent la particularité du jazz en tant que genre musical émergeant localement. L’improvisation et la création personnelle sont autant d’atouts qui me séduisent singulièrement et c’est loin d’être démodé chacun peut se l’approprier différemment en fonction de sa sensibiliser. Django Reinhardt est un guitariste hors pair qui, grâce à son style profondément original, entre Jazz et musique Tzigane, a depuis lors développé son concept en un genre musical à part entière, le Jazz manouche. A noter que le jazz a quand même évolué vers une certaine codification ce qui permet aux artistes provenant de différents continents de travailler ensemble. »
Quant à Sylvain, préparant une thèse de doctorat en droit médical, jeune et débranché du jazz, il admet deux choses : d’une part sa méconnaissance totale sur cette musique et d’autre part, à l’instar des autres genres musicaux, l’incapacité latente du jazz de faire vibrer son être. Ainsi donc, il avoue en ces termes « Je ne sais rien du jazz. Je l’ai écouté quelque fois et ce ne m’a pas plu. Je passerai mon chemin devant une manifestation de jazz, à condition que le musicien soit en train de faire d’autres choses telles que les mimiques, les grimaces. J’estime que c’est un style démodé avec une lenteur dans l’exécution de la mélodie ; raison pour laquelle elle ne me fait pas vibrer. Me concernant, je trouve que c’est de la vieille musique, mais attention j’écoute de la vieille musique et je sais l’apprécier, mais le style du jazz ne me plait pas. A à la rigueur, les paroles, les thèmes traités pourraient me plaire, mais la cadence en termes de monotonie ne me pousse pas à m y intéresser.
Et enfin, suissesse, étudiante à l’école de jazz à Lausanne et participant à l’AJF pour la deuxième année consécutive, Marie ne cache pas son engouement et tout le plaisir qui l’anime. Celle qui suit de près l’évolution de ce festival trouve que « c’est hyper accueillant avec une bonne programmation. Ca évolue assez bien. J’aime beaucoup le jazz car il fait énormément la place à l’improvisation, c’est une musique stimulante et qui laisse le choix aux artistes de créer sur l’instant par rapport à ce qu’ils ressentent. Je suis une fanatique, une inconditionnelle du jazz dans le sens que j’aime assister aux spectacles celui de Cully par exemple, de Verbier, de Montreux mais auquel j ai pas été cette fois ci. Et actuellement je suis ici à Auvernier avec un grand bonheur. La programmation est basée sur des artistes montants. En prenant le risque d’inviter des artistes novices, les initiateurs ont certes conscience du choix délibéré qu’ils prennent, cependant et de toute façon le jazz ce n’est pas un spectacle grand public, alors on a une manifestation à visage humain »
Nous aurons compris qu’à l’orée de ce siècle, le jazz a conquis des cœurs, peu importe l’origine, peu importe le sexe. La nature ne donne que ce qu’elle a, le jazz ce qu’il peut et l’AJF pour conclure a su procurer à ses nombreux spectateurs des émotions saines et des moments sensationnels. Vivement 2012, ardent souhait de chacun.Apsa.