Festi’neuch : vendredi découverte…

Et si l’on parlait de talents régionaux ! Deux interviews, deux visions artistiques bien définies et la certitude d’avoir rencontré des artistes qui méritent une attention toute particulière pour leur sincérité de composition, leur plaisir de partager et leur besoin de s’exprimer. Deux coups de cœur qu’il faut savourer sans limites.

Quartier Bon Son

C’est en ouverture du vendredi soir que ce collectif explosif de Saint-Aubin a enflammé la scène Lacustre. Un groupe, trois potes passionnés pour un hip-hop Hors du Temps comme le précise très bien le titre de leur dernier album. Et c’est autour d’une bière, le mercredi suivant le festival, après le travail, à l’heure de la détente qu’ils ont accepté d’être interviewés.

Quartier Bon Son c’est avant tout deux plumes, Robin Hood et Sagres, et « un beatmaker, un compositeur », Saidesh, comme le rappelle Sagres lors de notre entretien. Ce dernier a ajouté que la rencontre remonte à « une dizaine d’année » alors qu’ils étaient à l’époque « une vingtaine de mc’s de la région à se retrouver régulièrement dans des studios pour des sessions freestyle. » Pour Robin Hood, il est important d’entretenir ce noyau dur « complémentaire » car « chacun apporte sa révolution à son échelle » et permet ainsi au collectif de faire exploser de nombreuses influences autant en studio que sur scène. Les deux mc’s disent plus particulièrement aimer « le rap français pour les textes et le rap américain pour les productions». Robin Hood a plongé dans le mouvement hip-hop en dansant avant de rapper, ses  « premiers break c’était sur du Wu-Tang, du IAM ». Ces deux groupes sont certainement un lien fort pour Quartier Bon Son. Sagres dit en effet : «c’est cette écriture marseillaise qui m’a mis cette « grosse baffe » et puis la musicalité nouvelle qui venait des Etats-Unis à l’époque. » Il se souvient encore : « si le rap se résumait alors au Wu ça me suffisait. » Robin Hood, qui a notamment joué du saxophone, ajoute enfin que « l’important c’est la fibre musicale ». La musicalité des productions de Saidesh est en effet survolée par deux flows acérés. Robin Hood n’arrête plus le freestyle inspiré lorsqu’il le commence et Sagres écrit un texte merveilleux au dernier moment. Bref, la créativité qui explose !

Finalement ces amoureux d’un hip-hop  « fat », « très simple, très sobre, très brut » et amateurs de la « magie du sampler » méritent donc une écoute attentive. Hors du Temps parce qu’ils sont justement « loin de ce rap commercial, hors de leur temps » et parce qu’ils passent « des nuits entières, du temps à ne plus regarder l’heure » comme Sagres le conclut très bien. Quartier Bon Son c’est un collectif qui crée du nouveau en s’inspirant du passé. Mais c’est surtout de l’amitié, de l’énergie positive et de l’explosivité ; une bonne fin de soirée quoi !

Myspace : http://www.myspace.com/quartierbonson

Trip In

Trip In c’est une rencontre entre deux artistes talentueux de la région nyonnaise: Nadir Mokdad (textes, voix) et Maxime Steiner (compositions, arrangements). Bien plus que du rap ou du slam, c’est l’harmonie illimitée entre deux univers qui respirent la générosité et la sincérité. Mais surtout la passion des mots soignés qui sont habillés par de bons musiciens. La spontanéité d’une interview où le partage est partout.

Le titre de leur dernier album, Tomber les masques, parle d’ailleurs par lui-même. Trip In c’est la simple sincérité comme mot d’ordre. C’est ainsi que Maxime se « considère comme un musicien dans le sens large du terme » car il dit « jouer de tout et jouer de rien en poussant l’instrument à la limite de ce que j’ai besoin» Cette liberté évidente et artistique se retrouve aussi dans les mots de Nadir qui « intègre beaucoup de choses et puis après, j’aime dire que je vomis tout ça. » Il reprend ensuite la métaphore avec un sourire en assurant que « c’est un beau vomi. » La passion de la musique et des rencontres se lit dans les regards des interviewés. Maxime précise alors que « les rencontres c’est le moteur de pleins de choses. » Trip In est d’ailleurs une rencontre de deux mondes qui se complètent à merveille. Ceci s’illustre naturellement par leur manière d’écrire un morceau. Nadir explique qu’il « apporte un texte et puis Maxime va mettre en musique, va essayer d’habiller au mieux le texte pour le mettre en valeur. » S’ajoute à cet attachement au mot une grande ouverture d’esprit comme le remarque Maxime qui dit pouvoir « écouter Anouar Brahem et m’envoler » ou alors « un gros tube de rap et m’envoler aussi. » Nadir, quant à lui, dit avoir grandit avec Nougaro, Brel, Brassens ou encore Barbara (Le temps des lilas est d’ailleurs un hommage à la dame en noir) mais il a aussi écouté beaucoup de rap. Toutes ces influences forment la diversité musicale de Trip In qui prend toute son envergure en live où le groupe s’éclate. Nadir résume cet amour de la scène avec cette sublime formule : «On entend la scène, mais derrière la scène il y a aussi le voyage. Il y a aussi rencontrer des gens. »

Au final, Trip In poursuivent une route créative sans limites, voyagent, s’en vont en mots ou en musiques à la rencontre du public, sans faux semblants, en toute sincérité. Quand on évoque l’avenir, Nadir dit vouloir « se faire plaisir et faire plaisir » et Maxime c’est « tout comme Nadir ! » Une complicité qui impressionne ! Ainsi, ils embarquent des passagers dans un univers musical soigné, frais, conscient. Ils tombent les masques pour livrer des impulsions humaines sans se prendre la tête, en toute simplicité, avec générosité et sensibilité. Deux passionnés, deux bricoleurs et un bus dans lequel on veut absolument entrer.
AW
Site officiel : http://www.tripin.ch/

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