Amour, magie et rêve

Viviana von Allmen
Au théâtre on va rêver, et qui est plus à même que Shakespeare de nous faire entrer dans un songe les yeux grands ouverts ?
Lundi 20 novembre, au Théâtre Palace de Bienne, les Spectacles français ont présenté« Le Songe d’une nuit d’été » de Williams Shakespeare, traduction de Jean-Michel Déprats et mise en scène de Anne-Cécile Moser.
Le « Songe » est un pur divertissement, aussi éphémère que le sentiment amoureux peut parfois être, c’est ce que semble nous dire Shakespeare : une idée essentielle que la mise en scène colorée et audacieuse de Anne-Cécile Moser explore plutôt bien, capturant avec finesse l’élan amoureux, les interrogations du texte, ainsi que les ambivalences des univers que le dramaturge fait converger.
Hermia et Lysandre, Héléna et Démétrius, quatre jeunes amants à la recherche l’un de l’autre, émouvants et burlesques, amoureux de l’amour, aveuglés par lui jusqu’au moment où une fleur magique leur permet de voir par d’autres yeux.
Leur monde est régi par les lois d’Athènes qui perpétuent un ordre patriarcal dans lequel une fille doit épouser l’homme que son père a choisi pour elle, sous peine, si elle refuse, d’être exécutée.
Tout près de la cité, dans la forêt, un autre monde coexiste, celui de la féerie. Emportés par les rythmes d’un tango, Titania et Obéron, la reine et le roi des fées, s’y livrent un combat qui met en jeu domination, possession et sensualité.
Ce monde mystérieux est dangereux pour les êtres humains, lorsque les personnages de la cité ont l’imprudence d’entrer dans la forêt alors même que la lutte entre le roi et la reine des fées se poursuit. Là ils ont rencontrer Puck, serviteur joueur d’Obéron. Puck a l’intelligence du diable, et est un démon du mouvement, arlequin maléfique d’inspiration moyen-âgeuse. Par des sortilèges, il fera vivre à ces humains une nuit si incroyable qu’ils ne parviendront pas à déterminer si leurs aventures furent réelles ou s’il ne s’agissait que d’un songe étrange.
Dans la nuit et à travers le songe, les humains peuvent approcher leur inconscient et l’essence de leur désir. Après cette nuit incroyable, l’ordre est rétabli, Titania et Obéron sont réconciliés, et le mariage du duc et de la duchesse sera aussi celui des deux couples d’amants apaisés.
L’art, comme l’amour, a la capacité de tout transfigurer et Shakespeare a sans doute voulu cette pièce ainsi, comme pour nous donner une illustration de son art, tout entier dominé par la puissance de l’imagination, entièrement voué à la création de l’illusion, illusion dramatique et illusion amoureuse.
La pièce un moment exceptionnel de gaieté, où paillardises et comique se côtoient.
V.vA

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