par Alexandre Steudler
Voilà un drôle de mot que vous n’avez peut-être jamais entendu mais qui vous a sûrement déjà touché à un moment donné de votre parcours académique. En effet, cette « tendance pathologique à tout remettre à plus tard» concerne le plus souvent les étudiants.
C’est une expérience que tous les étudiants ont déjà vécue au moins une fois. En se levant de bonne heure le dimanche matin pour cause de mauvaise conscience, on se dit : «Bon cette fois, je m’y mets!» Oui mais voilà, le problème c’est que ça fait déjà trois semaines qu’on se dit qu’il faut s’y mettre et d’un autre côté, il y a la poussière à faire, le bureau à ranger, la télé à regarder… enfin bref, tout sauf «Ça!» ,pour reprendre le fameux terme du romancier Stephen King.
«Ça!», c’est le travail à rendre, l’examen à répéter ou encore l’exposé à préparer, avec une échéance qui ne cesse de se rapprocher doucement, mais sûrement. Alors pourquoi sommes-nous sujet à ce drôle de comportement? Quels sont les mécanismes sous-jacents qui nous poussent à nous conduire de la sorte? Et surtout, est-ce un phénomène récent ou concernait-il déjà les étudiants du siècle passé?
Selon la plupart des théories, la procrastination serait un effet dû à la peur de l’échec. De ce fait, plus la pression exercée sur l’étudiant par les proches et les professeurs serait grande, plus il serait sujet à la procrastination. Pour ma part, même si je me doute que mes parents ont certaines attentes concernant ma réussite, je ne ressens pas de grosse pression concernant mes études. Cependant, ça ne m’empêche pas de repousser sans cesse le début du travail à effectuer, allant même jusqu’à rendre des travaux hors des délais (faute avouée à moitié pardonnée).
Alors on peut se demander si ce syndrome n’est pas le résultat de nos sociétés contemporaines? Comme on peut le voir, nos sociétés ont tendance à vouloir travailler toujours moins pour gagner toujours plus. Au point que, lorsqu’on explique que la retraite en France passera de 60 à 62 ans (65 à 67 selon les situations) des millions de personnes se mobilisent et une sorte de «deuxième révolution française» éclate.
On constate donc aisément que nous sommes passés d’une «société de travail» résultante des mauvaises conditions de vie et des salaires misérables qui ne permettaient guère autre chose que de manger, à une «société de loisirs» où le temps libre est primordial et l’argent nécessaire pour financer les diverses activités. Pour caricaturer, on pourrait dire qu’avant on travaillait pour se nourrir alors qu’aujourd’hui, on travaille pour se faire plaisir.
Dans cet ordre d’idée, nous sommes donc assaillit par une multitude de loisirs divers et variés, qui augmentent notre tendance à trouver le travail académique rébarbatif et ennuyeux. Cela nous amène donc à repousser les «mauvais moments» à passer pour réaliser un travail, au profit des «bons moments» passés à s’amuser. Ce qui ne signifie pas que nous ne travaillons pas, mais nous travaillons le plus tard possible, augmentant ainsi la pression et le stress au moment de fournir l’effort demandé. Cette tension ainsi installée peut s’avérer bénéfique pour certains et néfaste pour d’autres.
Pour conclure, je dirais que la procrastination n’est pas dramatique en soi. Certes, elle a peut-être mené certains étudiants à l’échec. Cependant, il me semble que pour la plupart des gens, elle est un moyen de travailler sous pression, afin de fournir un meilleur travail, tout en profitant au maximum du temps libre à disposition. On pourrait donc dire que la procrastination n’est qu’un effet de l’adaptation des habitudes de travail, à la société dans laquelle nous vivons. Mesdames et Messieurs les professeurs, je vous invite donc à raccourcir les délais que vous avez l’habitude de donner pour rendre les travaux, afin de diminuer le nombre de procrastinateurs!