Paléomythique

Qui dit période estivale, dit période des festivals! La Suisse Romande regorge d’événements musicaux des plus variés. A travers ce foisonnement culturel, il en reste un qui se démarque d’année en année: le Paléo Festival de Nyon.

Plus de 230’000 spectateurs, 176 concerts et animations pour la 35ème édition. Le succès du Paléo ne se dément plus. Ne serait-ce que les billets qui s’envolent en quelques heures ou la plaine de l’Asse recouverte d’une marée humaine grouillante lors de chaque soirée. Toutefois, je doute que ces chiffres puissent réellement retraduire l’ambiance qui caractérise l’événement nyonnais.

En effet, le Paléo c’est surtout une programmation variée. Alors que beaucoup semblaient déçus par un programme en demi-teinte avec le retour d’artistes ayant pratiquement plantés leur tente depuis quelques années (Indochine pour ne citer qu’eux), le millésime 2010 a su se faire découvrir. Les spectateurs ont eu droit aux guitares acides de Motörhead et à la vivacité de Iggy and the Stooges qui, non content d’envoyer du rock à fond les enceintes, ont fait monter une troupe déchainée de fans sur scène avec pour mission, je cite: « Destroy everything motherf****r ». Pour la poésie, on repassera, mais il faut reconnaître que le spectacle était assuré!
Toujours dans la catégorie monstres d’anthologie, impossible d’oublier la remarquable performance du rock folk de Crosby, Stills & Nash. Les nostalgiques de Woodstock étaient au rendez-vous et les plus jeunes ont pu découvrir les harmonies vocales du trio décidemment encore bien affuté 40 ans après. Autre retour source, celui du projet d’Inna de Yard. Distillant un reggae roots accoustique d’une finesse remarquable à l’heure du ragga brutal sans concession, le collectif peut se targuer de réunir de véritables piliers du mouvement musical jamaïcain. Linval Thompson, Junior Murvin, Cedric Congo Myton ou encore Earl Chinna Smith, guitariste légendaire qui a joué pour les grands noms du reggae comme Jimmy Cliff, Peter Tosh et Bob Marley. Alors que l’on risque d’assister à de véritables batailles d’ego sur scène avec tant d’artistes différents et talentueux, Inna de Yard réussi le pari de profiter des synergies de chacun. Au final, une paranthèse musicale reggae dynamique et variée a soufflé sous le chapiteau de Paléo. Ce dernier a d’ailleurs pu accueillir Mr. Oizo et sa musique électronique électrisante qui a su faire vibrer un public conquis par ses succès comme Flat Beat.

La liste pourrait s’étendre encore et encore pour démontrer l’aspect éclectique de Paléo qui accueillait cette année des artistes d’Afrique australe ravis de partager leur musique, leurs rythmiques et leur bonne humeur. Entre les mamas des Mahotella Queens et leurs chants sud-africains ou le fabuleux Staff Benda Bilili dont les musiciens, bien qu’atteints de la poliomyélite, réussissent à déchainer les foules venues découvrir les musiques d’ailleurs. Car c’est bien ça le Paléo, une découverte de chaque instant. Qu’elle soit musicale, humaine ou encore gastronomique, on ne cesse de se laisser entrainer par un son inconnu ou un panini au chèvre et miel. Ainsi, le Paléo s’impose comme un festival majeur d’Europe de l’ouest. Soulignons par ailleurs l’important travail réalisé au niveau de l’écologie. Consommant de l’énergie dite verte, recyclant ses déchets, favorisant l’accès avec les transports en commun, le festival tente de minimiser au maximum son impact sur l’environnement en s’appuyant notamment sur sa fidèle équipe de bénévoles (environ 4’300 tout de même!) pour offrir un terrain propre et agréable.
Finalement, ce qui fait la force du Paléo, c’est que l’on soit une famille, des amis de tout âge, des amateurs de rock ou d’autres genres, le festival a toujours quelque chose à proposer à son public. Si vous y étiez, gardez ces souvenirs bien au chaud. Sinon, vous n’avez plus d’excuses pour l’année prochaine.
MAG

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