Le 7 avril à 10h30, un spectacle peu commun a conquis le ciel de Payerne devant les yeux ébahis des habitants du canton de Vaud et les médias venus de toute l’Europe. Propulsé uniquement par l’énergie du soleil, un gigantesque avion de 63 mètres d’envergure a quitté les pistes pour un vol de 87 minutes atteignant les 1.200 mètres d’altitude. Un soupir de satisfaction pour l’équipe de Bertrand Picard qui ambitionne un tour du monde à son bord pour 2012.
Qui aurait pu prédire que le soleil nous ferait voler ? Les 25 spécialistes œuvrant depuis 7 ans sur le projet Solar impulse voient enfin le fruit de leur travail prendre son envol. Un avion écologique capable de se déplacer à la seule force des rayons solaires, c’est du jamais vu ! Poussé par ses quatre moteurs électriques d’une puissance de 10 chevaux chacun, l’engin s’est élevé lentement dans les airs, sous les commandes de l’allemand Markus Scherdel. Son énergie lui provient des batteries électriques rechargeables en vol grâce aux 11.628 cellules photovoltaïques captant les rayons solaires.
Un défi de maître
Le président de cette aventure n’est autre que Bertrand Piccard, « le savanturier » suisse qui a le premier réalisé un tour du monde en ballon. Satisfait de cet exploit qui s’est déroulé sans accident, il avoue cependant que le chemin est encore long avant de pouvoir réaliser son projet de tour du monde. Effectivement, ce n’est pas encore gagner… Encore faut-il que l’engin parvienne à voler de nuit. Le prochain défi à relever sera de voler en l’absence de rayons solaires grâce à la restitution de l’énergie de la journée accumulée dans les batteries, et ça, jusqu’au levé de soleil suivant.
Un géant inoffensif
Avec ses 63 mètres d’envergure, le Solar impulse mesure plus qu’un Airbus A 340-500 ! On le devine, cette taille vise à offrir une surface maximale aux cellules solaires. Géant, oui, mais ultra léger ! Alors que l’Airbus pèse 174 tonnes, l’avion solaire ne pèse pas plus qu’une voiture (1,6). Comment? Il est constitué de fibre de Carbonne : un matériau à la fois léger et résistant. Poussé par les forces de la nature, le gentil monstre n’émet pas la moindre pollution. Une révolution quand on constate que les trajets en avion représentent 3% de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre.
Mission accomplie
Ce premier vol qui visait à vérifier la contrôlabilité de l’appareil a répondu à toute attente. L’engin, malgré son poids plume et son éminente taille, s’est laissé conduire comme l’avait prévu le simulateur de vol. Les espoirs se sont transformés en certitude, le projet s’est révélé être une réussite. De quoi nourrir l’espoir de vivre dans un monde plus sain en misant sur l’usage des ressources naturelles. Après ce premier succès, le Solar impulse s’est offert un second vol au dessus de la Broye et du lac de Neuchâtel, le 22 avril, pour effectuer une batterie de test supplémentaires.
Laura J.