Jeudi 15 avril 2010 : Les espaces aériens européens commencent à fermer les uns après les autres. Une attaque terroriste ? Des grèves ? Des faillites ? Non, un volcan islandais capricieux qui a décidé de faire des siennes. Les avions, symboles de la technologie moderne, sont immobilisés pendant plusieurs jours, du jamais vu depuis le 11 septembre 2001 !
Depuis jeudi passé, les ciels européens sont plongés dans un épais nuage de cendres. Invisible à l’œil nu, le danger est bien là pour les avions. Depuis maintenant cinq jours, tous les yeux sont rivés aux images satellites du nuage : Où va-t-il ? Combien de temps cela va t’il durer ? Voilà que notre société de consommation, moderne et égocentrique se met à se passionner pour l’activité d’un volcan depuis longtemps endormi. Des passagers bloqués aux quatre coins du monde, des sujets télévisés sans fin, toute l’Europe, puis le monde entier se sent concerné.
Lundi 19 avril 2010, le nuage atteint les côtes canadiennes. Très vite, on avance des chiffres sur les montants de cette catastrophe : des milliers de francs perdus chaque jour par les compagnies aériennes, les réservations perdues, les vols commerciaux annulés, mais pas un mot sur la flore et la faune détruite par cette éruption, ni sur les populations déplacées en Islande. Face à la force de la nature, les humains se rappellent soudain qu’ils ne sont rien. Dans ce cas, aucune action n’est possible, si ce n’est l’attente. Dur dur pour notre société ultra-rapide d’être confronté à une véritable attente et de ne pas pouvoir agir ! Les gouvernements et les politiciens ont trouvé plus fort qu’eux. Des passagers en transit se retrouvent bloqués dans des aéroports sans avoir le droit d’y sortir, faute de visa. Des centaines de passagers vivent la vie de SDF, dormants à même le sol, privés de douche et de repas copieux. Avec leurs cartes Visa bloquées, certains ne peuvent se payer un hôtel et squattent littéralement les couloirs des aéroports
Après cinq jours de blocus, enfin, l’espace aérien suisse ré-ouvre ses aéroports et les compagnies aériennes poussent un ouf de soulagement. La question maintenant est de savoir qui va payer la lourde facture : Comment dédommager les billets d’avions perdus ? Les pertes des compagnies aériennes ? Les exportations qui n’ont pu être livrées ? Les jours de travail manqués ? Il y a fort à parier que ces questions échauderont encore longtemps les esprits.
Ces derniers jours, les compagnies aériennes ont critiqué le principe de précaution mis en œuvre par les états : Etait-ce vraiment nécessaire ? De plus, des vols tests ont été effectués. Il est apparu que les avions ont traversé le nuage de cendres sans problème. Cela signifie-t-il pour autant que tout danger soit écarté ? Pas si sûr.
À l’heure actuelle, la situation commence à se calmer : Certains aéroports ont ré-ouverts, d’autres restent fermés. On parle d’une possibilité d’une seconde éruption, ou de l’éveil d’un autre volcan proche de Eyjafjöll. Que faire des passagers bloqués aux quatre coins du monde ? Envoyer des bateaux ? Acheminer plus de trains ou de plus comme c’est déjà le cas en Europe ? La question reste ouverte, car nul ne sait si le volcan a encore décidé de nous jouer des tours.
M.M.