BaselWorld ou le monde du m’as-tu-vu.

Chaque année à Bâle se tient la foire internationale de la montre, c’est l’occasion pour les firmes les plus réputées de se mettre en vitrine et de négocier avec de nouveaux clients. Immersion dans un univers où l’apparence joue un rôle des plus important.
À Bâle : Jérôme Cochand et Lucien Christen

Du 18 au 25 mars, Bâle s’est muée en capitale internationale du luxe horloger. Comme chaque année, les grands noms de la branche ont fait le déplacement. Les six halles d’exposition, représentant une superficie totale de 160’000 mètres carrés ont été envahies par 1915 exposants et plusieurs milliers de visiteurs et d’acheteurs potentiels. Tant les exposants que les visiteurs s’étaient mis sur leur 31, rivalisant d’esthétisme et d’originalité. De Breitling à Longines en passant par Rolex et autres, aussi insolite que cela puisse paraître, Paris Hilton, tous ont investi des sommes astronomiques dans la construction de leurs stands. Justement, parlons-en de ces stands qui mêlent design et volupté. Si les coûts de ces infrastructures sont passés sous silence, il n’en reste pas moins que les firmes ont dû mettre la main au porte-monnaie plutôt deux fois qu’une. Avares d’informations à ce propos, les responsables que nous avons rencontrés n’ont pas voulu nous donner une estimation des investissements engendrés par de tels temples du luxe. Cela dit, leurs propos nous ont laissé entendre que lesdits investissements étaient plus que rentables en regard des contrats signés durant la foire. Il se murmure néanmoins dans les couloirs de BaselWorld que Patek Phillippe aurait investi entre 12 et 15 millions de francs pour l’élaboration de son stand. Rien que ça.

La presse courtisée :
Même si les badauds peuvent se promener librement dans les travées de l’exposition, il demeure nécessaire, pour approcher les différents responsables, d’avoir planifié ses rendez-vous plusieurs mois à l’avance. Réglés comme du papier à musique, les plannings des différentes marques ne laissent pas de place à l’imprévu. Voyant défiler près de 80 journalistes par jour, les chargés de communication louent les vertus de leurs dernières nouveautés (souvent en première mondiale) comme un acteur récite son texte.

Un enjeu capital :
C’est donc à BaselWorld que va se décider la réussite ou non d’une année pour les marques horlogères. Difficile dans ces circonstances d’approcher le nid des négociations. Plusieurs gorilles sont postés devant les différents stands et opèrent un tri sélectif forçant chacun à montrer patte blanche. Toutefois, nous avons pu nous glisser chez Breitling. Dans cet énorme stand de bois, surmonté d’un aussi imposant aquarium, se succèdent 4000 bijoutiers durant la semaine. Ces derniers négocient des contrats juteux en sirotant du « Moët et Chandon » à l’abri des regards indiscrets. Dans son antre, la marque emploie plus de 100 personnes. Le montage du luxueux complexe nécessite deux mois de travail, mais la question de la rentabilité a fait sourire notre interlocuteur. Une goutte d’eau dans cette mer regorgeant, semble-t-il, de nombreux autres millions.
Cette immersion dans la culture de la surenchère est une expérience particulière. Ici, tout est plus cher, plus beau, plus grand. Mais pour M. et Mme. Tout le monde, il demeure savoureux, il faut tout de même l’avouer, d’entrer dans cet univers de velours et de splendeur. Maigre consolation pour qui n’a pas les moyens de s’offrir un de ces joyaux de l’horlogerie : tout ce luxe n’est qu’éphémère.JCO-LCH

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