Du 30 juin au 5 juillet se tenait le Festival International du Film Fantastique (NIFFF), à Neuchâtel. Le public a pu se délecter d’une soixantaine de films du monde entier.
Le film fantastique était à l’honneur à Neuchâtel durant la semaine du 30 juin au 5 juillet. Etudiant en lettres, Simon n’a pas manqué d’en profiter en se rendant au NIFFF, Festival International du Film Fantastique, qui fêtait cette année sa 9ème édition. Ce passionné n’a pas vu moins de 25 films durant les 6 jours du festival. « Physiquement, c’est éprouvant de regarder six films de suite de 14h à 2h du matin en moyenne ». Pour rien au monde, il ne manquerait cependant cet évènement.
Un film a tout particulièrement retenu son attention : The Sky Crawlers, notamment parce que son réalisateur n’est autre que Mamoru Oshii, qui avait entre autres réalisé Ghost in the Shell.
« J’ai trouvé très intéressant toute la réflexion qui est menée sur la question de la mémoire ». En effet, le personnage principal est un « Kildren », voué de ce fait à ne pas grandir et à ne pas vieillir. Dès lors, celui-ci s’interroge sur son existence et sur les raisons qui le pousse à vivre toujours la même chose, étant pilote d’avion au service d’une guerre interminable. A cause de cette existence répétitive et d’un passé absolument uniforme, il n’arrive pas à se construire. « Le design, l’esthétique du film ont encore ajouté à l’excellence du film », ajoute Simon.
Présenté au cours de la cérémonie d’ouverture du Festival, Moon était également « un très bon film», aux yeux de cet étudiant. Ce long-métrage pose un questionnement intéressant sur les clones. Sam Bell, le personnage principal, est en mission sur la lune depuis trois ans. L’heure de son retour sur terre approche, mais il apprend au dernier moment qu’il est en fait un clone, que tous les souvenirs qu’ils possèdent lui ont été implantés et que personne ne l’attend sur notre planète. « J’ai beaucoup aimé la scène où le personnage, voyant la terre au loin, crie « I want to go home ». On perçoit tout le décalage, toute la contradiction entre ce foyer inexistant sur terre et ce désir d’y retourner quand même ». Le film joue également sur le côté humain, attachant de ce clone doté de sentiments que l’on croit au début être un homme et sur sa volonté d’être unique.
« Franklyn était aussi très bien », indique Simon. Deux villes parallèles, l’une imaginaire (Meanwhile City) métropole futuriste, l’autre réelle (Londres), où l’on suit quatre personnages dont les destins vont se croiser. « Ce qui était très réussi, c’est que ces deux réalités se retrouvent dans la psychologie de presque tous les personnages, avec une jeune artiste, un fou, et un homme qui a une amie imaginaire. L’imaginaire est véritablement mêlé au réel », explique-t-il. Un seul film lui a vraiment déplu : Barbe bleue.
S’il y avait un reproche à faire à cette 9ème édition, celui-ci irait peut-être à une facette de l’organisation du Festival. « Ceux qui avaient pris le « festival pass » (abonnement) ne pouvaient réserver que 16 films. Pour en voir davantage, il fallait refaire la file chaque jour et prendre de nouveaux billets, ce qui était un peu ennuyant », explique Simon. Par contre, si la séance était déjà complète, il était possible de se mettre sur une liste d’attentes « last minute ». Ceci permettait aux premiers sur la liste d’obtenir les places restées vacantes au moment du lancement du film. « Il faut reconnaître que ce système a très bien fonctionné. J’étais inscrit sur la liste pour 5 films, que j’ai ainsi pu voir ».
Le succès du Festival réside dans le fait qu’il propose une conception élargie du fantastique. On trouve des thrillers, des westerns, de la science-fiction, des films d’action, d’horreur et d’autres plus romantiques, à l’image de Cyborg. Les films présentés sont également issus des quatre coins de la planète et sont très rarement, voire jamais, diffusés dans les salles suisses. Cette année, par exemple, ce sont les films scandinaves qui étaient à l’honneur, mais l’on compte aussi de nombreux films asiatiques ainsi qu’une compétition de courts métrages suisses et européens. La 9ème édition comportait de plus une « spéciale William Castle », présentant ainsi de plus vieux films qui jouent sur la participation du public (lunettes pour voir des fantômes, pouce phosphorescent servant à voter pour l’une des fins possibles du film, etc.). Le fait de voir le film en version originale sous-titrée ajoute encore au charme du festival. « On assiste à la réelle performance des acteurs. C’est intéressant de voir des films en danois, en norvégien, en japonais, c’est une manière de vivre le cinéma différemment », constate Simon. Une 9ème édition très riche, donc, pour le NIFFF. Il ne nous reste plus qu’à attendre l’année prochaine.
S .B.