« Les barricades bloquent la route mais ouvrent la voie »

OTAN. Début avril s’est tenu le sommet de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) à Strasbourg, pour le soixantième anniversaire de l’organisation. Ce sommet a été l’occasion pour Nicolas Sarkozy de réintégrer la France au commandement militaire, engageant ainsi la France plus en avant dans les conflits globaux. Ce sommet a également été l’occasion pour les militants anti-OTAN de manifester, ainsi que pour les « Black Blocks » de commettre des actes de vandalisme.

Les images ont fait le tour du monde : l’ancien poste de douane sur le pont de l’Europe, l’hôtel Ibis, ainsi que d’autres établissements non loin de là sont partis en fumée, dès le début de la manifestation anti-OTAN, samedi 4 avril. Des déprédations qui ont empêché le déroulement de la manifestation, et ont provoqué une réaction immédiate chez les forces de l’ordre, qui ont bloqué l’accès au centre-ville durant toute l’après-midi, empêchant ainsi bon nombre de manifestants de rejoindre le parcours.

Dès 13 h, les CRS avaient déjà bloqué l’accès au centre-ville, dénommé la « Grande Île », sur laquelle se trouve le centre culturel et économique de Strasbourg, une île ne comportant que quelques points d’accès facilement défendables. Une grande partie des manifestants souhaitant rejoindre le gros de la manifestation s’est ainsi retrouvée bloquée sur la rue Alfred Kestler, l’accès le plus direct depuis le village autogéré situé au sud de la ville. Et, contrairement aux évènements du pont de l’Europe, les manifestants n’ont pas tenté de forcer les barrages de la police (voir photographies). Quelques journalistes, photographes, et caméramans étaient eux aussi coincés avant l’accès au centre,

Une preuve donc que les manifestations anti-Otan auraient pu se dérouler telles que prévues sans l’intervention des casseurs, qui ont incendié en trois jours un commissariat, l’ancien poste de douane, ainsi qu’un hôtel Ibis et une pharmacie. De même, une certaine réaction se fait sentir face aux actes de la police, qui semble-t-il, n’aurait pas protégé les habitants de Strasbourg ni les manifestants pacifiques lors des affrontements.

Quant au village autogéré, à quoi ressemblait-il ? A un festival de musique, au nombre de tentes éparpillées dans les champs au sud de Strasbourg, qui devaient héberger plusieurs milliers de manifestants. Les tentes servant de la nourriture végétarienne donnaient aussi une allure alternative au camp. Mais tout ceci donnait également l’impression que certains campeurs étaient plus attirés par l’ambiance « Woodstock » de l’occasion que par le sommet anti-OTAN. Les hélicoptères de l’armée allemande qui survolaient le camp en permanence, ainsi que les barricades dressées à l’entrée du village donnaient une impression de désordre. « G8 – G20 Les barricades bloquent la route mais ouvrent la voie », pouvait-on lire sur un immeuble à l’entrée du village…

Au final, quelques immeubles incendiés, des forces de l’ordre faisant les gros bras devant les manifestants mais apathiques devant les casseurs, et un joyeux cortège de manifestants écolo. Une manifestation plus que classique, qui reflète bien les faiblesses d’un système qui s’en prend principalement aux manifestants pacifiques mais ne lutte pas contre les casseurs, qui reviendront certainement au prochain sommet de l’OTAN. Qui, espérons-le, sera organisé dans un lieu moins peuplé que la ville de Strasbourg et ne paralysera pas ainsi un centre urbain de plusieurs milliers d’habitants…
Seb.A

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