En collaboration avec Bio Neuchâtel et Uniterre, l’association Lopin bleu a lancé son «opération cornichon», le 17 avril dernier. Ces trois associations ont mené leur première campagne de sensibilisation face aux dérives du système agroalimentaire, sur la place des Halles, à Neuchâtel. Pour l’occasion, le coordinateur de l’opération, Josy Taramarcaz, s’était glissé dans un costume de cornichon géant: «Nous voulons faire réfléchir les gens, mais sans leur faire la morale, en gardant un aspect festif». Les organisateurs ont symboliquement lancé leur action le 17 avril, journée mondiale des luttes paysannes.
Pourquoi le cornichon? «Une émission de Temps présent «La cruelle fable du cornichon», diffusée en 2005, montrait l’aberration que représente aujourd’hui cette culture», explique Josy Taramarcaz. La plante, autrefois cultivée sous nos latitudes, est désormais presque exclusivement produite en Inde. « Elle est très exigeante en eau, ce dont l’Inde manque cruellement. De plus, les Indiens ne mangent pas de cornichons», relève Jean-Bernard Steudler, président de Bio Neuchâtel et instigateur de l’opération. «C’est une tradition culinaire européenne dont la production a été délocalisée pour diminuer les coûts», ajoute Josy Taramarcaz. On constatera immédiatement l’aberration que représente, entre autre, le transport d’une telle denrée. Jean-Bernard Steudler souligne encore que les agriculteurs ne sont pas les seuls concernés : « La mise en bocaux, jusque là faite en Suisse, est également en train d’être transférée en Inde ».
Cette manifestation visait à faire réfléchir les gens sur leur consommation alimentaire. «Le consommateur peut agir sur ces problèmes en achetant des produits locaux et de saison», estime Jean-Bernard Steudler. C’est aussi une manière de savoir d’où viennent les produits qu’on achète et comment ils sont cultivés. Le Lopin bleu défend une agriculture contractuelle de proximité (ACP), qui consiste en un rapport direct entre producteurs et consommateurs. Le consommateur s’engage à payer ses produits de manière à assurer une rémunération juste du paysan, lequel garantit en contrepartie des aliments de qualité, dont la production est transparente. L’idée est donc aussi de mieux rémunérer les agriculteurs sans trop charger les consommateurs.
Le symbole du cornichon a également été pensé en accord avec le thème de l’année de la ville de Neuchâtel en matière de développement durable et d’agenda 21, qui est « la valeur de l’eau ». En effet, en important les cornichons, on transporte de l’eau, composant principal de cette cucurbitacée.
Le Lopin bleu organise d’autres évènements autour du cornichon. Lors de la manifestation, des semences ont symboliquement été mises en terre (le véritable semis aura lieu en mai). La population est invitée à suivre les différentes étapes, de la plantation à la consommation, en passant par l’entretien et la conservation. Deux surfaces d’une grandeur totale de 200 m2, à Chambrelien et à la Pointe-du-Grain ont été réservées à la plantation de cornichons.
S.B.
Pour plus d’informations: www.lopinbleu.ch