Tous superstitieux ?

Viviana von Allmen
Chacun, secrètement, a besoin de se raccrocher à quelques signes définis comme “bons signes” pour évacuer son angoisse. C’est le cas dans des situations stressantes, telles que les examens, les entretiens d’embauche, où on peut porter sur soi un objet fétiche, tel qu’un mouchoir ou un bijou. S’en remettre ainsi à des superstitions personnelles, ne porte pas à conséquence, à condition que l’absence de “bon signe” n’implique pas l’échec. Peut-on se débarrasser de ces croyances ? Il y a les superstitions communes à tous et celles que l’on se crée. Doit-on résister à ces croyances d’un autre âge ou, au contraire, les respecter, comme on respecte une tradition ?
Les superstitions sont souvent d’ordre culturel, c’est-à-dire partagées à des degrés divers par le milieu social dans lequel la personne superstitieuse se trouve, et différent d’une culture à l’autre. Néanmoins, il existe des superstitions purement individuelles.
Autrefois, les superstitions étaient souvent dues à l’ignorance (des lois de la nature, de la médecine…) et à la peur (de la maladie, des épidémies, de la mort…).   Il était donc compréhensible que, devant certains faits qu’ils ne comprenaient pas, les hommes soient inquiets et s’en remettent à des explications surnaturelles pour comprendre certains phénomènes.   Avec les découvertes progressives dans le domaine des sciences, ces comportements furent peu à peu qualifiés d’irrationnels parce qu’ils expliquaient le monde à l’aide de préjugés contraires à la raison.
Freud remarqua que le superstitieux interprète un événement produit par le hasard pour guider ses choix. Alors que la psychanalyse permet d’identifier, dans un événement qui semble dû au hasard, ce qui a été produit par la vie psychique inconsciente du sujet. Ainsi, un faux pas sur le seuil d’une maison, mauvais présage pour les Romains, est en fait un acte manqué, et donc, une production de l’inconscient. Par contre, les vols d’oiseaux dans le ciel, interprétés par les Romains comme favorables, n’ont aucune relation avec le psychisme d’un individu et relèvent de la superstition.
La superstition populaire, qui est souvent anodine, la superstition pathologique est fortement individualisée. Le superstitieux se sent en défi perpétuel avec le monde qui l’entoure et il passe son temps à « vérifier » que les augures lui sont favorables.
La généralisation de l’éducation publique a contribué à la disparition de certaines croyances ou superstitions, mais il demeure fréquent de rencontrer malgré tout des personnes qui, à l’occasion d’une situation précise ou de l’apparition d’un signe particulier, ressortent une expression inspirée de nos vieilles peurs d’autrefois.  
Les peurs d’aujourd’hui : l’insécurité, la marginalisation, la course effrénée  vers  l’inconnu  et la superficialité de la masse conduisent aux personnes sensibles ou faibles d’esprit à s’accrochent consciemment ou inconsciemment à des croyances  magiques signe d’une mémoire ancestrale qui les relient à l’être primitif.

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