Le parcours de la flamme olympique a subi en 2008 bien des pressions au cours des dernières étapes. En effet, le pays organisateur des Jeux Olympiques ne pouvait éviter d’être pris pour cible au cours de ce marathon, événement symbolique de plus en plus médiatisé et politisé. De plus, la Chine, sujette aux manquements envers les Droits de l’Homme, n’a pas arrangé sa réputation au cours des évènements tibétains en Mars dernier.
Quel être humain pourrait affirmer en toute franchise que le parcours de la flamme olympique n’a rien à voir avec la politique ? Que les relayeurs de la flamme sont des êtres asexués tels des anges irradiants d’amour et portant un message de paix et d’espoir dans tous les relais du parcours ? Eh bien, il y en a qui le font. Le site officiel de la flamme olympique, dont le siège se trouve à Beijing, offre ce type de perspective .
Chose étonnante, alors que certaines des dernières étapes ont été marquées par des actes de violence, des manifestations pro-tibétaines ainsi que des tentatives de capturer et d’éteindre la flamme olympique. Mais tentons d’être objectif sur le sujet. Lorsqu’un pays ne respectant pas certains droits élémentaires de l’être humain, défile les muscles bandés et la tête haute dans les plus grandes métropoles mondiales, cela peut énerver plus d’un.
Une martyre
Cela s’est notamment produit à Paris, où le parcours de la flamme a connu beaucoup de bouleversements. La torche olympique a été mise par plusieurs fois à l’abris dans un bus pour des raison de sécurité, et plusieurs personnes ont été interpellées durant le relais. De plus, des membres de Reporters sans Frontières ont même réussi à hisser leur bannière bien connue, représentant les JO sous forme de menottes entrelacées, sur une des piliers de la Tour Eiffel, sur les Champs-Élysées et sur une des façades de Notre-Dame.
Pourtant, ces évènements ne semble pas intéresser les officiels chinois. La glorification des athlètes prime, avec en tête d’affiche, la relayeuse Jin Jing. Escrimeuse paralympique, cette demoiselle fait désormais figure de martyre sur le site officiel. La description des événements déborde de l’imagination fertile de la propagande chinoise. Sous une photographie représentant Jin Jing protégeant la flamme, celle-ci est surnommée « L’ange gardien souriant à deux roues » (admirez la prose), « faisant de son corps frêle un rempart » contre un « énergumène » (véridique) qui tenta de lui arracher la torche. Tiens donc. Le CRS maîtrisant un peu plus loin le manifestant semble lui quelque peu moins angélique.
Tout feu tout flamme
De même pour le passage de la flamme à Londres, où des émeutes ont éclaté tout au long du trajet. Le site, pour cet événement, n’en rapporte aucun événement protestataire. Il faut dire qu’à cette occasion, les violences et attentats contre la torche étaient trop évidents pour tenter de déformer les faits. Selon le Guardian et le site de la BBC, un homme s’est emparé de la torche pendant quelques secondes, et ce, devant les caméras. Plus loin, le porteur et ses gardes du corps se sont retrouvés sous un feu croisé d’extincteurs, manquant de peu d’éteindre la flamme.
En revanche, du côté de la Corée du Nord, aucun incident n’est à reporter. Les dirigeants Nord-coréens, alliés politiques et économiques de la Chine, ne souhaitaient certainement pas que des incidents tels que ceux de Paris ou de Londres se répètent dans leur pays. Il suffit de se remémorer la cérémonie si spontanée du 65ème anniversaire de Kim Yong Il, pour obtenir une impression du défilé du flambeau olympique. A l’occasion du passage de la flamme, banderoles, drapeaux chinois et coréens, ont été généreusement distribués aux manifestants, tandis que d’autres « improvisaient » une chorégraphie laborieusement élaboré. Toute une œuvre d’art.
A quand un relais de la torche moins politisé et plus tourné vers une valorisation du sport ? Jamais, probablement. Car il s’agirait de se rappeler la raison pour laquelle cette tradition fut créée : la glorification d’un régime totalitaire. En 1936, lors des jeux de Berlin, l’idée fut apportée par Carl Diem, officier allemand, et retenue par Joseph Goebbels, dans le but de valoriser le national-socialisme. Curieusement, le site officiel chinois n’en fait nulle mention…
S.A.