par Viviana von Allmen
Pour raisonner au mieux, il faut faire abstraction de nos émotions et ne rien ressentir. Un précepte souvent entendu, qui découle du dualisme corps/esprit cher à Descartes. Pas si sûr, finalement.
La « mémoire émotionnelle » conduit à des réactions involontaires qui enchaînement un comportement sociale.
Nos émotions sont faites de sensations physiques. Lorsque ces sensations sont agréables, tout va bien. Lorsque nous nous sentons mal, c’est que nos peurs viennent contrarier nos envies, nos plaisirs. Si ces peurs sont conscientes, nous les prenons en charge et nous les surmontons. Malheureusement, la plupart de nos peurs sont inconscientes. Et ce sont elles qui conditionnent le plus fortement nos relations aux autres et, plus généralement, notre personnalité.
La réaction émotionnelle précède la pensée consciente. Ce mécanisme est très adaptatif lorsque la survie (faut-il se battre ou fuir ?) dépend de la rapidité de réaction. Cependant seules les caractéristiques les plus saillantes de la situation sont prises en compte dans cette réaction rapide. L’interprétation de la situation peut ainsi être erronée. Cette interprétation est basée sur la mémoire (sur des schémas cognitifs pour les habitués de ce concept). Si la situation ressemble à des situations passées qui suscitaient de la peur ou de la colère, par exemples, elle sera interprétée comme appartenant à la même catégorie de situation et l’émotion sera déclenchée.
C’est l’analyse rationnelle, qui passe par la conscience et prend un peu plus de temps, qui permet de faire la part des choses et de tempérer l’émotion. Ce qui est parfois difficile à faire car l’état émotif, une fois installé, influence le contenu des pensées.
Comment repérer ces peurs ? Dans la plupart des cas, c’est intellectuellement que nous tentons de comprendre nos difficultés alors que seules nos sensations peuvent nous conduire directement et avec précision à nos peurs. Cette approche novatrice, à la fois scientifique et philosophique de nos émotions, offre à chacun une meilleure compréhension de son comportement personnel et la possibilité de réparer, par lui-même, la plupart de ses blessures émotionnelles. La qualité de nos émotions conditionne donc systématiquement nos actes. Une émotion est soit agréable, soit désagréable. C’est même la condition nécessaire à son existence : confrontés à une situation, l’émotion apparaît seulement si nous éprouvons du plaisir ou du déplaisir. Côté plaisir, il ne semble pas vraiment prioritaire de se poser des questions. Côté déplaisir, en revanche, il y a fort à faire car, il faut bien l’avouer, nous ne sommes pas très avancés. Les seuls recours relativement universels que nous utilisons pour nous aider, c’est « relativiser » ou « positiver ».
Rappelons nous qu’il y a toujours un potentielle créatif profondément enraciné dans nos gêns permettant d’interpréter nos expériences d’une manière positive.