Le nouveau stade de la Maladière

Neuchâtel l’attendait, Neuchâtel l’a enfin.

Depuis mai 2004, Neuchâtel Xamax était en vadrouille. Véritables nomades, les joueurs du Bas ont pas mal bourlingué et ont finalement dû jouer leurs matches « à domicile » à La Chaux-de-Fonds. Le club a du résister à des situations financières et sportives difficiles et a finalement chuté en Challenge League … pour mieux rebondir.

En effet, les changements d’entraîneurs et les conflits entre les dirigeants Alain Pedretti et Gilbert Facchinetti n’ont pas été étrangers à la chute du club en Challenge League. Puis arriva Sylvio Bernasconi, riche entrepreneur de la région, plein d’ambitions. Alors que le magnifique écrin est sur le point d’être opérationnel, Bernasconi met tous les moyens pour construire une équipe compétitive ayant les capacités de remonter le plus vite possible dans l’élite du football suisse. A stade magnifique, s’accorde une équipe magnifique. La venue du géant et charismatique Pascal Zuberbühler a suscité l’intérêt de tous et illustre parfaitement la volonté du club.
Pour accueillir de telles stars, un nouveau stade fait office d’argument de poids. Arrêtons nous un moment pour mieux se rendre compte du caractère exceptionnel de La Maladière. Intégré au complexe, le stade a tout pour plaire: douze milles places assises, des sièges aux couleurs de Neuchâtel Xamax, des espaces privilégiés pour les partenaires ou encore un gazon synthétique homologué par la FIFA. Son terrain placé à 6 mètres du niveau de la route lui donne un caractère unique en Suisse.
L’histoire enchantée de sa construction

Un stade de 12’000 places assises, six salles de sport, une caserne des pompiers, un centre commercial de 28’000 m2, un parking souterrain de 930 places: ce complexe multifonctionnel de béton et d’acier s’est monté comme un mécano, avant son habillage final. Une belle réussite esthétique qui s’inscrit à merveille dans le plan d’urbanisation du quartier de La Maladière. Le partenariat exemplaire entre le public et le privé a permis d’atteindre un objectif audacieux pour une cité de 32’000 habitants. La Ville de Neuchâtel a mis à disposition le terrain, tandis que les partenaires privés ont financé la construction. La vétusté du stade de la Maladière et les exigences de la Ligue nationale, en particulier, nécessitait que l’on entreprenne rapidement des travaux d’adaptation du stade. Cette problématique préoccupait d’ailleurs la Ville depuis plusieurs années. Dans une approche large, l’idée a consisté à réaliser un nouveau stade de la Maladière en y incluant des complémentarités sportives telles que le programme de six salles de sport, dont une pédagogique, et le volume nécessaire à la réalisation de la caserne du SIS. S’ajoute à ce programme, la Société Coop qui a rapidement manifesté son intérêt pour réaliser un centre commercial sur un site stratégique en complémentarité avec les activités existant en ville de Neuchâtel.

Chaque partie en sort gagnante: la Ville dispose d’un stade et d’infrastructures servant à l’exécution des missions de service public qu’elle n’aurait pas pu financer à elle seule. D’autre part, les partenaires privés – Swisscanto, Publica de même que l’entreprise générale HRS et Coop – obtiennent un retour sur investissement de par la location des différents espaces ainsi réalisés.

Architecture du bâtiment
Au rez-de-chaussée, un socle vitré met en valeur les vitrines commerciales, alors que devant le SIS, il s’opacifie. Dans cette même logique, les façades supérieures au caractère diaphane ne font que suggérer la présence du stade. Cette peau évocatrice constitue l’écrin du stade, « l’instrument du spectacle sportif». « L’instrument » est traité comme une salle de théâtre à l’italienne, il propose un espace introverti, sorte de cocon dans lequel le spectateur est isolé du monde extérieur. Pour accentuer les aspects de la mise en scène, l’utilisation des couleurs de Xamax pour les gradins et les tribunes, à savoir le rouge et le noir, est un excellent prétexte.
Entre la peau translucide – l’écrin – et le stade – l’instrument – s’organisent les fonctions connexes au stade et plus particulièrement les circulations, les accès aux tribunes ainsi que les bars. Par leur position en périphérie et la présence des façades translucides évoquant la Ville sans la révéler, ces lieux ont un caractère volontairement ambigu, à mi-chemin entre le quotidien et le monde du spectacle.
Même si l’enveloppe est d’une seule matière, chaque façade est différente. Les faces Ouest et Nord présentent une composition classique de façade de rue – bâtiment posé sur un socle – alors que les faces Est et Sud expriment davantage l’objet indépendant. D’une part à travers le porte-à-faux couvrant les entrées, d’autre part du fait de l’exception de la façade supérieure qui vient effleurer le sol, interrompant ainsi la continuité du socle.
L’effet architectural de l’ensemble tient à ce constant aller et retour perceptif entre écrin et instrument. Maintenant que Neuchâtel bénéficie d’une nouvelle infrastructure de classe, espérons que Neuchâtel Xamax l’aura aussi.
M.M.

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