par Deborah Sohlbank
Le terme « violence » est très évocateur, il en existe de nombreuses déclinaisons et je serais prête à parier que, pour la majorité d’entre elles, tout le monde peut se faire une idée de ce dont il s’agit. Voyez plutôt. Violence : verbale, physique, sexuelle, symbolique, conjugale, raciste, froide, sur soi-même. Oui, la plupart de ces appellations sont porteuses d’un certain sens et participent à l’imaginaire commun.
Nous les connaissons toutes, si ce n’est par une expérience plus ou moins proche, par le réseau incroyable de communication que sont les médias. Ceux-ci ont un rôle ambigu, voire double. En effet, ils ont joué (et jouent encore) un rôle clef indéniable dans le domaine de l’information. Certains sujets mis sur le tapis médiatique ont certainement contribué à des prises de décisions importantes. Mais il y a des thèmes qui sont parfois tellement délicats, qu’à force de jouer sur cette sensibilité, la violence ne s’en retrouve qu’alimentée et véhiculée plus largement par des facteurs dangereux : l’ignorance et sa vieille copine la peur. Tout ceci grâce à cette mode sans pitié du sensationnel gouverné par l’émotionnel, et derrière des termes très propres tels, justement « information », « débat », ou encore, «culture(s) ». Quand trop de bruit fait beaucoup de mal.
« Violence froide » : voilà l’expression que je ne parviens pas identifier parmi la liste citée ci-dessus. Recherche Internet faite (l’ambiguïté des médias se retrouve aussi dans nos comportements), voici une définition de cette appellation qui doit d’abord passer par son contraire: « La violence chaude représente la violence visible dans la traite d’êtres humains, les viols, les coups…la violence froide est implicite et de ce fait, devient difficile à identifier, aussi bien par le corps social que par les victimes elles-mêmes. Son caractère destructeur et ses effets néfastes sur la personne humaine n’en sont pas moins présents. »
Violence invisible, donc, d’autant plus dangereuse qu’elle peut œuvrer sans le souci d’être dérangée avant un moment. Les « violences taboues » en font sûrement partie. Celles-ci résistent à notre réseau de communication qui n’a pas de frontière pour se heurter au mur invisible de l’ « interdit de caractère religieux, moral ou social », cela dépend du moment. Quand le silence devient lourd et laisse faire.