Promenade militaire

Lorsque les jeunes recrues effectuent leur service militaire, l’armée organise une journée portes ouvertes pour que amis, fiancées et surtout parents puissent admirer ce que font leurs progénitures durant ces quatre mois censés les métamorphoser.

Vendredi 9 février, caserne de Wangen an der Aare: aujourd’hui est une journée particulière pour les recrues, futurs soldats de sauvetage: leurs familles viennent le temps d’un après-midi, fort heureusement ensoleillé, se rendre compte de ce que vit et accomplit leur rejeton pendant son service militaire. « Vous pourrez vérifier dans le sens positif ou non les choses que l’on vous raconte durant le week-end » explique le commandant d’école de recrue lors de son discours d’accueil. Mais les visiteurs pourront-ils réellement se rendre compte ou même percevoir une bribe de ce que peut bien être cette expérience si particulière et étrange pour ces jeunes hommes et quelques jeunes femmes? Pas sûr: en effet, cette visite n’est pas sans rappeler une visite au musée, celui-ci ayant pour particularité d’être vivant et interactif!

En guise d’accueil une « boutique souvenirs »: une femme se tient derrière un stand et vend de nombreux objets: gourdes, couteaux-fourchettes, nécessaires à couture. A côté de cela, elle fait de la promotion pour les femmes à l’armée: « découvrir et apprendre du nouveau, une préparation à la vie professionnelle, servir la société », telles sont quelques une des raisons invoquées par le prospectus distribué. Commence la promenade. Les groupes définis linguistiquement suivent un guide qui explique que la visite se fera en cinq postes. Le commandant, toujours dans son discours avait promis: « Vous pourrez voir votre fils ou n’importe quoi! ». Enfin, nous voyons les recrues derrière une corde blanche qui vaquent systématiquement à la même activité en guise de démonstration: scier, creuser, tirer sur une corde,… Ils lancent des regards gênés vers la foule de visiteurs qui eux cherchent frénétiquement s’ils reconnaissent leur enfant. Petit problème: même la mère la plus digne de ce nom a de la peine à distinguer la chaire de sa chaire lorsqu’elle est vêtue de la même manière que ses cinquante camarades! Les parents filment et photographient leur parcours et lorsqu’ils repèrent finalement « leur » recrue, lui font des signes, l’appellent et redoublent de photos. Comme c’est étrange de voir un proche dans ce contexte! Tous ont l’air très jeune, et on se demande si ce ne sont pas là des petits garçons qui sont allés jouer dehors entre copains. Casques et uniformes paraissent un brin trop grand, ils semblent un peu gauches, le visage rosi et adressant sourires et signes de la main aux leurs: le vivent-ils symboliquement comme un dernier signe de petits enfants aux parents attendris? Officiellement certainement pas, mais il y a un peu de cela dans l’air.

Dans l’ensemble, cette journée a été organisée pour être un réel divertissement et tous se sont pris au jeu. De la visite, il faut relever le sentier le long duquel étaient exposés sur des socles les militaires dans des uniformes différents, censés rester immobiles tout l’après-midi. Ils se penchaient cependant volontiers pour tirer une bouffée de la cigarette proposée par des visiteurs complices. Après la promenade était promise une « collation », digne d’un repas complet: salades, croûtes au fromage, pudding et cake.  » On ne mange pas si mal que ça à l’armée! » entend-on des gens repus. Après la visite des chambres, vient le clou du spectacle: La parade. La « choré » a été enseignée le matin même, cela se sent. Les spectateurs ne cessent de rire. Autre démonstration: les recrues doivent nettoyer et cirer leurs chaussures en deux minutes sous les cris exagérés de leur chef. Les mamans sont éblouies: « S’il le faisait aussi à la maison! » disent-elles en se regardant d’un air entendu. Dernière étape avant la libération: la douche qui elle aussi doit se faire en un temps record. Les recrues sortent en courant au risque de glisser, emballés d’un linge minimaliste. Les spectateurs sont à la sortie pour les encourager par des cris dignes du Tour de France. La nuit est tombée, la visite se termine par l’appel et un petit discours solennel. Les recrues sont en rang et un commandant déclare aux parents:  » Vous avez une minute pour prendre des photos! ». Exécution.

Les recrues peuvent maintenant redevenir des « fistons » le temps d’un week-end et se faire dorloter comme il se doit!
D. S.

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