L’esquisse d’une définition sur ce qu’est le sport semble relever de l’utopie. La palette s’est particulièrement élargie ces dernières années, au point d’englober une multitude d’activités qui divergent les unes des autres. Pourtant, elles se rejoignent en un point central : sport rime souvent avec argent.
Pierre de Coubertin, le père des Jeux Olympiques modernes, voyait le sport comme un moyen d’éduquer la jeunesse. De nos jours, bien que l’activité physique joue un rôle très important à l’école, nous nous sommes éloignés de cet idéal. Les compétitions engrangent des sommes colossales. Selon le dernier rapport financier de la FIFA, leur chiffre d’affaires compterait plusieurs centaines de millions de francs, une grande partie venant des droits de diffusion et des sponsors. Certes, il faut trouver de quoi rémunérer ces professionnels du spectacle. Mais quand une chaîne de Fast Food pose son empreinte sur un maillot, on note une certaine forme de contradiction avec les valeurs que nous inculque le sport. Parfois l’on viendrait même à se demander, si les sportifs jouent pour divertir le peuple ou pour lui vendre quelque objet. D’ailleurs, ne soyons pas surpris de retrouver ces derniers dans le rôle de mannequins ou encore d’ambassadeurs pour de grandes marques de montres, de parfums ou encore de vêtements ; la publicité constitue un revenu secondaire important pour certains athlètes.
Avec la soif de records qui s’est intensifiée ces dernières années, les chiffres qui tombent ne cessent d’impressionner. En parallèle, les grands tournois sont dotés de prix faramineux qui augmentent fortement l’enjeu et par la même l’attractivité pour tout le monde. À titre d’exemple, Roger Federer a gagné un chèque de 1.2 millions pour sa première place à l’Open d’Australie en 2007. Ces frais sont pris en charge par les sponsors, que nous alimentons à notre tour en tant que consommateurs. Ces trois groupes (consommateurs – sponsors – sportifs), sont donc dangereusement dépendants les uns des autres. L’affaire Parmalat (géant alimentaire italien) a ébranlé le monde du football en 2003. L’une des plus prestigieuses équipes d’Europe empêtrée dans un scandale causé par son sponsor principal qui entraîna finalement sa perte. Les fidèles supporters qui désiraient simplement voir leurs idoles jouer et les milliers d’épargnants qui ont perdu leurs économies, ont été relégués au rang de spectateurs du désespoir.
S’en est suivi une sombre histoire de matchs « arrangés », truqués par des arbitres peu scrupuleux, qui visaient à s’enrichir personnellement. Les fans déçus et en quête de justice ne pourront jamais effacer les résultats probablement erronés des parties jouées. Mieux vaut oublier.
La beauté du football est donc ternie par d’autres phénomènes que le dopage ; ce divertissement populaire est gouverné par l’argent. Les clubs les plus riches s’offrent les meilleurs joueurs issus des quatre coins de la planète ; ils n’ont plus de lien direct avec les villes qu’ils représentent ; leur talent quant à lui, se mesure par le montant de leur transfert. Cerise sur le gâteau, une partie des stars du ballon rond choisissent de s’exiler au Quatar, où les magnats du pétrole les paient grassement pour frapper leurs dernières balles.
Envahis par les exploits et dérapages des acteurs du monde sportif, les médias ont très vite compris, que ces héros des temps modernes faisaient vendre et suscitaient l’intérêt de l’individu lambda. La presse et les chaînes télévisées consacrent une grande place au sport et aux athlètes, mais pas seulement pour leurs exploits. Comme toutes les célébrités, leur vie privée est étalée en long et en large. Se considérant comme importants, certains en viennent alors à écrire des autobiographies, à faire de la politique ou encore apparaissent au cinéma.
Chacun y trouve donc son compte, mais l’hypocrisie qui se cache derrière tout cet engouement massif ne semble déranger personne. Nous achetons les produits que les grandes entreprises nous exposent à travers les icônes sportives qu’elles se procurent pour de l’or. Une recette douteuse au niveau éthique, néanmoins efficace en termes économiques.
J. Weber