Le festival lausannois Jazz onze+ s’est déroulé sur deux espaces où les styles et les âges se sont mélangés et entrecroisés avec une note dédiée à l’Afrobeat. Le public venu pour se faire surprendre par des classiques toujours d’actualité et pour assouvir une soif de découverte était aux anges ; les deux espaces ayant offert aux nombreux amateurs de jazz une programmation digne de ce nom.
Mélanie Francioli
Dans la salle du casino de Montbenon se sont succédés de grandes étoiles du jazz, telles que le batteur de légende Roy Haynes, puis un saut de génération avec le jeune saxophoniste Joshua Redman, lionceau du jazz, et son Elactic Band. Dans un univers finalement très masculin, c’est avec une femme, Elisabeth Kontomanou et sa voix encore trop mal connue, que se parfait la crème de la Salle Paderewski.
L’Espacejazz s’est revêtu de velours et a offert à ses nombreux fidèles un tutti frutti d’artistes aussi captivants les uns que les autres.
Premier ingrédient pour faire prendre la sauce, et pas des moindres, The Herbaliser venu présenter son dernier album aux accents cinématographiques, « Take London ». C’est avec un beat qui résonne comme des coups de revolvers et des airs de course-poursuite qui retentissent dans toute la cité vaudoise mercredi soir, que le band nous a propulsé dans les bas-fonds londoniens.
Le + du festival aura incontestablement été Antibalas Afrobeat Orchestra programmé le vendredi soir. Pleine de saveur et pétillante à souhait, leur musique jazz, funk, afro nous a fait danser et nous a rappelé nos plus belles journées d’été. Antibalas, ça fait sourire sans trop qu’on sache pourquoi, ça réveille tous les instincts qui traînent dans le bas-ventre, ça fait bouger tous vos membres avant même que vous n’ayez le temps d’y réfléchir. C’était de toute beauté, cette foule unanime dans son adoration du rythme et des cuivres retentissants. La tête dans les nuages et les deux pieds bien ancrés au sol, on a eu droit à presque 3 heures de musique endiablée et de danse effrénée… Les teintes étaient parfois imposantes, voire presque arrogantes, avant de se tourner vers des morceaux aux accents plus sensuels. La chaleur des cuivres se mélangeant aux rythmes des percussions, il était difficile de rester de marbre face à un tel déluge de rythmes sauvages, d’envolées cuivrées et d’incantations diaboliquement soul. De la polyrythmie à revendre, de grands sourires fendus jusqu’aux oreilles partout dans la salle, on n’aurait pas pu demander mieux.
On n’a pu également découvrir la frappe diversifiée du batteur parisien Julien Charlet. Surprise amenant un peu de fraîcheur et un groove subtil à la programmation de l’Espacejazz, le batteur a amené toute son expérience tant dans le jazz suave que dans les beats dancefloor. Il s’est distingué en présence de ses potes Cyrille Bugnon et Patrice Moret en première partie pour une carte blanche, et plus tard en compagnie de Léo Tardin pour présenter son projet américain nu-jazz qui a lancé les déhanchés nocturnes du samedi soir.
Il n’y a pas à dire, l’Espacejazz est un festival à lui tout seul !
M.F.