J’ai fait deux séjours de trois semaines au Mexique à quinze ans d’intervalle. De ces voyages, j’ai retenu la beauté, les splendeurs, mais aussi les changements et l’évolution du pays. Lorsque l’on part visiter un pays d’Amérique latine, on s’attend à voir la misère et le chaos d’un pays sous-développé. Les enfants dans la rue, les trottoirs défoncés, tout cela existe bien, mais aujourd’hui, le Mexique, c’est plus que ça.
Une archéologie du XXIème siècle
Il y a tout d’abord les sites archéologiques aztèques ou mayas d’une beauté éblouissante. A Teotihuacán, situé pas loin de Mexico City, on peut admirer les pyramides de la Lune et du Soleil hautes à vous en donner le vertige à partir de la dixième marche. Si on persévère jusqu’en haut, une vue splendide de tout le site s’étale alors sous nos yeux et l’on peut voir la Calzada de los muertos, ou le temple du Quetzal papillon. Il y a aussi Palenque qui m’a émerveillée. Par des sentiers qui serpentent à travers la jungle et les cascades, on découvre un site immense, parfaitement bien aménagé, d’une verdure étonnante, et avec même (si on s’y attendait…) des poubelles de différentes couleurs pour trier les déchets ! Qui l’eût cru ? Parmi les autres sites, il y a aussi Cobá qu’il vaut mieux visiter sur l’un des vélos proposés à l’entrée vu la taille du site, Tulum et sa forteresse qui domine la mer turquoise des Caraïbes, ou encore Chichen Itzá avec le jeu de pelote et l’observatoire. Tous ces sites sont parfaitement entretenus et tous encore en pleines fouilles. De nouvelles pyramides, de nouveaux monuments sont régulièrement mis au jour, et bien d’autres attendent encore, camouflés par la jungle, mais que l’on devine entre les feuillages, sous des amas de mousse.
Vous avez dit révolution ?
En dehors des sites archéologiques, le Mexique, ce sont aussi des villes aussi différentes les unes des autres, aussi pleines de richesses, de beautés et de trésors. J’ai particulièrement apprécié Oaxaca, qui fait figure de havre de paix lorsque l’on vient de passer plusieurs jours à Mexico City. En arpentant ses petites rues calmes et colorés, on a toutes les chances de découvrir quelque petit magasin d’artisanat indien ou l’un de ces restaurants où l’on peut déjeuner à l’ombre d’un patio aux allures de serre tropicale. Les rues sont d’une propreté étonnante et les habitants, tellement accueillants ! Sur le zócalo, la place centrale, il y a même plusieurs dizaines d’indiens qui ont l’air de camper là depuis plusieurs jours semble-t-il, et qui sont poussés à manifester par quelques meneurs communistes. Et ce ne sont que discours revendicateurs et slogans braillés par les meneurs et répétés sans grand enthousiasme par les indiens.
L’identité du Mexique : les Indiens
Mais la ville qui m’a le plus marquée, est sans aucun doute San Cristobal de las Casas. Cette ville est un peu isolée et difficile d’accès puisqu’elle se situe en montagne. Elle est peuplée en majorité d’indiens qui sont semble-t-il assez mal vus des autres habitants parce qu’ils sont venus s’installer dans la ville après avoir été expulsés de leurs villages pour avoir changé de religion. Du coup, des problèmes de violence agitent la ville. Mais ce n’en est pas moins la plus belle et la plus surprenante ville que j’aie visité. Il y a le marché où l’on trouve de tout : fruits et légumes, chile, épices, herbes guérisseuses, animaux vivants de toutes sortes, blouses brodées indiennes, bijoux, et j’en passe. Un éblouissement de couleurs et de senteurs. Il y a aussi les villages avoisinants peuplés uniquement d’indiens qui pratiquent une religion des plus étonnante dans laquelle les pratiques catholiques se mêlent aux croyances indiennes et où l’église sert à des sacrifices et autres ablutions rituelles avec les sorciers.
Mais encore…
J’aurais encore tant à dire sur ce pays. Mais pour résumer, ce qui m’a le plus frappée, c’est cette évolution, ces changements opérés en quelques années seulement et qui font du Mexique un pays à la fois sûr de ses racines, qui cultive avec foi ses traditions, et à la fois un pays en marche, tourné vers l’avenir, et dont bien des pays « industrialisés » devraient
prendre de la graine.
Anne Marie Trabichet
Photos par Anne Marie Trabichet
Teotihuacán, la pyramide de la Lune, moins haute que celle du Soleil, mais pas moins impressionnante.
La forteresse de Tulum sur fond turquoise, un site qui ne ressemble à aucun autre.
Une de ces rues à Oaxaca, si propre, si paisible, si colorée.
Le marché de San Cristobal : de tout, mais surtout des Indiennes.