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La Communauté de la Roulette

Si le Skate Park d’Echallens peut souffler sa première bougie cette année, c’est grâce à Riskass (pour Roller In-line Skateboard Association). Association non lucrative et bande de copains avant tout, Riskass se réjouit aujourd’hui d’offrir la possibilité à tous les jeunes de la région du Gros-de-Vaud d’exercer leur passion des sports à roulettes.

Tout a commencé en 1997, lorsqu’une dizaine de copains passionnés de roller et de skate bâtissent le skate park Colysée Home dans un entrepôt prêté par un industriel local à Goumoens-la-Ville, petit village situé au cœur du Gros-de-Vaud. Cette première expérience ne durera malheureusement que cinq ans. En 2002, victimes des affaires florissantes de leur locataire, les responsables du skate park sont priés de restituer les locaux. Mais durant son existence, le Colysée Home a vu se former un noyau dur, regroupant les skaters les plus doués et les plus passionnés réunis sous le label Team Colysée Home. Lorsque son antre ferme ses portes, le Team est déterminé à fonder un autre skate park. Ils se lancent alors à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil. C’est la capitale du Gros-de-Vaud Echallens qui accepte, sous la pression des communes environnantes, de mettre un espace libre à disposition des jeunes skaters. C’est à ce moment que, pour des raisons administratives, le Team Colysée Home se transforme en une association à but non lucratif : Riskass.

Depuis 1997, le contingent de l’équipe a évolué, mais l’envie et la motivation sont les mêmes. C’est ainsi que pendant de longs mois, les onze membres de Riskass travailleront sans relâche pour faire naître leur projet. L’association finance elle-même la construction des infrastructures, les fonds provenant des cotisations des membres et des dons de personnes ou de groupements bienveillants de la région. C’est en août 2004 que l’association peut fièrement ouvrir les portes de son Skate Park, et faire de ce fait le bonheur de toute une jeunesse en manque de terrain de jeu. Christophe et Julien, 18 ans tous les deux et pratiquant le skate depuis 6 ans, apprécient fortement le travail de Riskass : « Nous venons au Skate Park plus de deux fois par semaine et ce que nous apprécions le plus, confient-ils, c’est que la place a été aménagée par de vrais connaisseurs, contrairement aux autres park de la région qui ont été construits par des entreprises ». Les deux jeunes skaters sont en outre parfaitement conscients que sans Riskass il n’y aurait pas de Skate Park à Echallens, eux qui, il y a quelques années, avaient reçu une réponse négative de la commune à leur initiative lancée pour la construction d’une aire réservée aux sports à roulettes. L’impact de Riskass a donc servi de véritable déclic à un mouvement déjà présent dans la région.

Cette année, pour fêter le premier anniversaire du Skate Park, Riskass a organisé le « Music and Skate Festival 05 », manifestation regroupant concerts, concours de figures et autres réjouissances. Pour John, 29 ans, qui était déjà présent lors de la construction du Colysée Home, le festival est « une preuve pour les gens de la commune qu’une bande de jeunes est capable de s’organiser et de mettre sur pied un projet sérieux ». « Mais le festival sert aussi de publicité et de nouvelle source de motivation », s’empresse d’ajouter Jean-Luc, 22 ans, autre membre de Riskass.

Les membres de l’association consacrent quelques heures par semaine à l’entretien des structures du Park. Le succès de leur entreprise leur a cependant permis d’étendre leur champ d’action. Riskass a ainsi développé de nouveaux secteurs d’activité, notamment dans le domaine du multimédia (création d’un site Internet, productions vidéo) et du merchandising avec le lancement il y a quelques mois d’une ligne de vêtements qui a pour mission de faire connaître l’association. « Se diversifier et trouver d’autres intérêts que le sport font partie des buts de notre groupe » déclare Dimitri, 23 ans, l’un des responsables du secteur merchandising. C’est dans cette optique que Riskass s’est engagé à organiser une partie de la manifestation « 72 heures pour agir », qui a pour fin de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer.

« Mais  le véritable leitmotiv de l’association reste de promouvoir les sports de glisse dans la région », relève Dimitri. Et John de conclure : « Ce qui compte aussi beaucoup pour nous, c’est que tous les membres de Riskass puissent se voir au moins une fois par semaine pour skater ensemble ou simplement pour le plaisir de se retrouver entre nous ! ».
Didier Nieto
(Information et contact : www.riskass.com)

Photo Didier Nieto

Skate

Portrait

Sa nouvelle vie, le papier

Gregor Graf, 69, ans habite Bienne depuis 40 ans. Grand-père, retraité depuis quatre ans, il insiste sur le fait que ce n’est pas un statut qui lui convient. Ex collaborateur d’une entreprise de la région seelandaise, il consacre son temps à l’alchimie de la fabrication du papier. Interview :
Propos recueilli par Viviana von Allmen

D’où vient votre passion pour la reliure?
C’est une vielle histoire. Tout petit je peignais. J’ai toujours aimé bricoler. Il y a vingt ans, j’ai suivi un cours de fabrication artisanale de papier, à Berne. Cette méthode m’a tellement fasciné que je suis resté amoureux du métier. Par la suite j’ai pris des cours de perfectionnement.

Qu’est ce qui vous passionne dans la reliure ?
D’une part, la création avec les mains d’ouvrage que nous pouvons lire ou dans lesquels nous pouvons écrire, mais aussi la procédure pour y arriver. Spécifiquement dans la reliure, il faut accomplir un travail de précision qui implique une grande concentration. Pour créer mes cahiers et mes livres je suis devenu complètement polyvalent . Je fabrique le papier, alors c’est là que commence une relation indescriptible : le papier me fascine je le trouve sensuel. Pour avoir un choix, j’ai appris à fabriquer du papier à l’aide de diverses matières. Celles-ci peuvent être des jeans, du blé, du gazon, des carottes et d’autres fibres naturelles.

Y a-t il une relation entre la chimie et la reliure ?
Non, contrairement à la reliure, la chimie exige une pensé analytique. Or dans le métier de relieur le plus importante est la perception de la matière et la fantaisie.

A l’heure d’internent qui peut encore s’intéresser à la reliure ?
Le marché est petit, exclusif et élitaire. Pour se faire un nom, ce qui n’est pas mon cas, il faut être un maestro. Pour ma part, je rencontre un grand nombre de gens, en majorité des femmes, qui s’intéressent au livre réalisé d’une manière artisanale. J’aurais l’opportunité de travailler à plein temps mais ça me suffit ainsi.

Comment créez-vous une reliure?
Dans le cas d’une création tout commence par le choix du papier que je veux employer. Ce qui demande beaucoup de réflexion. Je fais du papier en diverses matières et ainsi avoir un assortiment. Je coupe le papier au format voulu, après vient le choix du matériau pour la couverture que je coupe, plie et colle. Ensuite l’ensemble va sous presse, c’est alors que je dois prendre la décision de coudre ou de coller, avant que l’ouvrage n’aille de nouveau sous presse. La partie finale sera de décorer ou de donner une forme unique et particulière au livre. C’est alors que le modeste créateur que je suis ressent une fierté indescriptible devant son œuvre.

Photos: Viviana von Allmen

Cahier rond