Reportage

Une bibliothèque de proximité

Chaque été, le livre a une place particulière dans les sacs que ce soit pour partir en vacances, pour flâner en ville ou encore pour profiter du soleil à la plage. Les enquêtes à son sujet se multiplient. Certaines estiment que la lecture diminue, particulièrement chez les jeunes. Qu’en est-il réellement ? Reportage dans une bibliothèque régionale pour découvrir un début de réponse.
Nolvenn Gambin

La Bibliothèque publique de la Veveyse est un peu plus grande qu’une salle de classe. Elle propose quelques 19’000 ouvrages. Sa particularité est sa cohabitation avec le Cycle d’Orientation de la Veveyse. « C’est une bonne chose » souligne Janine Nanzer, la bibliothécaire. « Les jeunes nous demandent souvent de commander de nouvelles séries, comme les Mangas. On aime beaucoup car nous ne somme plus vraiment dans le coup ! » Enthousiaste et passionné sont les mots pour décrire son travail.
La bibliothèque propose diverses activités. Chaque été, elle participe au Passeport Vacances Veveyse. Le mercredi matin est réservé aux contes. Et à l’occasion du salon du livre, une table met à l’honneur une sélection de livres du monde. La disposition des ouvrages est soignée. « La majorité des gens réagissent au coup de cœur. » explique-t-elle.
Des adolescents arrivent. L’un d’eux l’interpelle : « y sont où les chaires de poule m’dame ? » Gabriella fait ensuite son entrée. Cette écolière de dix ans profite de son mercredi après-midi pour plonger dans les livres. Maricela, 13 ans, vient durant l’heure d’étude pour emprunter quelques ouvrages. « Une fois j’ai eu envie de lire autre chose que des albums Picsou » raconte-t-elle. Aujourd’hui, elle lit un livre par jour et son grand problème est d’en trouver des nouveaux. Claudine arrive avec ses trois garçons. « Souvent c’est eux qui me demandent de venir » dit-elle. Elle essaie de leur donner envie de lire. « Et ce n’est pas facile, surtout avec le dernier qui a 14 ans. » ajoute-t-elle « Ça marche avec des livres pas trop conséquents. » Une classe d’élèves non-francophones arrive. Ils viennent chaque mois pour avoir un contact avec des livres en français.
À force d’entendre que les jeunes désertent la lecture, il est surprenant d’en croiser autant. Au fil des rencontres, le stéréotype de la bibliothèque vide et silencieuse disparaît. La bibliothèque, c’est aussi un lieu de partage où les jeunes et moins jeunes se côtoient, s’assoient seul ou en groupe, se plongent dans la lecture ou encore regardent des images.
La mort du livre ? La bibliothécaire n’y croit pas : « Les gens aiment avoir le livre dans les mains. Ils ont besoin de cette relation entre le papier, l’écriture… » Depuis son ouverture, la bibliothèque ne désemplit pas. Christine, une grande assidue de la bibliothèque met en avant ses points forts : « C’est appréciable, car une petite bibliothèque a de nombreux avantages. On peut emprunter de grande quantité et si on a du retard, il suffit d’appeler ». L’année passée, le nombre d’adhérent a connu une hausse de 9%. Être proche des gens et à leur écoute sont les clés du succès pour cette bibliothèque de proximité.

 

Eclairage

Le prix est un cheval de bataille.

L’arrivée des hard-discounters en Suisse va-t-elle changer notre consommation ? Celle-ci se tourne de plus en plus vers des produits écologiques. Migros comme tous ses concurrents développent différentes gammes répondant à ces nouveaux besoins.
Entretien avec François Berthoud, responsable de vente régional à Migros Vaud pour faire un tour d’horizon de la consommation actuelle.
Nolvenn Gambin

Quels sont les plus importants projets de Migros Vaud ?
Le premier grand débat concerne la relève. Migros Vaud manque de cadres moyens et supérieurs. Le deuxième sujet porte sur le développement du chiffre d’affaire. Le contexte commercial dans lequel nous évoluons est difficile. Il se définit par la pression du consommateur sur la baisse des prix, l’arrivée de Lidl et Aldi et le réveil tardif de la Coop.

Selon vous, n’y a-t-il pas un manque de concurrence en Suisse du au monopole de la Migros et de la Coop ?
Pour moi, il y a assez de concurrence (sourire), mais je sais que ce n’est pas l’opinion générale. La situation suisse est assez unique en Europe. La Suisse est le pays où il y a le plus de surface commerciale par habitant. Cette forte présence commerciale est principalement occupée par deux coopératives, Migros et Coop, dont les profits restent dans le pays.
Les commerces étrangers ont quant à eux de la peine à s’implanter en Suisse à cause de la solide présence de Migros et Coop. Leur seconde difficulté concerne la législation suisse qui n’est pas facile à suivre. Par exemple, un produit doit avoir toutes les informations le concernant en trois langues. D’ailleurs, vous verrez que Lidl et Aldi proposent des produits uniquement en allemand. Ils ne suivent pas, pour l’instant, la directive législative.

Quels est le plus grand concurrent de Migros ?
Coop est notre premier concurrent et va le rester malgré l’implantation de Lidl et Aldi. D’après nos calculs, ces derniers ne prendraient au mieux que 5% du marché.

Quelle est alors la réaction de Migros?
Le prix est un cheval de bataille. Car la bataille des prix ne fait que commencer avec l’arrivée des hard-discounters. La première démarche fut de développer M-Budget. Il y deux ans, Migros proposait 200 produits siglés M-Budget. Aujourd’hui, nous avoisinons les 600. C’est notre arme contre les hard-discounters. Nous segmentons aussi beaucoup plus clairement l’assortiment des différentes gammes. Pour terminer, nous suivrons les prix proposés par Aldi et Lidl.

Comment gérez-vous le gaspillage ?
Concernant le gaspillage, c’est ma responsabilité de trouver un équilibre. C’est difficile car si un magasin n’a pas de déchet nous considérons qu’il n’a pas reçu assez de marchandises. Face aux aliments en péremption, nous avons deux solutions. La première est la vente au collaborateur, la seconde : la donation. Nous collaborons avec l’association Table suisse qui donne des repas aux personnes dans le besoin.
Concernant l’engagement écologique, Migros propose un large éventail de produits (Max Havelaar, MSC, TerraSuisse, etc.) existe-t-il de réelles différences entre toutes ces appellations ?
C’est vrai que c’est un peu une jungle. Je comprends que le consommateur ait de la peine à s’y retrouver. Mais il est demandeur de ces appellations. On ne peut plus passer à côté d’engagements et tant mieux ! On va vers une consommation plus réfléchie.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre commerce international et régional ?
La gamme « de la région » sont des produits vaudois. C’est un programme qui permet de garder une proximité. C’est un sacré problème sur le plan concurrentiel. On ne peut plus parler de prix, mais de valeur supérieure.
Ce débat entre produits internationaux et régionaux s’étend sur la consommation d’aliment hors-saison. Récemment, l’action engagée par « Ras-la-fraise » encourage les gens à ne pas acheter de produit hors-saison. Nous sommes tout à fait d’accord avec leur principe, mais en tant qu’acteur économique, nous sommes obligés d’avoir le produit proposé chez la concurrence. C’est au consommateur de changer, car l’industrie n’arrivera pas à le faire.

Quels sont, selon vous, les produits de demain ?
Pour moi, il y a deux courants forts : les alicaments et le convenience. Le consommateur est à la recherche d’un produit vite consommé mais qui apporte un plus, comme le bifidus dans le yoghourt. L’hyperconsommation sans réfléchir arrive au bout. L’environnement de notre planète va prendre de l’importance dans notre consommation. Les grands centres commerciaux risquent de perdre en faveur d’un retour vers les commerces de proximité. Je pense que le changement viendra du consommateur. Si les gens consomment différemment, l’industrie suit.