Concerts

Les festivals de l’été 2009

Alors que tout le monde est déjà dans la file pour le Festi’Neuch et a son billet pour le Paléo, la programmation de l’été réserve encore de très belles surprises. Détailler chaque festival un à un aurait été plus qu’impertinent, nous vous en offrons donc un alléchant aperçu.

Procédons dans l’ordre chronologique des événements. Alors qu’on sera encore en train de  réparer les dégâts causés par le passage de l’ouragan Festi’Neuch que le Caribanna ouvrira ses portes du 10 au 14 juin. Les scènes de Crans-sur-Nyon tremblerons sous  le poids des légendes ZZ Top ainsi que celui de groupes plus jeunes, comme Lovebugs, le duo Madcon, Travis ou encore la californienne Katy Perry.
Programmé sur le même weekend mais définitivement orienté vers un style plus radical, le Greenfield Festival d’Interlaken verra se produire plusieurs célébrités, qu’elles soient réputées violentes, comme Slipknot ou Korn, ou plus accessibles à l’instar des Ting Tings ou Gogol Bordello. L’abonnement trois soirs (du 12 au 14 juin) inclut le voyage en train depuis toute la Suisse.
La fête continuera à l’Open Air de St-Gall, du 26 au 28 juin avec un programme varié comprenant Nine Inch Nails, The Streets, Cypress Hill, ainsi que les Yeah Yeah Yeahs. Ces derniers feront ensuite un détour en France voisine, aux Eurockéennes de Belfort qui se tiendront du 3 au 5 juillet. Un détour qui pourrait aussi en valoir la peine pour les festivaliers suisses. Le festival français accueillera en effet des artistes de renommée mondiale : The Prodigy, Kanye West, Mos Def, NTM mais aussi Peter Doherty, The Ting Tings, Olivia Ruiz et consorts. A noter que Belfort est a seulement 30 kilomètres des limites du Jura suisse, pour ceux à qui il faudrait un argument supplémentaire.
A côté d’une grande sélection de jazz et de musiques du monde, l’affiche du Montreux Jazz proposera quelques curiosités comme les Black Eyed Peas, Bloc Party, Lily Allen, Jedi Mind Tricks, Lauryn Hill et Seal. Etendu du 3 au 18 juillet, le festival offrira comme chaque année des concerts et d’autres activités gratuits.
Dans une lancée décidément plus hip-hop, l’Openair Frauenfeld régalera les fans du genre avec Kanye West, The Game, 50 Cent, Lil Wayne, et autres Madcon et Jedi Mind Tricks qui seront restés en Suisse pour l’occasion. La 15e édition de l’événement aura lieu du 10 au 12 juillet et mettra également en scène les fiertés suisses, avec notamment le rap romanche de Liricas Analas.
La capitale verra se produire quelques inédits, dont Ska-P, Franz Ferdinand, Oasis et les récents gagnants de deux Brit Awards, Kings of Leon. C’est au Gurten Festival que l’on pourra tous les retrouver, du 16 au 19 juillet à deux pas de Berne.
Les fameuses «Rock’oz» d’Avenches feront la clôture de la saison musicale du 12 au 15 août avec la fureur de The Offspring, la fraîcheur de Grégoire et un concert de rattrapage pour ceux et celles qui auraient par deux fois raté les norvégiens de Madcon.
L’été aura également son lot de sensations fortes avec deux événements de sports extrêmes. Le premier, le Free4Style, se tiendra du 3 au 5 juillet à Estavayer-le-Lac et mettra à l’honneur tant le jet-ski, le wakeboard, que le freestyle motocross (FMX). Le second, le freestyle.ch, offrira les compétitions de skateboard, également de FMX mais surtout celles de ski et snowboard freestyle grâce à une gigantesque rampe enneigée de «big air», le tout à Zurich, du 25 au 27 septembre.

NIFFF 2009
La neuvième édition du Neuchâtel International Fantastic Film Festival envahira les salles obscures du mardi 30 juin au dimanche 5 juillet. Le NIFFF est comme chaque année l’événement à ne pas manquer pour tous les fans. C’est aussi une très bonne manière pour les simples badauds de s’immiscer avec curiosité dans cet univers fascinant. Cinéma fantastique, d’horreur, asiatique ou courts-métrages, plus d’une centaine de films seront sur les écrans (en salle ou open air) pour le plus grand bonheur du public que l’on espère au moins aussi nombreux que l’année dernière (20’000 personnes en 2008). En plus des compétitions ordinaires, trois programmes extraordinaires seront à l’honneur : une rétrospective consacrée au visionnaire producteur américain William Castle, un programme «Category : III» dédié à l’équivalent hongkongais de notre cinéma réservé aux adultes, politique, violent ou érotique, et pour ceux qui auraient, comme le jury 2008, apprécié le talent de Tomas Alfredson et son «Let the Right One In», un programme «Sueurs froides» qui mettra à l’honneur le cinéma scandinave. Autant de bonnes raisons de profiter du calme et du frais des salles obscures en cette période de canicule.
T.Z.

Mode de vie

Squats artistiques: les nouveaux musées?

Le début des années 80 marque une période de nouvelles expériences de rapport à l’art dans des espaces inédits. En effet, le paysage culturel occidental et en particulier européen s’est modifié avec l’arrivée des squats dans des villes comme Copenhague, Berlin, Amsterdam ou encore Paris. « Squat » est un terme anglophone qui signifie littéralement « s’accroupir ». Le squat est donc non seulement une action (squatter*1*), mais également par extension, le nom que l’on donne à l’endroit où se manifeste cette action. De manière générale, le squat, c’est le fait de s’installer illégalement dans un lieu inoccupé.

Un squat peut héberger une seule personne, mais aussi plusieurs dizaines ; ainsi ce lieu peut être un appartement ou alors, plus souvent, une friche industrielle. Il y a différents types de squats : le squat politique d’habitation qui ne nous intéresse pas directement ici, et le squat d’artistes (ou squarts)  sur lequel se portera mon intérêt dans cet article. Il faut préciser qu’un squat d’artistes peut tout de même être né d’une action politique. 
Pour un artiste, le fait de résider illégalement*2*  dans un squat permet de trouver un endroit où créer en utilisant un large espace, sans frais et bien souvent fréquenter par des visiteurs. Anisi, nous mettons ici le doigt sur ce qui a motivé la rédaction de cet article : un squat d’artiste qui s’ouvre au public, exposant ainsi certains objets, devient ou tout au moins moins ressemble, en de nombreux points communs, à une institution muséale. Cependant certains autres éléments poussent à affirmer le contraire. Quelle place occupent donc les squats d’artistes dans le paysage culturel occidental ? Ces nouveaux lieux d’exposition sont-ils automatiquement les nouveaux lieux de la muséologie ? Qu’est-ce qu’un squat d’artistes ouvert au public a comme relation avec le milieu muséal ? Quelles formes d’art y trouve-t-on? Qu’est-ce qu’on y préserve ? Etc.
Mon article n’a pas la prétention de donner une réponse à la question de savoir si un squat d’artistes peut être considérer comme une forme muséale ou pas ; l’objectif ici est de faire le tour du sujet de manière générale, en vérifiant l’état de la littérature et en mettant ainsi en lumière des éléments constitutifs de cette expérience de rapport à l’art et à l’exposition que constituent les squats. Somme toute, nous analyserons ici le fait de vivre, créer et exposer, dans le même lieu.

Un art engagé :
Lorsque l’on parle des squats artistiques on entend souvent les termes d’art engagé et alternatif contre la société de consommation. En fait, ce n’est pas uniquement l’œuvre d’art elle-même qui représente une critique active de la société de consommation, mais c’est toute l’action de squatter qui incarne cet engagement de protestation : c’est-à-dire le fait d’investir un lieu illégalement, d’y vivre, d’y créer et d’y exposer diverse formes d’œuvres d’art. Ainsi on peu envisager l’action en trois temps principaux. :
Premièrement, les collectifs d’artistes critiquent le manque de lieux de création et de diffusion des pratiques culturelles. Par exemple, pour les arts plastiques on dénombrait en l’an 2000 : 1600 ateliers à Paris, dont 400 financés par l’Etat, et 1200 appartenant à la ville de Paris*3* . Ceci entraîne le fait que les ateliers d’artistes de la capitale deviennent un luxe que peu de jeunes platsticiens peuvent s’offrir. Ainsi, l’occupation illégale des bâtiments manifeste un refus citoyen de la spécialisation des centres-villes autour de leurs fonctions commerciales et de services. En effets, les centres-ville ont une forte tendance à déporter l’activité artistique vers les franges urbaines ou dans les faubourgs.
Deuxièmement, on dénote bien souvent que les oeuvres qui voient le jour dans de nouveaux lieux culturels sont des objets qui matérialisent la critique de la société de consommation. Une œuvre est alors, en quelques sortes, le porte parole de la politique culturelle de l’artiste squatteur.
Troisièmement enfin, l’exposition des œuvres permettrait selon les squatteurs de faire mieux respirer la ville. En effet, métaphoriquement, l’œuvre percerait un trou d’aération dans la chape de plomb qui étouffe les centres-villes dans leurs activités de commerces et de services. Le partage des œuvres avec les visiteurs donneraient à ces derniers l’opportunité de respirer un air nouveau et plus pur que celui de leur quotidien. Ainsi, l’œuvre d’art exposée incarnerait un discours silencieux*4* .
Un squat pourrait alors avoir en tout cas un point commun avec un musée, à savoir être au service de la société et de son développement, en transmettant des messages d’éducation et de délectation. Les squats évitent le rapport marchand et offrent un contact alternatif entre le public et les artistes. Ce sont des lieux où les initiatives s’interrogent et nous interrogent sur les transformations sociales et économiques que connaît notre société, notamment en laissant d’immenses friches industrielles à la déséhrence et en les supposant inutiles ou obsolètes.

Vivre, créer et exposer dans le même lieu :
Les artistes qui créent dans un squat n’y vivent pas forcément. Certains ont donc un chez soi ailleurs. Toujours est-il que d’autres vivent dans le squat. Certains ont de vraies chambres et d’autres de simples matelas posé dans un coin d’atelier. Pourtant les conventions qui s’appliquent aux squats artistiques par les municipalités disent souvent que le bâtiment ne doit pas être un lieu d’habitation. Mais les squatteurs arrivent à se défaire de ces fragiles conventions*5*  puisque le squat est un phénomène mouvant et éphémère : des artistes quittent les lieux et d’autres arrivent. Les pouvoirs publics sont alors complètement perturbés car ils ont besoins d’interlocuteurs stables pour s’assurer une continuité dans les engagements pris. Ainsi, les squatteurs continuent à habiter le squat.  Parfois ceux-ci s’affichent derrière une image romantique ou branchée, mais ils connaissent des conditions de vie précaires. En effet, ils doivent souvent faire face à des contraintes et des difficultés matérielles : vivre sans eau, électricité et chauffage. Ils doivent aussi apprendre à vivre en groupe. En sus ils subissent généralement une répression importante, suivie souvent d’expulsions.
En ce qui concerne leurs créations, elles émanent généralement de pratiques telles que la photographie, la peinture et la sculputre. Mais on trouve de plus en plus souvent des œuvres d’une tout autre nature, notamment des créations multimédias, des spectacles de danse, des pièces de théâtre ou encore des concerts de musique. Mais revenons sur ce qui nous intéresse davantage pour cet article, notamment avec l’étude du mode d’exposition d’un squat. L’exposition est-elle travaillée de la même manière que dans un musée ? …
T.B.

Pour connaître la réponse rendez-vous à l’édition du mois de juillet.
*1*Le squat d’artiste est parfois appelé «squarts» : mot né de la contraction de squat et artiste (ou arts).
*2*L’illégalité des squats d’artistes doit gentiment être relativisée. En effet, quelques squats artistiques connaissent une reconnaissance institutionnelle depuis 2002. Cette reconnaissance s’est fait au travers de festivals qui leurs sont destinés (ex : le festival Arts et Squats)
*3*Citation issue de : La Politique en faveur des arts plastiques, présentée par Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication, le jeudi 10 février 2000.
*4*Bien souvent un discours de protestation.
*5*Le moteur principal de la création de ses conventions est la nécessité de faire travailler les artistes dans de bonnes conditions de sécurité et de légalité.