Hockey sur glace

Une finale de rêve

HOCKEY SUR GLACE LNB – Dans l’édition de février, nous avions pronostiqué une finale entre le Hockey Club La Chaux-de-Fonds (HCC) et le Lausanne Hockey Club (LHC). Et bien forc est de constater que nous n’avions pas tout tort! Petit retour sur cette finale de LNB qui a tenu toutes ses promesses…

Le HCC et le LHC étaient partis avec les faveurs de la cote lors des premiers coups de patin en septembre 2008. Pas étonnant vu les effectifs à dispositions de chacune des deux organisations! A la fin de la saison régulière, les deux clubs romands n’ont pas déçu, terminant respectivement aux troisième et première places. Nous avions alors tenté le jeu risqué (quoique, tant la domination des deux équipes durant la saison régulière étaient forte) des pronostiques: La Chaux-de-Fonds et Lausanne « devaient » se retrouver en finale. Et ils ne se sont pas fait prier!

Le HCC a pris la mesure du rugueux Langenthal (victoire 4-1 au meilleur des 7 matches), qui s’est bien rebiffé lors du quatrième match sans pour autant créer de sérieux problèmes aux Neuchâtelois. Ensuite, la phalange chaux-de-fonnière s’est débarrassée sans ménagement de Viège 4-0. Les fans des Mélèzes ont une fois de plus démontré qu’ils ne portaient pas l’ex-Lausannois Cory Pecker (par ailleurs transparent dans cette série) dans leur cœur… Les gens des Mélèzes étaient alors en finale!

Le LHC a quant à lui d’abord éprouvé mille peines pour venir à bout de Thurgovie en quart de finale. En effet, la troupe de Erwin Kostner n’avait plus rien à perdre (l’objectif « play-off » était atteint) et ne s’est pas fait prier pour mener 2-0 dans une série qu’ils ont finalement perdu 4-2. Cette alerte a eu le mérite de réveiller les lions lausannois, qui ont ensuite avalé tout cru un HC Ajoie dont la première ligne Barras-Desmarais-S. Roy était « grillée ». Ce qui propulsa les Vaudois en finale!

Cette finale fut spectaculaire, haletante, technique, physique, stratégique, bref, tout simplement exceptionnelle entre deux équipes qui n’ont rien lâché. Voyons tout ce la plus en détail match par match.

Acte I, patinoire de Malley: devant 9000 spectateurs, le HCC prends un mauvais départ en étant rapidement mené. Pas désappointées pour autant, les Abeilles parviennent tant bien que mal à faire douter les Lausannois en maintenant un score serré. Mais cela ne s’avère finalement pas suffisant pour combler le retard initial. Lausanne – La Chaux-de-Fonds: 1-0 dans la série.

Acte II, patinoire des Mélèzes: dans une ambiance moins surchauffée qu’en terres vaudoises et devant « seulement » 5210 spectateurs, les Abeilles parviennent à égaliser dans la série au terme d’un match plein: victoire nette 5-1 avec un grand Todeschini dans les buts et une défense solide. 1-1 dans la série.

Acte III, patinoire de Malley: dans une ambiance de folie, les Neuchâtelois, mis en confiance par la nette victoire de l’acte II, parviennent à remporter le match 4-3 après avoir pourtant à nouveau été rapidement menés. Combatifs et solidaires, les hommes de Gary Sheehan prennent l’avantage dans les 2 dernières minutes du second tiers temps pour ne plus lâcher leur os. 1-2 dans la série.

Acte IV, patinoire des Mélèzes: pour la première fois de la saison, les joueurs chaux-de-fonniers jouent à guichets fermés devant leur public (record d’affluence, 6880 spectateurs). Peut-être impressionnés par un tel engouement, les Abeilles réalisent un non-match dans les 2 premiers tiers-temps et sont menés 4-1 (premier but à nouveau encaissé après 5’!). Dépassés physiquement et malmenés par un duo Bekar-Tremblay de feu, les Neuchâtelois parviennent néanmoins à revenir à 4-3 à la 51ème minute avec 2 buts marqués en 54 secondes. Mais malgré ce sursaut d’orgueil, le HCC s’incline finalement 3-5. 2-2 dans la série.

Acte V, patinoire de Malley: dans une patinoire à nouveau comble, les Chaux-de-fonniers parviennent cette fois-ci à prendre l’avantage au score contre le cours du jeu. Mais la réaction vaudoise ne se fait pas attendre et le HCC se retrouve mené 2-1. La troupe de Sheehan parvient cependant à se reprendre et à renverser la situation en reprenant l’avantage dans le tiers médian. Mais poussés par leur formidable public, les Lions se rebiffent et enfilent 3 goals à La Chaux-de-Fonds dans le dernier tiers-temps, alors qu’ils sont pourtant privés de Bekar sorti sur blessure à la 40ème. 3-2 dans la série.

Acte VI, patinoire des Mélèzes: en jouant à nouveau à guichets fermés, la troupe des Mélèzes est bien décidée à ne pas laisser Lausanne remporter le titre chez elle. Les espoirs sont légitimes, d’autant plus que le LHC est privé de Bekar, blessé à l’épaule. Mais un Thomas Rüfenacht déchaîné va enterrer les Chaux-de-Foniers à lui tout seul en marquant 3 buts à la suite dans le premier tiers. Fidèle à ses mauvaises habitudes, le HCC encaisse à nouveau le premier goal àprès 2 minutes. Mais les gens du Haut n’abdique pas et reviennent à 2-3 grâce à 2 buts marqués en 1’19’’. Mettant une formidable pression sur le but de Tobler, les gens des Mélèzes tentent le tout pour le tout en sortant leur gardien pour la dernière minute du temps réglementaire. En vain: Tremblay, qui aura été le bourreau du HCC – avec Rüfenacht et Tobler –, part scellé le score dans les filets désertés par Todeschini. Lausanne remporte le titre devant des spectateurs chaux-de-fonniers médusés.

Un constat s’impose au terme de cette finale palpitante: les deux équipes méritaient d’aller en LNA. Mais les 6 kg par joueur que les Chaux-de-fonniers rendaient aux hommes du duo Yake-Kossman et leur manque de fraîcheur physique leur aura finalement été fatal: le HCC a perdu trop de duels pour pouvoir prétendre à mieux. Mais il y a indéniablement un progrès par rapport à la saison passé: il ne manque que quelques petits détails à régler. Ce qui semble déjà être en bonne puisque le HCC a annoncé notamment l’engagement de l’ex-ajoulot Nico Spolidoro pour mettre plus de poids dans son effectif. Le futur lausannois Jonathan Roy aura par contre déçu par son manque inhabituel d’efficacité: il  a été incapable (et ce n’est pas le seul) de concrétiser ses occasions seul face à Tobler (dont il faut souligner le mérite).

Quant au LHC, il n’a de justesse pas réussi à concrétiser son rêve de promotion. En effet, les Lions se sont inclinés 4-3 dans la série face à Bienne, après avoir pourtant mené 2-0. Les Vaudois ont perdu leurs nerfs dans le septième  match décisif.

Dès lors, cela promet de belles retrouvailles la saison prochaine entre le HCC et le LHC. Chacun des deux clubs romands ayant perdu des joueurs importants, nous verrons qui réussira le meilleur recrutement.
T. N.

Eclairage

L’affaire Siné

Un journaliste qui n’a pas sa langue dans sa poche, un rédacteur en chef qui retourne sa veste, un questionnement sur la liberté d’expression et sur l’antisémitisme : voilà tout les ingrédients que l’on retrouve dans « L’affaire Siné ». A l’issue de cette sombre histoire, un point positif : la naissance d’un nouveau journal satirique.

Pour commencer, il convient de parler de l’homme qui est au centre de toute cette histoire.
Dans le milieu de la presse satirique, on ne présente plus Siné : Caricaturiste et dessinateur de talent, anarchiste pur et dur, Maurice Sinet (de son vrai nom) est une figure emblématique du journalisme engagé. Très tôt, il s’intéresse au dessin de presse et publie ses premières illustrations dans France Dimanche en 1952. Son coup de crayon et sa virulence sont très rapidement admirés puisqu’il reçoit le grand prix de l’humour noir la même année. Tout au long de sa vie, le bonhomme s’insurge contre la guerre, le racisme et l’Etat français, ce qui lui vaudra plus d’un ennui avec les autorités : en 1963, il est viré de L’Express pour ses propos anticolonialistes en pleine guerre d’Algérie. Bien décidé à exprimer ses opinions sur le conflit, il crée Siné Massacre, journal résolument anarchiste et anticlérical, jetant un regard corrosif à l’égard de l’état français. C’est en 1981 qu’il rejoint l’équipe de Charlie Hebdo, où beaucoup  pourront apprécier sa verve dans sa célèbre chronique Siné sème sa zone. Le journal s’éteint, mais rejaillit de ses cendres en 1992 avec une nouvelle rédaction, composée notamment Philipe Val, actuel rédacteur en chef. Siné fait à nouveau partie de l’équipe, mais dès le départ, il a quelques frictions avec les nouveaux patrons.

Revenons maintenant sur les faits : le 2 juillet 2008, dans une rubrique de Charlie Hebdo, Siné fustige Jean Sarkozy en le taxant d’arrivisme. Les mots de siné sont les suivants : «.. il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! ».
L’attaque contre le jeune Sarkozy concerne donc son opportunisme, rien de plus . À partir de là, tout s’enchaîne : le 8 juillet, dans une émission de radio, Claude Askolovitch, journaliste du Nouvel Observateur, qualifie l’article de Siné d’antisémite (Jean Sarkozy, lui, n’a simplement pas réagi à l’article sur le moment). Philipe Val, le rédacteur en chef, sous le prétexte de craindre un procès de la famille Sarkozy, prie Siné de publier une lettre d’excuse. Celui-ci accepte, mais se rétracte en apprenant que le texte devra être publié à côté d’un autre texte, signé au nom de toute la rédaction de Charlie Hebdo, se disant désapprouver unanimement la chronique. Pour Siné, c’en est trop, Il dit trouver cette mesure « dégueulasse » et  préférer « se couper les roubignoles » que de publier des excuses dans ces conditions (voilà de quoi vous faire une idée du langage du personnage). La suite est sans appel, Val, censé être à la tête d’un journal faisant face au pouvoir institué, vire Siné comme un malpropre. Rappelons peut-être que dans un journal, le rédacteur en chef est censé vérifier et valider tout ce qui sera publié dans son canard. Val est responsable de ce qu’il publie. Celui-ci se défend en admettant n’avoir pas lu tout l’article en question. Beaucoup de gens dans l’entourage de Charlie Hebdo pensent que Val a simplement profité de la situation pour se débarrasser du vieil homme qui savait lui tenir tête.  À 79 ans, Siné se retrouve donc sans travail, honteusement limogé et dépeint comme un antisémite. Un procès, à l’issu duquel il obtiendra la relaxe, lui sera même intenter par la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) pour certains de ses propos.  Mais ce qu’il faut retenir, c’est le point positif de cette histoire. Secoué mais pas abattu, le 10 septembre, Siné décide, à presque 80 ans, de lancer son propre journal « Siné Hebdo », un journal qui sera « un canard qui ne respectera rien, n’aura aucun tabou, chiera tranquillement dans la colle et les bégonias sans se soucier des foudres et des inimitiés de tous les emmerdeurs». Devant une telle prise de risques, on ne peut que s’incliner ! Une action récompensée puisque les ventes ont égalé celles de Charlie Hebdo en quelques mois. Les gens ont choisi leur camp.  Le journal est disponible chaque mois au kiosque et tient ses promesses. La presse libertaire ne mourra pas tant qu’il restera des hommes aussi intègres et opiniâtres que Maurice Sinet. Longue vie à Siné Hebdo !
M.J.