Evénements

Semaine de la langue française et de la francophonie, une manifestation haute en couleurs

« Remuez votre langue ». C’est avec cette phrase des plus cocasses que la quinzième Semaine de la langue française et de la francophonie a été lancée le 20 mars dernier, Journée internationale de la francophonie. Pendant 9 jours, soit du 20 au 28 mars 2010 , quantité d’artistes se sont démenés afin de célébrer dignement le français, langue parlée par plus de 200 millions de personnes dans le monde.

Chaque année, la Belgique, le Québec, la France et la Suisse s’activent afin de préparer une semaine inoubliable pendant laquelle le français est à l’honneur. Durant cette semaine, le public se voit proposer de nombreuses manifestations qui ont pour objectif de faire réfléchir sur la langue. Quand bien même chaque pays dispose d’une large marge de liberté dans l’organisation de cette manifestation, tous doivent suivre le thème commun ainsi que les 10 mots de la francophonie élus chaque année. Ensuite, libre à chacun de décliner la fête à sa manière.

En Suisse, c’est à la Délégation à la langue française (DLF) qu’est imputé la charge de coordonner la  Semaine de la langue française et de la francophonie (SLFF) dans l’ensemble du pays. Son rôle consiste donc à maintenir la cohésion entre chacune des 18 villes suisses organisatrices d’événements. Fonction qui n’est pas toujours des plus évidentes en raison du grand nombre d’organismes participant à l’élaboration de cette semaine. Cette année, la DLF s’est également occupée de l’organisation de quelques manifestations, comme un atelier de slam pour les non- francophones ou encore la représentation du spectacle « Soirées Bourgeoises » de Guy Foissy suivie d’une rencontre avec l’auteur.

Si une chose est importante pour les organisateurs, c’est que l’événement reste avant tout un moment agréable et ludique. Comme le dit Madame Virginie Conti, collaboratrice scientifique à la Délégation à la langue française, la SLFF « c’est réfléchir en s’amusant ».
Afin de rendre la manifestation attractive et dynamique, les organisateurs se sont servi du thème commun de cette année 2010, « Le mouvement », pour le décliner en un nouveau slogan, « Remuez votre langue ». Ce dernier leur a d’ailleurs inspiré l’idée d’un concours fort imaginatif qui consiste en l’élaboration de « vire-langues », ces petites phrases imprononçables telles que « Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elle sèches? ».

Pour sa part, Monsieur Matteo Capponi, chargé de la coordination de la SLFF à l’échelle nationale, nous rappel qu’il est important de préciser que l’objectif de la SLFF n’est pas de défendre ou encore de promouvoir le français, mais est bien d’amener une réflexion sur la langue, le meilleur moyen d’y parvenir étant une diversification des accès à la langue, ce que les organisateurs ont tenté de mettre en place par les multiples et divers événements proposés au cours de cette semaine. Le public a ainsi pu assister aussi bien à des concerts, des représentations théâtrales et des conférences qu’à des projections de films, des ateliers pour les enfants ou encore des expositions. Autant dire qu’il y en a eu pour tous les goûts et tous les âges. De plus, la SLFF a eu l’honneur d’être parrainée cette année par deux artistes de grande renommée, Stephan Eicher et Phillipe Dijan qui ont collaboré main dans la main afin d’offrir au public un concert littéraire présenté dans plusieurs villes.

Cette année, la SLFF était également associée à la préparation du XIIIe Sommet de la Francophonie qui aura lieu du 20 au 24 octobre 2010 à Montreux. Autant dire que la francophonie est véritablement à l’honneur en Suisse en cette année 2010.

« Pour l’instant, je doute »
La pièce de théâtre « Pour l’instant, je doute » est un des événements qui a été représenté dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la francophonie.  Cette pièce a été réalisé par la compagnie ad-apte qui a pour objectif de faire réfléchir le spectateur à notre société. Elle a été crée par Philippe Soltermann et Marie Fourquet, auteur et metteuse en scène de la pièce « Pour l’instant, je doute ».

Canapé, table basse et sol jonché de carton de pizzas d’un coté, table de bar et haut parleur de l’autre, nous voila catapulté dans un univers typiquement masculin, entre le confort très masculin d’un appartement et le bar du coin. Avec cette pièce, Marie Fourquet rompt avec les habitudes et nous dévoile non pas les états d’âme et les déboires de jeunes demoiselles, mais bien celle des hommes, trop souvent jugés comme des durs et des insensibles. Ce sont trois comédiens qui endossent le rôle de ces hommes en mal d’amour, déçus ou encore excités et qui nous exposent ainsi par des monologues la face cachée de la gente masculine. Le tout entrecoupé d’intermèdes musicales très rock’n roll interprétées par deux charmantes jeunes femmes représentant plutôt bien le fantasme inavoué de bon nombre d’hommes. La plume acérée de Marie Fourquet et le jeu des acteurs  parviennent à nous emmener dans un univers très masculin où les réflexions, les désirs et les déceptions se bousculent. Les divers personnages incarnés finissent par se mélanger, se confondre pour laisser une impression de doute chez le spectateur.
Un spectacle drôle, intriguant mais, surtout réaliste qui amène à réfléchir sur notre société.
C.B.

Actualité

Le 3D fait son cinéma

Les amateurs de salles obscures découvrent une nouvelle attraction, lunettes vissées au nez : le 3D.

Pour le plus grand plaisir des cinéphiles, le 3D débarque sur nos écrans et remporte un franc succès. «On est soulagés de l’énorme investissement qu’on a fait» nous a confié Vital Epelbaum, directeur artistique des cinémas de Neuchâtel et de Bienne. Un investissement coûteux, oui, mais qui rapporte ! Neuchâtel et Bienne se laissent enfin gagner par le phénomène déjà bien installé à Lausanne, Genève et Fribourg, depuis un an. Le 16 décembre, Neuchâtel a diffusé son premier film en trois dimensions, Avatar, une fiction qui a bluffé les spectateurs. Désormais, les attentes sont grandes. Alice a du souci à se faire: en effet, la nouvelle création de Tim Burton Alice aux pays des merveilles a suscité une vive excitation parmi la foule agglutinée à l’entrée du cinéma des Arcades lors de l’avant première, dimanche dernier.

Une technologie qui décolle
Pour quelques francs de plus, il y a un an, les fribourgeois déboulaient dans les salles de Cap Ciné, lunettes au nez, pour découvrir la première projection 3D en suisse. En avril 2009, le phénomène a gagné Lausanne, puis Genève. Décembre dernier, il a conquit notre littoral. Actuellement, seules deux salles en sont équipées: le cinéma des Arcades et Apollo2. Pour l’instant, les neuchâtelois ont pu découvrir deux films en 3D: combien peut on en attendre pour cette année ? Vital Epelbaum nous répond: «Pour 2010, ce n’est pas encore fixé, mais environ 10 à 12 films. D’ailleurs, ça va sûrement monter l’année prochaine».

Aujourd’hui, il nous est encore possible de choisir entre la version 3D et la version normale d’un même film. «Ce que je peux dire, c’est qu’en suisse, il y a plus de monde qui va voir un film en 3D que sa version normale, dans les villes où les deux sont proposées. Environ 80% contre 20% du publique préfère le 3D» précise Epelbaum. Notons qu’à Neuchâtel, il n’est pas possible de le confirmer, car Avatar n’a été diffusé que dans sa version 3D. Puisque la version 3D remporte un plus grand succès, peut-on attendre à l’avenir des diffusions exclusivement en 3D? «A l’avenir, non, je ne pense pas que tous les films seront diffusés en 3D. Il y a les films indépendants européens, par exemple, pour qui ce serait trop cher. Par contre, pour les américains, il y en aura de plus en plus, mais je ne pense pas qu’ils seront tous en 3D.»

Un investissement rentable?
«S’il en coûte la bagatelle de 150’000 francs pour équiper un écran en 3D, on compte aujourd’hui 30 cinémas en relief, sur les 568 présents dans notre pays.» Selon l’article de Rafael Wolf, paru dans Le Matin, en aoûte 2009. Une bagatelle un peu lourde pour Epelbaum qui la  considère comme un « investissement énorme ». 300’000 francs, c’est le prix qu’il a payé pour adapter un écran à cette technologie inédite. Mais le prix en vaut la chandelle: un film en 3D rapporte le double d’entrée d’un film conventionnel, dans le monde. Quant à Neuchâtel, Epelbaum reste réservé: «Rentable? C’est un peu tôt pour le dire. Mais on est soulagé, les spectateurs y répondent.»

Mais qu’en est-il du spectateur ? Une entrée 3D lui coûte 6 francs de plus qu’une entrée normale, dont 3 francs pour les lunettes. Cependant, les lunettes ne sont pas louées pour la durée de la séance, comme c’est le cas dans d’autres cantons, elles sont achetées. Une méthode plus économique et bien réfléchie puisqu’elle incite à rentabiliser cet achat en venant assister aux projections 3D futures. Mais, réjouissons nous, le prix devrait baisser si le marché prospère et cela semble bien parti.

Un effet boule de neige
Hollywood a vu juste. La technologie a bluffé le public et remporté un nombre d’entrées étonnant. Le 3D serait-il l’avenir du cinéma ? Il n’y a pas à dire, le marché est florissant. Cependant, à peine un an et demi après son apparition, le voilà déjà menacé. Le 3D ne va pas tarder à débarquer sur petit écran. Même les lunettes ne seront plus indispensables !

Mais pour l’instant, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, le marché est en bonne voie. Epelbaum nous rassure: « Oui, le 3D génère une poussée de la fréquentation». Ce qui nous laisse croire à une rentabilisation de ce lourd investissement. Une tâche à laquelle Alice et Shrek  
(Bientôt sur nos écrans) devront se montrer à la hauteur. Toutefois, il reste quelques améliorations à apporter à cette technologie prometteuse. Les lunettes assombrissent l’image et en ternissent la qualité. De plus, les mouvements rapides de caméra paraissent flous. Mais si le 3D prospère, on peut espérer un perfectionnement de ces quelques défauts et pourquoi pas une «sur-révolution  technologique»: le 4D ?
L. Ju./K.A.