Interview

Daniel Bertoni, une figure incontournable du monde du football.

Ce sportif est né un mois de mars à Bahia Blanca province de Buenos Aires. Peu de temps après la famille déménage à Quilmes banlieue de la Capitale Fédérale. Cet événement a avantagé sa carrière professionnelle.  Dès son jeune âge il  commence, comme tout footballeur qui se respecte, à jouer dans un des potreros (terrains vagues dans la ville, où les gamins improvisaient un terrain de football) de l’Argentine.

Daniel Bertoni a été actif comme joueur professionnel dans divers clubs de football,  dès 1971 chez « AC Quilmes » Buenos Aires, Argentine, en passant par le Séville FC en Espagne et en fin de carrière chez l’Udinese Calcio en 1987. Dès lors il se concentre dans la recherche de nouvelles futures stars du football pour le club « Fiorentina » en Italie. Par la suite et pendant quelques années il transmet ses connaissances et son expérience aux joueurs du « club athlétique  Independiente »  de Buenos Aires, Argentine comme responsable technique. Non satisfait avec cette expérience il se surpasse et suit le cours comme dirigeant (directeur) technique à Coverciano, Italie.  Récemment il est devenu un intervenant officiel de « La Última Palabra », programme sportif de télévision de la chaine Fox sports en Argentine.

En visite chez  son fils à Lausanne, Daniel Bertoni a concédé un entretien exclusif à  L’Article.ch
Interview  par Viviana von Allmen

Cinq questions à Daniel Bertoni

Comme ex-joueur de football quel est votre avis sur ce sport aujourd’hui ?
Avant tout je veux  éclaircir une chose : je suis né et mourrai joueur de football. En ce qui concerne le jeu d’aujourd’hui, il  n’y a que des frottements entre les joueurs et il manque le jeu de « ballet » que le public aime beaucoup. Je veux vous dire, le problème est que seule l’ambition pécuniaire régule le football et ceci détourne le sport de sa véritable nature.

Considérez-vous que les arbitres féminines aient leurs places au football ?
Il y a des femmes dans le monde du football, mais je crains qu’elles n’aient pas la même autorité qu’un homme à ce poste. Quand même il y a des  équipes techniques qui sont dirigés par des femmes. Il faut dire que le fait d’avoir des femmes dans un monde d’hommes  convient  à redorer l’image des grandes institutions sportives.

Que pensez-vous du recrutement des joueurs en Argentine ?
Notre système a beaucoup de zones lacunaires.  Les clubs de football dans notre pays ne se soucient pas du niveau culturel des jeunes joueurs. Ceux-ci  ne sont que des numéros ; ce qui compte est d’avoir de bonnes jambes, l’agilité et la capacité de réagir devant un ballon. C’est comme à l’époque des gladiateurs.

Qu’est-ce que vous inspire ce mondial 2010 ?
Jusqu’à présent, je suis un peu déçu. Aucun match ne m’a donné satisfaction. En tant que joueur, je trouve que la phase technique n’est pas complète.
J’aimerais un jeu plus physique, que les joueurs montrent plus d’intérêt pour le jeu. Pour moi le football doit être synonyme de passion.

Quels sont vos projets ?
Je reste dans l’environnement que je connais, qui me plait et où je peux être utile. J’aimerais diriger un club de football. Mais le plus important c’est que j’aimerais changer la mentalité du football dans mon pays. Déjà donner une formation aux jeunes joueurs, car s’ils n’arrivent pas à devenir des stars du football  plus tard ils pourront se recycler. La vie professionnelle d’un joueur est très courte, donc les clubs et leurs dirigeants devraient veiller au futur de ceux qui ont fait leurs beaux jours.
V.vA.

Evénéments

La Coupe du Monde à l’école :

Le football en Argentine est un évènement culturel très important et l’équipe nationale de football, la célèbre Albiceleste suscite un très grand intérêt. Celui-ci est encore plus grand lorsque l’équipe participe à la phase finale de la Coupe du Monde, à tel point que le ministre argentin de l’éducation, Alberto Sileoni, a instauré une mesure peu commune, la diffusion des matches de la Coupe du Monde dans les écoles primaires et au collège.
Selon le ministre argentin, « empêcher que les matches puissent être diffusés dans les écoles serait nier la réalité. Ils seront regardés dans les bureaux et administrations publiques, donc c’est bien qu’il en soit de même dans les écoles. » (1) Il rajoute, « Regarder un match à l’école signifie monopoliser deux heures de classe, mais si les élèves sont absents, ce sont six heures en moins. »(2)  Cette mesure a donc selon lui, un  but pédagogique et permet de lutter contre l’absentéisme des élèves lors des matches de l’Albiceleste. En effet, en collaboration avec l’AFA (Fédération Argentine de Football), un « kit pédagogique » a été distribué dans les écoles. Ce dernier s’intitule : « apprendre avec le mondial ». Ainsi, tout en suivant les matches de la Coupe du Monde, qui sont diffusés le matin en Argentine en raison du décalage horaire, les élèves apprennent, par exemple, quelle est la capitale de la Corée du Sud, adversaire de leur équipe nationale.
Les matches laissent donc places à des discussions, des cours, bref à l’enseignement.

Même si le football est une religion, un art de vivre en Argentine, cette mesure est apparue comme choquante pour certains. En effet, pour les sceptiques du football, il est difficile d’imaginer ce que celui-ci puisse être un enseignement pour^les enfants car comment peut-on prétendre inculquer à des jeunes le fair-play alors que le football est au cœur des plus grands scandales. Simulations, anti-jeux, violences sur le terrain, matches truqués…  Est-ce vraiment ce que l’on veut que nos enfants apprennent ?
Même si on peut donc douter du côté pédagogique que le football, et plus particulièrement les joueurs de football, peuvent amener aux enfants, il est certain que cette mesure est un moyen très efficace de lutter contre l’absentéisme car les jours de matches de l’Albiceleste, tous les élèves sont présents. Ceux-ci arborent fièrement les couleurs de leur pays, portent les maillots de leurs idoles et chantent, la main portée sur le cœur, l’hymne national.
Ainsi, même si l’on peut prétendre douter de la qualité pédagogique de cette mesure, on ne peut nier qu’un évènement comme la Coupe du Monde permet de faire découvrir à ces jeunes élèves, différents pays et leurs cultures. Et donc, plus que les valeurs défendues par le football, on se sert de celui-ci pour enseigner des choses plus larges, comme la géographie, l’histoire, ou pour lancer des débats sur ce qui peut se passer sur le terrain.

Cette décision prise par le ministre Argentin se sert d’un évènement mondial très médiatisé, pour élargir l’horizon des élèves et varier l’enseignement. Et si le fait de suivre un match fait perdre deux heures de cours, il permet tout de même une présence et un travail de quatre heures durant la journée. De plus, regarder un match n’est pas nécessairement  un évènement pauvre en apprentissage. En effet, tous ces jeunes sont unis pour soutenir leur équipe nationale et les exultations de joie après un but ou une victoire laisseront probablement des souvenirs qui font eux aussi partie de l’apprentissage.
Dino De Francesco

1 Citation provenant du site : http://www.sofoot.com/argentine-le-mondial-a-l-ecole-124978-news.html
2 citation provenant du site : http://www.sofoot.com/argentine-le-mondial-a-l-ecole-124978-news.html