Commentaire

Parcours du combattant pour les automobilistes neuchâtelois :

Les modifications urbaines qui ont eues lieu ces dernières années peuvent pousser à se poser des questions. En effet, depuis un certain temps déjà, on peut voir de plus en plus de places blanches devenir bleues ou des parkings jusqu’alors libre d’accès devenir payants. Alors, quels sont les mécanismes sous-jacents qui justifient cette lente évolution et quels sont les enjeux remis en cause par ces transformations?

En s’y intéressant de plus près, il s’avère que tous les remaniements qui ont été opérés depuis un an maintenant font, en fait, partie d’un projet nommé « plan de stationnement III ». Ce dernier a été adopté et mis en place par le Conseil général en fin d’année 2008 et malgré les retards de mise en place dû notamment à des problèmes administratifs, la « révolution » est bien en marche!

Une des premières étapes de ce « plan de stationnement », était de modifier la durée de parking en centre ville. On peut constater que depuis un certain temps déjà, les 30 premières minutes passées en ville sont gratuites. Cependant, les places se font rares au centre même et le temps de stationnement reste très court pour boire un café sur une terrasse ou même faire ses courses. Un des buts avoués de ces modifications étant d’éviter les stationnements de longue durée en ville afin de favoriser le commerce(1) . On peut se poser quelques questions quant à l’efficacité du système. Pour Monsieur Walder, responsable de la chocolaterie du même nom, se trouvant en plein centre : « Cela peut être logique puisqu’on veut éviter les voitures ventouses et rendre des places de parcs aux consommateurs qui viennent, mais maintenant dans les faits, je ne sais pas si cela fonctionne.»

Un deuxième objectif visé par les changements opérés au centre ville était de « permettre à la ville de demeurer attractive pour les clients et les visiteurs »(2)  mais là encore, l’argument paraît de faible portée. Monsieur Walder souligne à cet égard, que l’attractivité de la ville ne dépend pas uniquement des places de parc. La ville de Neuchâtel « n’a pas de promotion économique pour favoriser le commerce (…) il y a quelques années nous avons déposé une initiative populaire avec d’autres commerçants (…) pour avoir une ville accueillante et vivante, (…) mais ils n’en ont pas tenu compte ».

La deuxième étape du « plan de stationnement» permet aux pendulaires de ne pas bloquer le centre, mais de pouvoir tout de même se parquer en ville. Le parking de la piscine du Nid-du-Crô est donc devenu payant, l’idée étant que les travailleurs, habitant hors de la ville, parquent leur voiture et prennent ensuite le bus. Afin de ne pas cumuler les coûts de parking et de transports en communs, des abonnements P+Rail (comprenez Parking et transports publics) ont été mis en place, en accord avec les CFF. Cependant ces abonnements ne sont valables que sur certains parkings.

Finalement, les parkings de Panespo et des Jeunes-Rives sont simplement devenus payants, favorisant les habitants de la ville même, qui peuvent acquérir des vignettes « spéciales » pour la modique somme de 110.- par année, leur permettant de se parquer sans difficultés. Cependant, ce système défavorise les commerces alentours et les usagers quotidiens tels que les étudiants ou professeurs  des lycées et de l’Université.

Pour terminer, il semblerait que ce « plan de stationnement III », bien que fondé sur de bonnes intentions, ne soit pas réellement bénéfique pour les activités économiques de la ville. Malheureusement, le centre ville est en train de mourir à petit feu et rien n’est fait pour que cela  change. De plus, certains endroits très fréquentés en journées sont aujourd’hui entourés par les parkings payants ou les places bleues, qui valent beaucoup d’amendes à la plupart des automobilistes. Ce qui est certain, c’est que Neuchâtel n’a pas à se faire de soucis, même si les commerces petits et grands meurent les uns après les autres, il restera l’argent des parkings, des vignettes et des abonnements P+Rail pour maintenir la ville à flot.
Alexandre Steudler
1 . Site de la police : http://www.policeneuchatel.ch/general.asp/4-0-20727-5508-111-1-1/
2 . Site de la police : http://www.policeneuchatel.ch/general.asp/4-0-20727-5508-111-1-1/

Evénements

Festi’neuch fête ses dix ans. Interview avec Antonin Rousseau

Festi’neuch a fêté, au mois de juin dernier, ses dix ans. Belle réussite pour ce festival qui n’a pas cessé d’évoluer depuis sa première édition en 2001. Avec des têtes d’affiches comme Mika, Cypress Hill, Youssou N’Dour et Damien Saez, le festival a battu, cette année encore, tous les records. En effet, en plus des 37’000 entrées vendues, deux soirées affichaient pour la première fois « sold out ». Festi’neuch c’est : dix années de fêtes, de découvertes, de grands moments et de rêves partagés en musique. La musique. Parlons-en. Comment s’y prend-t-on pour la programmation d’un tel festival, quels artistes choisir, quand les programmer ? Pour répondre à ces questions, rien de mieux qu’un entretient avec Antonin Rousseau, le programmateur et directeur du festival…

Antonin Rousseau, comment s’y prend-t-on pour programmer un tel festival ?
Il y a deux volets. D’abord toute une partie faite de découverte, de groupes suisses et étrangers, dans laquelle le festival répond aux sollicitations de différents groupes. Puis il y a une autre partie dans laquelle le festival est demandeur. Là, c’est un travail de réseau avec les agences. C’est un peu la course aux têtes d’affiches entre les différents festivals.

Le festival est-il obligé de programmer des méga stars ?
Il nous faut des têtes d’affiches. Avec un site de 13’000 personnes, ce n’est pas avec des découvertes qu’on arrive à être rentable. Les méga stars attirent le monde sur le festival. Mais notre envie est aussi de faire découvrir des nouveaux groupes et de soutenir la scène locale. Le but est que les gens viennent grâce aux têtes d’affiches mais qu’après ils aillent voir ce qui se passe sur les petite scènes.

Comment faites-vous pour trouver un équilibre entre les artistes commerciaux et ceux plus alternatifs ?
Déjà la définition du commercial est difficile. Typiquement je prends le cas d’un Mika. Beaucoup de gens ont rit en disant qu’on choisissait la facilité. Je me suis défendu en disant que si ce n’était qu’un artiste commercial il ne jouerait pas à Festi’neuch. S’il a joué cette année c’est tout d’abord parce qu’il a du talent et ensuite parce que c’est un surdoué qui s’est toujours battu pour sortir des albums comme lui les voulait et pour ne pas se laisser formater par les maisons de discs. Ce n’est pas un pur produit commercial comme une lady gaga par exemple…

Donc le commercial existe quand même selon vous ?
Oui complètement ! Mais toute cette branche là, qui est plutôt produit marketing, n’intéressera jamais Festi’neuch…

Mais vous êtes obligé de prendre en compte le genre de public que va attirer tel ou tel artiste ?
Oui ! Et notre but est de réaliser un festival qui plaise à tout le monde. Par exemple, le concert de Mika a attiré un public différent, un public qui n’avait pas coutume de venir au festival…

Sur le site web de Festi’nech, on peut y lire qu’un des buts du festival est de promouvoir la culture dans la région. Quelle est la place réservée aux artistes suisses et plus particulièrement aux jeunes artistes neuchâtelois ?
Je suis très attaché à la scène neuchâteloise et je défends aussi les artistes suisses. Je me bats toujours pour qu’on ne les regarde pas tout d’abord comme des artistes suisses mais qu’ils puissent être reconnus comme des artistes de qualité capables de rivaliser avec les plus grosses têtes d’affiches du moment. Cette année sept ou huit groupes neuchâtelois ont été programmés. La seule condition est qu’ils aient un projet et soient capables de rebondir après le concert, avec un plan stratégique concernant leur avenir et aient déjà enregistré au moins un album. Une des volontés du festival est d’offrir une vitrine aux groupes locaux et, s’ils commencent à marcher, oser leur offrir la grande scène. On l’a fait l’année passée avec les Moonraisers et cette année avec les Ramblings Wheels.

Entre la première édition de Festi’neuch qui avait attiré 3000 personnes aux patinoires du littoral en 2001 et la dernière édition qui a attiré 37’000 personnes aux jeunes rives en 2010, le festival a connu un formidable essor. Attendiez-vous  un tel développement ?
Non ! Pas du tout ! La première édition  nous a permis avant tout de gagner de l’expérience. Il n’y avait pas forcement d’objectif à long terme. Notre but était qu’il y ait une manifestation musicale importante à Neuchâtel capable de remplacer Festi jazz mort en 2000. Puis d’année en année l’équipe s’est renforcée, le public a suivi. A ce moment là, on a commencé à réfléchir à long terme. A l’heure actuelle, on n’a pas la volonté de grandir d’avantage. On a envie de rester un festival convivial dans lequel les gens peuvent se déplacer facilement. Par contre, tout en gardant les mêmes infrastructures, on a comme objectif de faire quatre soirées « sold out ».

Une dernière question pour conclure. Qu’est-ce que la musique pour vous ? Une passion ? Ton métier ? Les deux ?
Je suis un passionné de musique. Je fais tout en musique. Je me lève en musique, je me couche en musique. En plus de la passion de la musique et de la fête, c’est aussi la passion de ces grands rassemblements avec le public lors desquels on a l’impression de partager quelque chose. Accomplir un tel rassemblement sous les couleurs de la musique est quelque chose de magnifique.
Leila Ueberschlag