Actualité

Cachez ce pauvre que je ne saurais voir!

En Suisse, s’il y a un sujet plus tabou que le salaire d’un patron, c’est bien la pauvreté. On atteint alors les sommets du politiquement incorrect quand on la voit progresser. C’est ce regard qu’a décidé de porter « Si Jamais », l’exposition sur l’aide sociale en Suisse, réalisée par le CSIAS et enrichie par le service social de la ville de Lausanne.

La pauvreté peut s’aborder sous bien des angles. Le premier qui s’offre à nous, en arrivant aux alentours de l’exposition, est celui des chiffres. Des petites vignettes collées au sol et foulées par les passants nous renseignent de ces réalités numéraires: 3,4 milliards de francs, le coût annuel de l’aide sociale; 2/3 des bénéficiaires de l’aide sociale vivent dans une ville de plus de 10’000 habitants; 3,1% de la population est au bénéfice de l’aide sociale. Une réalité peut-être morne, qui laisse difficilement apparaître l’humain derrière les statistiques. Car d’individus, là est la question. Ce n’est qu’en entrant sur le site proprement dit de l’exposition qu’on commence à envisager les trajectoires humaines qui découlent de ces chiffres.

En effet, l’exposition « Si Jamais » se tient sur deux plans relativement différents. D’une part, le projet originel de la Conférence Suisse des Institutions d’Aide Sociale (CSIAS), qui présente un panorama plutôt exhaustif des données relatives à l’aide sociale allant des différences intercantonales en la matière jusqu’à la mise à disposition d’un logiciel nous permettant de faire une projection de notre budget si nous devions avoir recours à cette aide. D’autre part, la ville de Lausanne et son service social se sont donnés pour mission d’enrichir l’exposition du CSIAS par les informations spécifiques à la ville. Cette contribution met l’individu au centre de la question de la pauvreté, notamment par l’émouvante contribution de Jonathan Rochat et du photographe Hugues Siegenthaler à travers une présentation en mots et en images de bénéficiaires de l’aide sociale. Ils (se) racontent leur vie, le puissant engrenage dans lequel on peut se trouver entrainé quand le lien social se fait plus ténu. Ils parlent aussi de leurs perspectives, et c’est bien le plus dur quand on vit dans le dénuement.

Le point fort de cette exposition se retrouve dans la volonté de donner des chiffres sérieux sur la pauvreté. Bien loin des débats de comptoirs, certaines données permettent de tordre le cou à des idées aussi tenaces qu’erronées (par exemple: 1/3 seulement des personnes soutenues par l’aide sociale sont sans emploi) ou de prendre conscience de ces réalités qui ne s’offrent pas naturellement à nos yeux, comme le déplacement des personnes pauvres dans les centres urbains, par souci d’anonymat peut-être. Autre chiffre intéressant: « plus de 50% des personnes qui auraient droit à l’aide sociale n’y recourent pas », nous dit le journal de présentation de l’exposition. Les motifs peuvent paraître flous, mais l’envie de ne dépendre de personne et la honte que de recourir à une aide étatique n’y sont assurément pas étrangères.

Saluons l’initiative de ce projet ambitieux qu’est celui de vouloir présenter la pauvreté sous son jour le plus objectif, à l’antithèse des argumentaires tendancieux de certains de nos politiques. Espérons que la question de la pauvreté cesse d’être ce tabou national qui empêche tout raisonnement et qui nous conforte dans un immobilisme face à un sujet en expansion. Votons, car l’austérité sociale progressive à laquelle nos institutions se voient sujettes se doit d’être combattue! 
MAG

Eclairage

Sport et études

On entend régulièrement parler des programmes sports études, proposés par les différents établissements scolaires. Ces programmes offrent la possibilité aux sportifs de concilier leurs études et leur activité sans que l’un ou l’autre ne soit lésé.
De manière générale, bénéficier du «sport étude» n’est pas donné à tout le monde. En effet il faut, pour cela, être considéré comme un espoir sur le plan national ou interrégional.

Au Lycée Jean Piaget de Neuchâtel, le programme sport étude existe depuis 1997.
Chaque année, une trentaine d’élèves en bénéficient. On distingue deux catégories de sportifs pouvant y accéder. Les espoirs (nationaux ou interrégionaux) qui jouissent d’un allègement de 6 périodes par semaine et les sportifs pratiquant une activité physique intense (au minimum 4 entraînements par semaine) qui peuvent obtenir certaines dispenses.
Les études de ces sportifs sont-elles pour autant différentes des étudiants «classiques» ? Les étudiants suivant le programme sport étude sont-ils aussi atteints du syndrome dit de l’étudiant (fâcheuse tendance à tout rendre à la dernière minute)? Pour répondre à ces questions, je me suis approché de Valentin Offredi qui a joué pour Neuchâtel Xamax dans l’équipe des moins de 16 ans et qui, par conséquent, a dû organiser ses études autour de son sport.

Dans le programme sport étude, y avait-il une personne qui te coachait dans le domaine scolaire ? (qui t’aidait à organiser ton temps…)
Non, je me débrouillais tout seul mais le club « regardait » plus ou moins mes résultats pour voir si ça jouait. Si ce n’était pas le cas, alors le club « prenait » des décisions, notamment supprimer l’entraînement spécifique pour que je puisse travailler sur mes études et remonter la pente.
(Selon valentin, il existe un gouffre entre ce qui est dit et ce qui se pratique. En effet, il voyait mal son club supprimer des entraînements pour permettre au nécessiteux de réviser. Il fallait être performant, faute de quoi il y’en avait d’autres derrière).

Comment organisais-tu ton temps entre école et sports ? (Au niveau des devoirs, répétitions…) La seule chose qui ne changeait pas, c’était les entraînements quotidiens et le match le week-end. A partir de là, je remplissais les plages de repos laissées libres par le foot en travaillant pour l’école.
Le plus souvent t’y prenais tu à le dernière minute, ou  prévoyais tu toujours le temps pour réviser ?
Je prévoyais tout le temps. Disons que j’avais dans l’idée de réussir à l’école, donc on est obligé de prévoir à l’avance, fixer des priorités en fonction des TE, … Comme disait notre grand ami Chaim Weizmann, La difficulté demande du temps; l’impossible, un peu plus.

Penses-tu que d’avoir un horaire (scolaire et sportif) chargé aide à mieux s’organiser?
Oui, plus t’as de choses à faire plus tu dois t’organiser. Si tu ne fais rien dans ta vie, qu’est-ce que tu veux organiser ?

De manière générale, les différents établissements ont constaté que les sportifs obtenaient plutôt de bons résultats scolaires. Il semblerait donc que leurs emplois du temps relativement chargés, ne leur laisse pas la possibilité d’être désorganisés. Ainsi, si ces derniers veulent pouvoir pratiquer leur activité, ils sont obligés d’apprendre à s’organiser.
Il semblerait donc que certains élèves sportifs échappent au « syndrome de l’étudiant ».
DDF