Mode de vie

Le b-boying : un mode de vie ?

On l’appelle breakdance ou b-boying ; focus sur cette danse de rue qui véhicule son propre esprit, sa propre idéologie.

Né à New York dans les années 1970, le breakdance, ou b-boying pour ses adeptes, fait partie intégrante du mouvement hip-hop. Ce sport mêlant force, vitesse, équilibre, coordination, originalité, créativité, mais aussi la capacité à exécuter les mouvements en accord avec la musique, se révèle très complet et diversifié. Cependant, ce style de danse n’est que mal représenté dans les médias. En effet, les novices ne retiennent que son côté spectaculaire, alors qu’un b-boy (breakdancer-boy) complet est avant tout un danseur polyvalent, sachant s’exprimer dans tous les registres qu’offrent cette danse. Résumer le b-boying à son côté acrobatique serait une injure au travail de ses danseurs les plus aguerri, s’entraînant sans relâches sur l’ensemble des compartiments  techniques physiques et artistiques que propose ce sport.

Cette danse, comme l’ensemble du mouvement hip-hop, a généré une idéologie particulière. Les b-boys forment une communauté, et véhiculent un esprit, une approche particulière de leur sport. Un aspect intéressant réside dans la proximité qu’il existe entre chaque danseur. Les plus expérimentés donnent des conseils aux plus jeunes, et les plus grands champions sont facilement accessibles dans les grandes compétitions. L’esprit recréatif du b-boying est  juxtaposé par une volonté de progresser constamment. En s’appuyant sur ses acolytes, le danseur tente de combler ses carences en transmettant aux autres ses qualités.
Le b-boying est considéré par ses adeptes comme un moyen d’expression. Pour les puristes, ce langage corporel n’a plus lieu d’être lorsque la discipline devient trop acrobatique. Les anciens s’inquiètent par ailleurs d’une nouvelle vague faisant la part belle aux figures spectaculaires, occultant quelque peu l’essence même de ce sport, à savoir la danse.

Cependant il n’existe aucune fédération internationale ou autre organisme pouvant être représenté comme tel. Le manque d’enjeux financiers engendre une organisation propre à ce milieu. Le désir de demeurer « underground » peut être également un facteur expliquant cette absence de structure.
Il existe tout de même de grandes compétitions. La Battle of the year (BOTY) est ce qui se rapproche le plus des championnats du monde. En effet, cette dernière se déroule tout d’abord au niveau national, avant de proposer une prestigieuse finale internationale où les meilleurs crews (groupes de danseurs) du monde entier se disputent le titre suprême.
Le Red Bull BC One est également une compétition renommée. Chaque année une autre ville accueille ce grand rendez-vous, qui, à l’inverse de la BOTY, se dispute individuellement. Berlin, New York, Paris, Sao Paulo ou encore Bienne (!) ont déjà eu l’honneur d’être la cité hôte de ce championnat.
Le côté peu lucratif de ce sport est également à mettre en exergue. Les seuls « professionnels » le sont grâce aux sponsors ou aux cours qu’ils dispensent. Néanmoins, cette année, on voit l’apparition de certains tournois où les gains financiers sont importants. Cette nouveauté ne devrait toutefois pas se généraliser, tant les b-boys se singularisent par une volonté de s’écarter des sentiers battus et d’éviter les schémas classiques du sport moderne.

Le breakdance est particulièrement développé aux Etats-Unis et en Corée. Les Américains représentent l’origine du mouvement, alors que les Coréens utilisent ce sport pour mettre de côté les tensions entre le Nord et le Sud. Certains crews nord et sud-coréens ont même dansé ensemble pour symboliser leur union. Ces derniers pratiquent par ailleurs, en règle générale, un style très acrobatique, contrairement aux Américains qui sont resté attachés à leurs valeurs d’origine.
En Suisse, le b-boying est également à la page. Bâle, Zurich et Neuchâtel sont les trois grands représentants nationaux. Un groupe neuchâtelois, 2DR Squad, sera par ailleurs le fanion helvétique à la finale internationale de la Battle of the year 2010 qui se déroulera en cette fin d’année à Montpellier en France.

Ce sport est donc en pleine émulation, et les médias jouent un rôle prépondérant dans cet engouement. Si l’image du b-boying que véhiculent la presse ou la télévision est souvent erronée, sa mise en vitrine a également des côtés bénéfiques. Elle permet de mettre en avant un esprit et une culture propre à ce style de danse. On pourrait penser qu’un sport aussi récent n’est qu’un effet de mode. Toutefois le hip-hop s’est déjà forgé ses lettres de noblesse, et ce mouvement repose sur des bases solides. La danse et la musique, au sens large du terme, s’en inspirent au quotidien.
JCO

Théâtre

Les peintres au Charbon », par la Compagnie du Passage, mise en scène par Marion Bierry

Petite histoire inspirée de faits réels d’un groupe de mineurs anglais à la recherchent de culture, narrée avec beaucoup d’humour et de subtilité. Mais qui a dit que le milieu artistique était un domaine fermé, inaccessible aux personnes qui n’ont pas suivi de hautes études?

Le théâtre se remplit peu à peu, tel l’écho des galets au creux d’une vague, des sons sourds fusent de toute part. Lorsque l’on entre dans une salle de spectacle, on se prépare à partir en voyage. Les portes se referment, les lumières s’éteignent, les bruits s’estompent, nous perdons le fil de la réalité. Dans un tressautement, notre environnement se met sur pause, et notre esprit gagne les rives d’un nouveau monde. Hypnotisés, tout devient flou autours de nous. Comme lorsque l’eau est trop profonde, nous perdons pieds, mais nous sommes loin de boire la tasse, la pièce des Peintres au Charbon nous entraîne dans un petit village d’Angleterre, nous sommes en 1934. Cinq hommes sont réunis dans une salle, ils attendent un professeur de sensibilisation artistique. Rien de très particulier jusque là, si ce n’est le fait que ces hommes sont tous issus du milieu ouvrier. Quatre d’entre eux sont des mineurs (dont un au chômage) et le dernier exerce la profession de mécanicien dentiste.
Qui a dit que le milieu artistique était un domaine fermé, inaccessible aux gens qui n’ont pas suivi de hautes études? Ces hommes ont soif d’apprendre, de s’instruire. Il est vrai qu’ils auraient préféré un cours d’économie, mais aucun professeur n’était disponible, il fallait bien se rabattre sur quelque chose…

Lors de son premier cours, le professeur Robert Lyon tente de pousser ces hommes à s’exprimer sur des tableaux, à leur faire ressentir quelque chose. Mais il se rend bien vite compte, que lorsque l’on ne connaît absolument pas la peinture, il est bien difficile d’en penser quoi que ce soit. Il va les inciter à prendre le fer en main, et à peindre. Cet exercice se révèle difficile pour nos bonhommes, qui ont plus l’habitude de magner la pioche que de jouer avec un pinceau. Mais petit à petit, ils se laissent aller, faisant surgir des moments de leur vie sur la toile.

« Les peintres et le charbon » s’appuie sur des dialogues très riches, qui nous poussent à réfléchir sur la signification de l’art, son utilité et ce qu’il représente pour l’homme. Malgré les cafouillages de l’un des comédiens, il est intéressant d’observer leur évolution. Chacun développe à merveille le caractère attachant de son personnage, qui grandi tout au long de la pièce. ***Au début, timides, peu sûrs de ce qu’ils dessinent, à travers le regard de leur professeur et d’une riche héritière collectionneuse d’art qui va énormément les soutenir, ils finissent confiants, et fiers de leur travail. Enfin ils ont réalisé quelque chose qui leur est propre et qui leur appartient.
Au niveau de la mise en scène, les décors sont très simples, ils sont admirablement soutenus par l’éclairage qui cadence parfaitement les différentes atmosphères qui rythment la pièce.

A travers cette pièce, l’auteur nous démontre brillamment, tout en passant par le rire, que l’art n’est pas un milieu exclusivement clos, réservé à une élite. Les personnes n’ayant pas fait de hautes écoles reconnues peuvent aussi se démarquer dans la peinture, et parfois avec plus de talent que de « véritables » artistes.
Les lumières se rallument, on cligne des yeux, et on reprend contacte avec la réalité.
L.R.