Ski

Lara rayonne

S’il existe une championne en herbe comme le ski alpin suisse n’en a pas connu depuis belle lurette, c’est bel et bien Lara Gut. En herbe peut-être, mais la jeune tessinoise se bat déjà pour les premières place en coupe du monde, alors qu’elle n’est âgée que de 19 ans.

Première apparition sous les couleurs de la Suisse en coupe d’Europe à l’âge de 15 ans, première victoire en Coupe du monde à 17 ans, le parcours sportif de la jolie Lara s’apparente à celui d’une surdouée. Une carrière soigneusement encadrée par son père, Pauli, qui endosse le rôle de l’entraîneur. Charme et performances sportives de haut niveau, Lara Gut a trouvé la formule parfaite. De surcroît la jeune femme est quadrilingue, les médias en sont donc friands. Ceux-ci la propulse au-devant de la scène, admirateurs de sa facilité et de sa dentition parfaite.

Le phénomène Lara explose véritablement le 20 décembre 2008, lorsqu’elle décroche, à Saint-Moritz, sa première victoire en Coupe du monde. Toute la Suisse sportive idôlatre la jeune star qui fait preuve d’une étonnante maturité lors de ses apparitions face à la presse. Aux championnats du monde de Val d’Isère, quelques mois plus tard, elle offre à son pays deux médailles d’argent, se profilant comme la future leader du ski suisse. La saison 2008-2009 se termine par une 11ème place pour la jeune femme au classement général de la coupe du monde : performance exceptionnelle pour quelqu’un qui vient de souffler sa 18ème bougie.

La saison 2009-2010 s’annonce donc sous les meilleurs auspices pour la tessinoise. Mais  intervient le drame ; elle se blesse gravement en préparation à Saas Fee et est opérée suite à une luxation de la hanche droite. Ce coup du sort la prive de l’ensemble de la saison. Elle fait donc une croix sur les Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver.

Lara fait son retour en compétition le 23 octobre 2010 à Sölden, son talent et son travail lui font très vite retrouver les sommets. Elle fait aujourd’hui à nouveau partie des têtes de proue du ski alpin mondial. Elle semble pourtant avoir changé. La gentille Lara paraît plus sûre d’elle, peut-être trop. Par un beau dimanche de décembre elle critique dans la presse le chef entraîneur national Mauro Pini : « Mauro n’a pas le niveau » ou encore « Mauro est un bon entraîneur mais c’est un mauvais chef » peut-on lire dans la Gazzetta. Suite à un entretien avec les responsables de Swiss-Ski, la jeune athlète est suspendue pour les épreuves de Coupe du Monde de Semmering les 28 et 29 décembre. Dans un communiqué, la fédération nationale ajoute que la punition fait également suite à « des manquements répétés de l’athlète aux directives vestimentaires de la fédération et une attitude sans respect à son encontre lors de l’audition »

Notre Lara nationale aurait-elle attrappé la grosse tête ? Certains murmurent que les propos de la belle sont soigneusement orchestrés par son papa adoré et par les autres membres de son « clan ». Suite à cette sanction il se disait même que la jeune prodige allait courrir désormais sous les couleurs de l’Italie. Et comme pour faire taire toutes les critiques, elle remporte, le 9 janvier dernier, sa deuxième victoire en Coupe du Monde à Altenmarkt-Zauchensee.

Capricieuse tout de même me direz-vous ? oui sans doutes. Lara commence à mesurer le pouvoir que lui confère sa notoriété naissante. Entre crise d’adolescence, performances hivernales de haute voltige et sourires dignes des podiums milanais, la belle n’a pas fini d’étonner l’opinion publique et de s’attirer les regards circonspects. Mais retenons le plus important : Lara Gut représente l’avenir du ski suisse et du sport helvétique féminin en général. Ca mérite bien quelques polémiques non ?
JCO

Patinage Artistique

Stéphane Walker atteint son objectif

Le gratin du patinage européen avait rendez-vous à Berne fin janvier. Parmi eux, un jeune Valaisan disputait ses premiers championnats d’Europe. Même s’il espérait faire encore mieux, Stéphane Walker quitte la capitale avec une belle expérience et la satisfaction d’avoir patiné avec les cadors du patinage artistique en se qualifiant pour le programme libre, son objectif.

En annonçant sa retraite l’année dernière, Stéphane Lambiel a laissé un gros vide derrière lui dans le clan helvétique. Mais très vite, la relève s’est organisée et la Suisse a pu inscrire trois patineurs lors de ces championnats d’Europe. Grâce notamment à sa troisième place lors des championnats Suisse en décembre dernier, Stéphane Walker a obtenu une de ces trois places et le droit de prendre part à cette prestigieuse compétition dont il rêvait depuis tout jeune.
Chez les Walker, le patinage est une affaire de famille. Son père, amateur de hockey, le met sur des patins alors qu’il sait à peine marcher. A l’âge de quatre ans, Stéphane intègre le club de patinage de Sion. Sa grande sœur, elle aussi patineuse, lui donne définitivement l’envie de faire de la compétition. Très vite, il se révèle être très doué et remporte le titre de champion suisse (dans les catégories inférieures) à trois reprises.
Désormais, Stéphane étudie l’économie à l’Université de Neuchâtel et patine pour le club de patinage neuchâtelois. Le mois de janvier comportait donc deux grandes échéances : les championnats d’Europe de Berne et les examens semestriels. Alors, plutôt étude ou patin, bibliothèque ou patinoire ? « J’ai essayé de partager au mieux ces deux préparations, mais je dois tout de même dire que, cette année, j’ai privilégié le patin. », sourit l’intéressé. On veut effectivement bien croire que l’idée de patiner aux côtés des stars du patinage l’emporte sur les interminables calculs de comptabilité…
La pratique de ce sport implique également une importante participation financière. Les coûts que nécessite le patinage artistique de haut niveau sont très élevés. « En Suisse, les patineurs sont très peu soutenus par la Fédération. Et à moins de gagner des titres dans des grandes compétitions, il est extrêmement difficile de décrocher un sponsor », explique-t-il.
A Berne, même sans sponsor, Stéphane est parvenu à s’extirper des qualifications. La tâche ne fut pourtant pas aisée. En effet, il chutait sur son premier saut avant de se reprendre et signer une fin de programme très propre et soigné. Cette prestation lui a donc permis de continuer l’aventure. Lors du programme court, le Valaisan a réalisé une belle prestation sans grosses fautes qui l’a placé au 24ème et dernier rang qualificatif pour le programme libre de samedi. « J’étais très nerveux au moment de me préparer, mais une fois sur la glace, le stress s’en est allé. », raconte le patineur du CP Neuchâtel. « Même si je ne suis pas satisfait de ma performance, j’ai atteint mon principal objectif qui était de me qualifier pour le libre de samedi. Je pourrai désormais patiner avec moins de pression sur les épaules. ».
Une nouvelle chute sur son premier saut (le « triple Lutz »), l’a malheureusement empêché de grignoter des places au classement final (24ème). « Aujourd’hui, je ne me sentais pas bien sur la glace. C’était un combat durant tout le programme. », lâche-t-il à la sortie de la glace, abattu, avant de tirer un bilan général plutôt réjouissant. « Même si sur le moment je suis très déçu, je garde une excellente impression pour mes premiers championnats d’Europe. Le public était fantastique, il m’a énormément soutenu. Même quand je faisais des doubles (au lieu de triples sauts), j’entendais des applaudissements. »
Stéphane n’a toutefois pas eu le temps de savourer ces moments inoubliables. Le lendemain, il devait déjà s’envoler direction … la Turquie pour y disputer les Universiades de patinage.
Raphaël Crettol