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Les peurs en croissance

De nombreux superstitieux ont une peur bleue de certains chiffres. Tout d’abord, nous avons les hexakosioihexekontahexaphobes. Ce sont les personnes qui ont peur du chiffre 666. La raison de cette peur se trouve dans la signification de ce chiffre pour les chrétiens qui serait le nombre de Satan.
On retrouve ainsi une ville de Reeves en Louisiane qui a pu changer son préfixe téléphonique et ainsi passé de 666 à 749. Une autre peur affectant beaucoup les Occidentaux est la triskaïdékaphobie ou la peur du chiffre 13 qui nous vient du dernier repas du Christ lorsqu’ils étaient 13 à table. De nombreuses personnes, d’ailleurs, posent un service de plus à table lorsqu’ils sont 13 à table pour se prévenir des mauvais sorts. Quelques compagnies aériennes évitent-elles aussi d’avoir une rangée numéro 13 dans les avions. Alors que la peur du 13 affecte les Occidentaux, le chiffre 4 touche les Asiatiques de par sa ressemblance dans la sonorité avec le mot « mort » en Chine et au Japon notamment. Finalement, si vous êtes superstitieux et que les vendredis 13 vous font paniquer, vous êtes paraskevidékatriaphobes.

Avec l’évolution des moyens de transport, les peurs correspondantes sont apparues. Ainsi, les personnes souffrants d’une peur de l’avion et du voyage dans celui-ci sont atteintes d’aérodromophobie ou d’aviophobie. La sidérodromophobie est reliée à la peur des trains. Il y a aussi finalement la peur des bicyclettes, la bitrochosphobie.

À ces phobies s’ajoutent encore celles relatives au public et plus généralement à la foule. La peur de rougir devant les autres s’appelle éreutophobie, celle de parler au public la glossophobie et celle de se gratter en public puritanophobie. Si vous avez simplement la peur de la foule, en général, c’est l’agoraphobie. Finalement, si dans la foule c’est la peur du ridicule qui vous touche, c’est la katagélophobie qui vous tient (mais on vous rappelle quand même que le ridicule ne tue pas).
Certaines autres personnes angoissent pour des raisons diverses. On trouve dans ce registre l’hématophobie, c’est-à-dire la peur du sang, ou l’astraphobie, la peur du tonnerre. Il y a encore la bélénophobie, la phobie des aiguilles. Une peur qui apparait souvent chez les enfants est simplement la peur de l’obscurité, dite kénophobie ou nyctophobie. Cette peur s’explique par le fait de se retrouver dans l’inconnu. Peut-être aviez-vous aussi quand vous étiez petit peur des clowns ? Il s’agit dans ce cas-là de la coulrophobie. Finalement, lorsque vous avez grandi, l’avez-vous peut-être échangée avec la leucosélophobie ou la légendaire peur de la feuille blanche, syndrome typiquement estudiantin.

Les phobies des animaux sont elles aussi en croissance. Après la très connue arachnophobie ou peur des araignées, il existe maintenant l’apiphobie, la peur des abeilles et autres insectes à dard, et plus simplement entomophobie ou la peur des insectes. On observe aussi de nombreuses peurs vis-à-vis des animaux domestiques. Ainsi, peut-être croiserez-vous un ailurophobe qui ne supporte pas la vue d’un chat ou un cynophobe qui aura lui peur des chiens. Viennent aussi la cuniculophobie, la peur des lapins, et l’ornithophobie, la peur des oiseaux. Une peur, qui vous viendra peut être du film Les dents de la mer , est la squalophobie ou la peur des requins. Si au final vous vous rendez compte que vous avez une peur générale de tous les animaux, abrégez vos paroles d’un simple zoophobe.

Pour terminer, il y a quand même un certain nombre de phobies plutôt singulières, voire complètement ridicules. Entre elles, vous retrouverez la carpophobie, la peur des fruits ou encore, la psychopythophobie, la peur de devenir fou, ou la géphyrophobie, soit la peur des ponts et de les traverser. La peur des vers, l’anthelmophobie, et la myrmécophobie, la peur des fourmis, sont elles les dernières arrivantes dans le monde des phobies du monde animal. Enfin, la palme revient à la peur des mots trop long ou l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie (imaginant le patient atteint, devoir dire le nom de sa phobie qui doit être un vrai calvaire pour lui). Finalement, si, en lisant cet article, vous avez pris peur de tout (ce qui va certainement vous torturer l’esprit pour un bon nombre d’années et de consultations chez un expert), vous pouvez vous définir comme un pantophobe.

En conclusion, la société recèle les mêmes peurs que depuis des siècles. Néanmoins, elle arrive aussi à identifier de nouvelles phobies insolites qui doivent certainement faire sourire par moment les pauvres psychologues, submergés de patients en tout genre depuis ce boom de phobies.
M.A.

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Hyperactivité : mythe ou réalité ?

Un enfant qui bouge ? Mon Dieu, il est hyperactif !!!

Inattention, impulsivité, agitation, désobéissance et lenteur intellectuelle résumeraient à eux seuls l’hyperactivité. Pourtant, le problème est bien plus complexe que ça. Cette pathologie plus souvent attribuée à l’enfant représenterait aujourd’hui pour de nombreux spécialistes un fléau. En effet, selon une étude de l’AAP (American Academy of Pediatrics), l’hyperactivité toucherait 8 à 10% des enfants scolarisés aux Etats-Unis. En Suisse, on est plus raisonnable, un article du Femina fait état de 1 enfant sur 50 concerné.

Force est de constater que la question de l’hyperactivité est centrale. Partout, on en parle : émissions télévisées, reportages radiophoniques, forums internet… La société s’interroge : les origines ? Les symptômes ? Les solutions ?
Les réponses, quant à elles, fusent dans tous les sens, sur le net les forums pullulent, les médecins se contredisent, les chiffres ne sont pas clairs. En résumé, les parents sont perdus, désarçonnés, impuissants. En outre, il est bien connu que plus on expose une inquiétude sur le devant de la scène, plus on a de chance d’en faire une psychose. Autrement dit, plus on parlera d’hyperactivité, plus les parents se sentiront concernés. Trop d’enfants seraient alors déclarés hyperactifs, alors que parfois ils ne le sont même pas. Certes, il existe indéniablement des enfants hyperactifs pour lesquels des mesures doivent être prises, mais il n’est pas justifié de coller l’étiquette « hyperactif » sur le front de tous les enfants qui font un pas de travers. Par conséquent, on assiste à une vulgarisation trop extrême du problème qui pourrait porter préjudice à la fois à ces enfants faussement stigmatisés, mais aussi aux véritables hyperactifs.
Les origines de cette pathologie sont également peu claires. Si certains considèrent que la télévision et les jeux vidéos sont des causes majeures, d’autres parlent de colorants alimentaires, ou encore de maladie génétique. Dans tous les cas, l’hyperactivité est une pathologie jeune liée d’une manière ou d’une autre aux grands bouleversements qu’a connus le XXème siècle.
Tout d’abord, la découverte de l’hyperactivité accompagne l’émergence de la psychologie qui se donne pour tâche d’étudier scientifiquement des faits psychologiques et des comportements. Ainsi, de nouvelles pathologies, à l’instar de l’hyperactivité, ont pu être reconnues et envisagées sous l’angle de cause à effet.

Ensuite, la société de consommation a permis l’émergence de produits nouveaux et « excitants » : dans un premier temps alimentaires (bonbons sucrés, boissons énergisantes) ; dans un second temps divertissants (jeux vidéos et films, sports stimulants).
Enfin, le rôle des parents a changé, notamment celui de la mère qui n’est plus seulement cantonné à l’éducation des enfants. Séparés de leurs parents, ils sont souvent placés en garderie et trop vite confrontés au monde extérieur.

L’enfant dans tout ça subit, doit se conformer aux attentes nouvelles d’une société en perpétuel mouvement qui exige d’eux dynamisme, intelligence, obéissance, curiosité, mais pas trop (ni pas assez d’ailleurs) sinon les parents sont montrés du doigt et ils ont honte. Ils doivent alors trouver une excuse… l’hyperactivité !!!

Après ce diagnostic, une solution s’impose. La Ritaline semble être sur les lèvres de beaucoup de médecins. En effet, ce médicament, proche des amphétamines, est utilisé pour les troubles de l’attention et de l’hyperactivité chez l’enfant. Mais c’est à ce niveau que se pose un problème éthique : est-il moral d’administrer à des enfants un tel médicament aussi connu sous le nom de « kiddy coke », soit « la coke du gosse » ? A en voir les chiffres, la réponse serait positive, puisque plusieurs sources font état de plus de 8 millions d’enfants entre 3 et 20 ans sous Ritaline aux Etats-Unis aujourd’hui. En Suisse, à Neuchâtel, une étude de l’OFSP fait état d’une quantité totale de Ritaline prescrite multipliée par sept entre 1996 et 2000, avec un nombre de patients sous traitement passant de 76 à 433. Plus récemment, une enquête menée auprès du corps médical vaudois en 2005 parle d’une médication par Ritaline prescrite dans 90% des cas.

The American Academy of child and adolescent psychiatry crie au scandale dans une étude parue en 2007 stipulant que « l’échec scolaire, la toxicomanie et les conduites prédélinquantes présentent statistiquement la même fréquence que les sujets hyperactifs aient été traités ou non avec des psychostimulants de type Ritaline quand ils étaient petits ». Par conséquent, bien que l’effet du médicament ne règle les choses qu’à court terme, les chiffres démontrent que les enfants turbulents seraient trop facilement traités par voie médicamenteuse au détriment d’approches plus douces. Cependant, trop rapidement prescrite, la Ritaline ne constituerait-elle pas un moyen pour des parents absorbés par leur travail de se décharger de la tâche de bien éduquer leurs enfants ?
F.G. Fabien Grenon