Eclairage

Fitness : Quand maigrir devient une obsession

Quiconque aura une fois écouté la chanson de Jean-Jacques Goldman, les choses, comprendra aisément le message que l’artiste veut transmettre aux gens qui, plongés dans cette vie, se laissent doublement chosifier. Chosifier d’abord en perdant leur identité au profit des objets qu’ils entassent et chosifier ensuite parce qu’ils ne pensent et n’existent qu’à travers le regard des autres. C’est dans cette logique que, petit à petit, l’apparence s’est glissée et a fini par s’imposer comme l’indice universel de sélection des espèces. Et en la matière, les femmes semblent avoir eues une longueur d’avance sur les hommes.

Le mythe de l’éternelle jeunesse est vécu grâce aux nombreux liftings et la taille de guêpe qui s’imposent. Alors, les femmes (et une poignée d’hommes) ont pris d’assaut les centres de sport qui promettent de leur rendre ce que la nature veut leur voler, la beauté et un corps de rêve. L’inclination pour le maintien de la forme sera le sport avec le fitness comme prédilection.
Le fitness trouve ses origines dans l’aérobic, un sport de mise/remise en forme développé dans les années 60 aux Etats-Unis par le docteur et colonel-lieutenant Cooper et qui est essentiellement basé sur l’activation du système cardio-vasculaire. 40ans plus tard, cette discipline va proliférer et donner naissance à toute une gamme de terminologies aussi surprenantes que farfelues telle que le Body pump, le Body balance, le Body combat, le Body attack, le Body jam, etc. Le but est de martyriser son corps pour extraire le meilleur de lui.
La question qui s’impose alors c’est pourquoi on cherche coûte que coûte à paraitre au lieu d’être tout simplement. Une des réponses possibles se trouve dans le regard d’autrui. Dans les medias, les magazines, nulle part l’éloge de la femme en surpoids n’est mentionnée. Ce sont des femmes sveltes, avec des visages de minette, qui couvrent ces magazines et les présentatrices de télé en sont l’illustration. Cette beauté apparente semble masquer une fuite en avant, une sorte de compensation du vide intérieur, de solitude et de mal être. Les choses dont on s’entoure apportent dès lors une sécurité face aux autres et face à soi même. Le fitness va devenir le refuge pour toutes ces frustrations accumulées au jour le jour.
On doit faire du sport parce qu’on s’est laissé entourer d’objets qui font tout à notre place. Le lave-vaisselle, le mixeur électrique en passant par la brosse à dents électrique. Le moindre petit effort, qui procurait à nos mères la sensation de dépenser un peu de calories, tend à l’heure actuelle à être délégué à l’appareil. Alors, il est tout à fait normal qu’on se sente envahi par le trop plein de calories. Certes, il est tout à fait recommandé de faire du sport, de façon constante, modérée et saine. Mais le sport à outrance n’en est plus un. Tout excès nuit dit l’adage et au fitness il peut l’être davantage. La modernité du monde par la science a quelque-chose de pervers quand on ne sait pas s’arrêter à un moment donné.
Apsa.
Édito

Trop riche pour s’inquiéter?

 

D’après un sondage récent, le coût de la vie est au quatrième rang des préoccupations des suisses romands. Loin derrière l’écologie, la formation et la santé. Pourtant, la vie en Suisse dans un nombre grandissant de domaines est plus chère que partout ailleurs en Europe, alors sommes-nous trop riches pour s’inquiéter du fait de payer tout trop cher…?


 

À la belle époque du franc français, une grande partie des romands allaient faire leurs courses en France voisine, pour une raison évidente : la conjoncture avantageuse. Mais depuis la mise en place de l’euro, en 1999, la donne n’est plus exactement la même. En effet, l’adoption de cette nouvelle devise engendra des modifications non négligeables, permettant ainsi à nos bonnes vieilles enseignes suisses de se remettre à niveau.

Aujourd’hui le problème est qu’étant en position de force sur un marché de type oligarchique; les grands distributeurs teintés d’orange qui colonisent notre pays, ne se donnent plus la peine d’adapter leurs prix. Ainsi, tout en profitant de la baisse de l’euro par rapport au franc suisse pour payer les produits exportés moins cher et tout en diminuant leurs propres coûts de production, les totaux qu’affichent les caisses, eux, ne cessent de grimper. Tout cela sans avoir besoin de se justifier puisque finalement, si nous autres consommateurs nous ne sommes pas content, nous n’avons qu’à aller voir ailleurs! Oui, mais où?!

Le phénomène ne s’arrête pas là, puisque d’autres domaines, comme celui des transports sont touchés. En effet, avec une hausse de leurs prix moyens de 10% entre 2007 et 2010, les CFF déjà en tête d’affiche des prix les plus élevés d’Europe, n’ont pas fini d’augmenter leurs tarifs. Par exemple, on a pu voir récemment que la « voie 7 » (abonnement permettant aux jeunes de moins de 26 ans de prendre le train gratuitement entre 19h00 et 05h00) allait augmenter de 30% à cause de son grand succès. Il faudrait donc être très convaincant et perspicace, pour expliquer, avec des arguments raisonnés, la façon dont on justifie une telle augmentation pour un produit qui justement connaît un succès grandissant! On observe ici à nouveau une position monopolistique (bien qu’étatique) empêchant ainsi la concurrence de se faire, afin d’offrir de bons services innovants, à un coût qui soit le plus faible possible.

Finalement, que dire de tous ces autres secteurs, comme le logement, la santé ou encore la communication, pour lesquels la Suisse, encore une fois, ne fait pas figure de bon élève? On peut supposer qu’il n’y a qu’à acquiescer gentiment, tout en tendant nos beaux billets bleus à la postière qui tente, elle aussi, de gagner sa vie comme tout le monde.

Tout ces points me pousse donc à m’interroger sur le désintérêt des suisses pour ces différents aspects qui font de notre pays, un des plus cher d’Europe. Il aura fallu attendre l’explosion à Fukushima pour que les consciences collectives se rendent compte qu’une centrale nucléaire pouvait être dangereuse. Peut-être faudra-t-il attendre que les pauvres envahissent nos rues, pour se rendre compte que le système dans lequel nous vivons actuellement n’est pas viable sur le long terme.

AST.