Palais Fédéral

Aude Zuber, universitaire et candidate au Conseil national

Larticle.ch : Tu étais invitée au Grand Débat de la TSR le mercredi 12 octobre. Comment as-tu vécu ta première sur la chaîne nationale ?

Aude Zuber : Ça a été une super expérience qui m’a notamment permis d’agrandir mon réseau social dans le monde politique et journalistique. Durant le débat, il faut vraiment se battre pour avoir la parole, et je dois avouer qu’il est quand même frustrant de n’avoir que 2 minutes pour s’exprimer sur un dossier qu’on a étudié durant de nombreuses heures.

L.ch : Le Jura n’a que deux sièges au Conseil national. La liste des JDC, qui comprend Matt Steiner et toi, n’a que peu de chance d’obtenir un siège. Es-tu plutôt dans l’optique de préparer ton futur politique ?

A.Z.: En toute honnêteté, je ne pense pas être élue cette fois-ci. Cette candidature me permet de me forger une expérience politique, une visibilité et un réseau de contacts pour un éventuel futur mandat politique. Elle a de plus pour but de récupérer le siège perdu il y a 4 ans à cause de l’apparentement du PLR et de l’UDC. Le siège nous avait été ravi pour seulement 40 voix et je suis persuadée que les jeunes peuvent faire la différence, car il n’y avait pas de JDC à l’époque.

L.ch : Comment as-tu choisi ton parti politique et est-il facile de toujours suivre la ligne qu’il dicte ?

A.Z.: Je me suis intéressée à la politique il y a 4 ans, alors que j’étais en apprentissage. J’avais du temps libre, et j’ai donc décidé d’écrire une lettre à Doris Leuthard pour voir en quoi consistait son travail et si je pouvais me rendre utile. Elle m’a redirigée vers Madeleine Amgwerd, avec qui je me suis liée d’amitié et qui m’a permis d’assister avec elle à divers meetings et à des débats dans le public. J’ai ensuite intégré les JDC Jura, puis le Parlement de la Jeunesse 2008-2010.

Le choix du PDC s’est fait naturellement, car il rejoint mes valeurs politiques en mettant l’individu au centre de ses préoccupations et en prônant une politique de respect, d’équilibre et de responsabilité. De plus, la direction du parti offre une grande liberté par rapport à celles du PS et de l’UDC, notamment sur les sujets secondaires où les jeunes ne suivent pas systématiquement leurs aînés lors de votes.

L.ch : Que représente pour toi le « C » pour chrétien de PDC, en particulier dans un état laïc ?

A.Z.: Aujourd’hui je le vois comme une ligne de conduite qui nous confère un système de valeurs, comme le respect d’autrui. Il n’est donc pas nécessaire d’aller le dimanche à l’église et une personne d’une autre confession peut très bien intégrer le parti.

L.ch : Qu’est-ce qui permet au PDC d’affirmer dans son slogan pour les élections fédérales : « Les Suisses qui sont heureux votent démocrate-chrétien » ?

A.Z.: Le PDC mise sur la stabilité et oppose les Suisses heureux aux électeurs haineux qui se dirigent plus volontiers vers les extrêmes. Nous proposons des solutions d’avenir vers lesquelles les familles peuvent se tourner.

L.ch : Que t’inspirent les montants publicitaires des partis ? Es-tu pour une transparence des financements de campagne ?

A.Z.: À l’instar de la population, je suis pour la transparence. Il est important de montrer que tout le monde n’est pas sur le même pied d’égalité. Les 7 millions de l’UDC destinés à l’affichage sont ahurissants. Ils ne financent avec cet argent aucun projet concret, mais font de la politique populiste émotionnelle.

L.ch : Quel est ton avis sur l’abandon du nucléaire en Suisse ?

A.Z.: Je suis pour l’abandon définitif du nucléaire. La Suisse ne peut pas en sortir demain, mais je suis en faveur du projet prôné par le Conseil Fédéral Il faut inciter les ménages à se tourner vers les énergies renouvelables par des subventions, mais aussi l’obligation de mettre du photovoltaïque sur les nouvelles habitations. L’éolien doit aussi être soutenu, notamment sur les crêtes du Jura.

L.ch : Quel regard portes-tu sur les élections en France voisine ?

A.Z.: Je trouve le système des primaires socialistes contre-productif. C’est une grosse dépense d’argent débouchant sur une concurrence interne qui divise le parti. Étant donné qu’il n’y a pas véritablement de centre fort en France, j’espérais voir Martine Aubry, une femme, à l’Élysée.

L.ch : Quel est ton avis sur la question jurassienne ?

A.Z.: Je ne suis pas pour un super-canton qui inclurait Bienne, Neuchâtel et Vaud, car cela engendrerait une perte de l’identité jurassienne. Nous avons cependant intérêt économiquement à collaborer avec ces partenaires. Je n’ai pas véritablement d’avis concernant le rattachement du Jura bernois.

L.ch : Si tu devais être présidente d’un pays, quel serait-il ? Pourquoi ?

A.Z.: Bien entendu la Suisse ! Je suis fière de mon pays et de la chance que nous avons d’avoir un système politique dans lequel les citoyens sont acteurs et non pas spectateurs.

Avec un score encourageant de 1351 voix aux élections fédérales du 23 octobre, Aude Zuber n’a pas été élue. Avec ce résultat, elle a participé au retour du PDC jurassien au national, en la personne de Jean-Paul Gschwind.

Propos recueillis par Jerôme Fallot

Eclairage

L’Europe va mal

 

Après la crise financière qui a secoué le monde entier de 2007 à 2010, voilà l’Union Européenne une fois de plus touchée par une crise. Elle s’appelle « La Crise de la zone euro ».

La crise s’explique par le non respect de certains pays membre de l’Union Européenne comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce, d’un accord sur le déficit public annuel et la dette publique.

L’accord exige des 27 Etats un déficit public annuel inférieur à 3% du PIB et une dette publique inférieure à 60% du PIB. Hélas, en 2010, avec un déficit public supérieur à 3% pour l’Irlande (31,3%), la Grèce (10,6%), le Portugal (9,8%) et l’Espagne (9,3%) et une dette publique supérieure à 60% du PIB pour la Grèce (144,9%), l’Irlande (94,9%), le Portugal (93,3%) et l’Espagne (61,0%) il est bien visible que cette crise de la dette est très sérieuse. Surtout avec la baisse de l’activité économique de la zone euro et la montée du taux d’intérêt.

L’hémorragie qui touchait l’Espagne, le Portugal et l’Irlande s’étant légèrement estompée grâce à la mise en place de plans d’austérité et à l’aide apporté par l’UE, le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Centrale Européenne (BCE), tous les moyens sont maintenant mis en œuvres pour sauver la Grèce. Bien qu’elle ait aussi mise en place plusieurs plans d’austérité et reçu 110 milliards d’euros, versé sur plusieurs périodes, de la part de l’union Européenne, la Grèce, première a avoir été touché par la crise de la dette, est au bord de la faillite si une autre aide ne lui est accordée.

Aujourd’hui, le montant d’aide supplémentaire destiné à sauver la Grèce est estimé à 159 milliards d’euros, financé à hauteur de 50 milliards d’euros par le secteur privé et 109 milliards d’euros par l’UE. Le montant versé par l’UE pouvant toujours changer, seule la source semble certaine. L’argent viendra du Fond Européen de Stabilisation financière (FESF) créé le 7 juin 2010 pour venir en aide au pays en crise. Ce dernier est doté d’un capital de 750 milliards d’euros, 550 ayant été levé par l’UE et 250 par le FMI.

Suite au sommet du Conseil de l’Europe qui a eu lieu le 23 octobre, aucun accord sur les 109 milliards d’euros n’a été confirmé, mais les discussions portant sur deux éléments qui rendraient efficace l’aide accordé par l’UE et sauveraient à long terme la Grèce, semble être sur la bonne voie.

Le premier élément en discussion est la décote de la dette grecque par les créanciers privés, principalement les banques françaises et allemandes comme cela avait été convenu au 21 juillet 2011. Cependant, le montant d’avoirs à effacer reste problématique avec les institutions bancaires qui proposent 40% et l’Europe plus de 50% à 60% selon les sources proches des négociations. Ce qui est sûr, c’est que la décote de 21% des obligations grecques prévue le 21 Juillet n’est plus d’actualité.

Le deuxième élément en discussion est la recapitalisation des banques. Afin de limiter les conséquences de la perte des investisseurs et éviter une propagation de la crise vers le reste des pays de la zone euro. Cette recapitalisation des banques européennes est envisagée mais les chiffres exacts restent flous. L’estimation qui est faite aujourd’hui est de 107 à 108 milliards d’euros. Selon plusieurs sources, l’UE exigera au préalable que les banques essayent de renflouer les fonds eux-mêmes avant de faire recours à l’aide de leurs gouvernements nationaux et en dernier ressort celle du FESF.

Avec une mise en œuvre réussie de ses mécanismes pour sauver la Grèce, l’Europe montrerait son unité et efficacité face à cette crise qui a fait couler beaucoup d’encre et de sangs dans plusieurs Etats européens. De plus, cela rassurerait les marchés boursiers et provoquerait une baisse des taux d’intérêt qui serait salutaire pour l’économie européens.

Une contamination de la crise vers d’autres Etats européens tel que l’Italie avec sa dette publique supérieure à 60% de son PIB serait alors évitée de justesse. Il est clair que la solution à cette crise semble venir à temps, surtout avec la pression exercée par les Etats Unis, les agences de notations et les manifestations dans les pays dont les plans d’austérité sont mis en œuvre.

A.C