Eclairage

La métamorphose : une médecine qui vous veut du bien

« Vivre le moment présent »

« Vivre le moment présent, intensément. Être en phase avec soi-même ». C’est la définition de la métamorphose pour Mme de Waal. Praticienne depuis 6 ans, elle a suivi une formation à l’École de métamorphose de Violette Prod’hom. Cette méthode de soins, créé dans les années 60 à partir de la réflexologie, s’est développée petit à petit en Suisse, jusqu’à la création d’une école de formation.

« La métamorphose permet d’être dans le ressenti »

Médecine douce prise en charge par certaines assurances complémentaires, la métamorphose se base sur l’idée que « nous ne sommes pas juste de la matière physique ». Son but premier est de nous reconnecter à celui que nous sommes en essence et à se sentir mieux : « On recherche un mieux-être pour les patients. Ma meilleure satisfaction (…) c’est de les voir tout sourire à la séance suivante » témoigne Mme de Waal.

Concrètement, cette technique s’appuie sur la pratique de massages doux, en touchant ou à distance,  sur les pieds, les mains et la tête. Mais si le massage est fait par le praticien, le travail est, lui, du ressort du patient : «Nous sommes un catalyseur : on va déclencher un travail que le patient lui-même va faire ». Le massage métamorphique propose donc de relâcher des blocages pris dans le temps, de s’affranchir de son passé : « On mentalise trop sa vie, on réfléchit, on cherche à savoir si l’on agit bien ou mal. On se prend la tête et s’embrouille les idées. La métamorphose permet d’être dans le ressenti. On ressent plutôt qu’on analyse, on se laisse vivre au gré des évènements ».

Une médecine ouverte à tous

Encore méconnue du grand public, la métamorphose se fait connaitre principalement grâce au bouche-à-oreille : « C’est une démarche personnelle. Les gens viennent sans connaitre la métamorphose. Ils partent à l’aventure ». Mais quelles sont les personnes qui reçoivent ces massages ? Pour Mme Hunt-Backmann, praticienne depuis 11 ans : « Tout le monde peut venir. J’ai traité des bébés juste après leur naissance, des personnes en fin de vie qui peuvent se permettre de lâcher prise et partir sereinement, des personnes en pleine forme. Je le fais aussi aux animaux et cela marche très bien ».

Et si tout le monde est le bienvenu en tant que patient, c’est aussi le cas pour devenir praticien. L’École de métamorphose de Mme Violette Prod’hom, à Rolle, propose une formation complète en 6 week-end. Aucune aptitude pré-requise n’est nécessaire, il suffit d’ « avoir l’envie de pratiquer, être prêt à toucher la personne en face et la guider si besoin ».

La métamorphose permet ainsi de relâcher des émotions ou schémas mentaux que nous gardons en nous, souvent bien trop longtemps et qui nous empêche d’avancer dans la vie. Par des massages doux, celle-ci permet de se recentrer sur soi et aide « à bien savoir ce que l’on souhaite ou non ». A chaque séance, un nouveau départ : « Tout comme la chenille se métamorphose en papillon et ouvre librement ses ailes par un bel après-midi ensoleillé, nous allons déployer nos ailes de tous les possibles et exprimer la joie profonde de l’enfant qui sommeille en nous et peut rire de la vie, rire à la vie ! »

Propos recueillis par Guillaume Truffer

Un grand merci à Mme Sandrine de Waal et Mme Nathalie Hunt-Backmann pour leur collaboration!

Pour plus d’informations, voir le site : http://www.ecoledemetamorphose.com

Voyage

Couleurs du désert – épisode 2

 

Lire le premier épisode

Mes premiers pas sur cette terre inconnue se passent comme dans un rêve. L’horizon s’étend à perte de vue. Mon regard s’échappe sans que je puisse le raccrocher à quoi que ce soit de familier.  A mesure que le petit village s’éloigne derrière nous, je me sens comme happé par ce vide, cette immensité. Le silence nous dévore. Je tâte machinalement ma poche avant pour sentir la présence rassurante de mon téléphone portable… Raté, il n’y a pas de réseau au milieu du désert. Mon Samsung est sagement resté en Suisse. Peu après le repas de midi, la doyenne de l’expédition (65 ans) chute sur des pierres. Elle s’entaille profondément le coude et sa jambe enfle de façon inquiétante. On craint un instant que l’aventure ne s’arrête là pour elle, mais sa formidable détermination et les soins des deux infirmières présentes dans le groupe la remettent sur pied. Plus loin sur notre chemin, un serpent déploie soudainement sa gorge et arrache quelques cris de stupeur, d’autres d’admiration. Finalement, tout le monde arrive sain et sauf au campement. Le soleil couchant embrase le sable couleur ocre de ses derniers rayons. La scène est idyllique. Comme la nuit tombe très rapidement, nous rassemblons des branches pour faire un feu, une fois le souper terminé.  Dans le désert, la nuit est royale. Si nos lits ne sont fait que d’une natte et d’un sac de couchage, le ciel étoilé surpasse largement le plafond ornementé du plus luxueux hôtel cinq étoiles. Ici, les étoiles sont dans le ciel, et elles filent, créant un ballet nocturne féérique qui m’a couté bien des heures de sommeil.

Chaque jour, nous effectuons nos cinq heures de marche, accompagnés par une vingtaine de dromadaires et des chameliers berbères*. Ceux-ci animent nos soirées avec leurs chants rythmés et leur joie communicative. Au fil des journées, la météo reste au beau (et chaud !) fixe, mais les paysages changent, évoluent et se transforment. Se succèdent les étendues arides et caillouteuses, les paysages montagneux et rocheux, les dunes de sable et les palmiers, etc. Même si nous vivons sans montre, le rythme de nos journées reste sensiblement pareil, sans échéances ni stress, dans le calme et la tranquillité. « Eux ils ont l’heure, nous on a le temps » dit à ce propos une maxime berbère. L’astre solaire est notre horloge naturelle. Pour son lever et son coucher, il nous offre un spectacle grandiose en fissurant le ciel de teintes flamboyantes et de dégradés majestueux. Du rouge sang au jaune canari en passant par le rose pâle, toute la palette des couleurs chatoyantes y passe. Un véritable feu d’artifice et un régal pour les pupilles.

Bien que nous ayons l’impression de vivre au ralenti, les journées s’enchaînent à un rythme infernal. Si bien que je suis surpris un beau matin de me retrouver au devant de la dernière étape. La marche commence par une route en lacet entre deux pans de montagne. Tout au long de l’ascension, les chameliers entonnent des chants berbères qui résonnent dans la roche. L’effet est grandiose et je me sens littéralement porté par ces airs. Arrivé au sommet du petit col, je me sens soudainement épuisé. Je chancelle et perds brièvement connaissance. Lorsque je rouvre les yeux quelques secondes plus tard, je me sens à nouveau beaucoup mieux. J’ai tout de même droit à une heure de dromadaire pour me reposer. Perché sur mon mammifère à bosse, je retrouve rapidement mes esprits. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises ! Charles nous avait réservé une étape beaucoup plus longue que la moyenne pour nous tester. La marche semble interminable. Derrière chaque petite colline, je m’attends à découvrir le camp, mais c’est toujours le même spectacle qui nous attend : une large plaine ou une nouvelle colline, mais pas la moindre tente. Pour la première fois de la semaine, j’éprouve un certain énervement envers ce désert immense et impitoyable. Alors que la nuit tombe, nous apercevons enfin un feu au fond d’un vallon. Une trentaine de minutes plus tard, nous voilà tous rassemblés autour du brasier, un verre de thé bien sucré à la main. Chez la majorité, la satisfaction de l’effort accompli a remplacé la frustration et l’épuisement et chacun profite de sa dernière nuit à la belle étoile.

Le retour en Suisse est ponctué de séparations et d’arrachements : les chameliers, la vie de nomade, le désert, le Maroc et enfin notre groupe. C’est à ce moment que nous réalisons qu’une semaine a suffi à tisser des liens très forts. Cette immensité désertique nous a réunis et nous a permis de vivre des moments en communauté inoubliables. Car le désert, c’est bien plus qu’un simple voyage touristique. Le désert, c’est partir à la découverte d’un univers inconnu, coupé du reste du monde, hors de toute limite temporelle. Le désert, un gros effort au départ, mais une magnifique récompense à l’arrivée.

RCR

*ethnie marocaine