Reportage

XAMAX : Retour sur une descente en enfer!

 

Mai 2011 : Bulat Chagaev, un homme d’affaire tchétchène, annonce officiellement par communiqué de presse avoir racheté le club à Silvio Bernasconi. Comme l’a expliqué Edmond Isoz de la Swiss Football League (SFL), lors d’une interview à Sport Direct (TSR) : le club est alors considéré comme une Société Anonyme et il suffit à n’importe quel quidam de racheté 51% des actions du club pour en devenir propriétaire. À l’époque, aucune garantie financière n’est donc nécessaire [1].

Après avoir subi des changements de président et d’entraîneur dans le courant du mois, Neuchâtel Xamax perd la finale de la Coupe de Suisse face à Sion. Bulat Chagaev, visiblement furieux, aurait menacé les joueurs dans les vestiaires, à la mi-temps. Après cette défaite, l’entraîneur Bernard Challandes annonce ne pas vouloir signer de nouveau contrat pour la saison à venir. L’entraîneur brésilien Sonny Anderson est alors nommé pour le poste.

Juin-juillet 2011 : Suite à la démission de tout le staff administratif au début du mois de juin. L’entraînement reprend sans recrue.
Le 24 juillet c’est le tout nouvel entraîneur Anderson, ainsi que tout son staff qui sont virés. Dans la foulée, les joueurs Carlos Carlão et Gilles Binya sont également remerciés. Le lendemain Andreï Rudakov, nouveau président depuis seulement 2 mois renonce à son poste.
Malgré ces événements, Joaquin Caparros est nommé comme nouvel entraîneur. Suite à ces nombreux rebondissements, le 28 juillet, Bulat Chagaev accorde une interview où il annonce être victime d’un complot.

Août 2011 : Après que Gilbert Facchinetti refuse de se joindre la direction de Xamax, une Assemblée Générale extraordinaire de la S.A. s’organise. Durant cette dernière, un changement dans les statuts du club permet à Bulat Chagaev d’en devenir le président et de nommer Islam Satujev,  comme vice-président.

Septembre 2011 : Joaquin Caparros entraîneur depuis seulement un mois est viré, suite à une violente altercation avec Bulat Chagaev, lors d’un match nul face à Lausanne.
Le 18 Septembre, les 3,2 millions de francs pour lesquels Neuchâtel Xamax est mis au poursuites sont révélés au public. Le club est poursuivi par pas moins de 25 créanciers différents, parfois pour des sommes dérisoires. L’inquiétude monte face à la solvabilité du mystérieux et colérique tchétchène.

Octobre 2011 : La SFL dénonce le club à la commission de discipline concernant le manque d’information sur les passations de pouvoir au sein du club. Par la suite, l’avocat Ralph Isenegger[2] demande la mise en faillite de Xamax. Malgré tout, Bulat Chagaev assure qu’il a les capacités financières nécessaires et que les faits qui lui sont reprochés remontent à l’ère Bernasconi.
Suite à cela, on apprend que les salaires de septembre n’ont pas encore été versés aux joueurs. Ce n’est que le 28 Novembre, qu’ils seront effectivement touchés.

Novembre 2011 : Après avoir viré le directeur sportif et principal contact de la SFL, Christophe Moulin, Xamax se voit infliger une amende de 20’000 francs par la commission de discipline suite à la dénonciation d’octobre. De plus une nouvelle enquête est ouverte pour défaut d’attestation de paiement des contributions sociales du mois d’août.
Bulat Chagaev avance la théorie du complot en expliquant que les banques lui tournent le dos sans raisons, alors qu’il a les moyens nécessaires pour faire taire la polémique.

Début Novembre, le juge Bastien Sandoz renonce à prononcer la faillite du club suite à la demande avancée par Ralph Isenegger. Quelques jours plus tard, de forts doutes sont émis face à une attestation de la Bank of America produite par Bulat Chagaev devant la justice, qui serait un faux.

Suite à cette découverte, plusieurs perquisitions sont réalisées au domicile et dans les bureaux du propriétaire et président de Xamax. Le 18 novembre, le ministère public du canton de Neuchâtel annonce que l’attestation de la Bank of America est bien un faux. La SFL ouvre alors deux nouvelles procédures concernant ce faux et d’autres contrats douteux. Bulat Chagaev est alors inculpé de faux dans les titres.

Décembre 2011 : Pour couronné le tout, le club d’Alméria réclame 1 million de francs pour le transfert de Kalu Uche. La SFL retire des points à Xamax suite aux procédures lancées contre le club. Une autre procédure est lancée concernant les retards de paiement des salaires d’Octobre.

Dans une tentative désespérée de dernier moment, Bulat Chagaev réclame 1 million de francs à l’Illustré pour toute une série d’articles à son sujet. Il réclame la même somme au groupe Edipresse pour des articles parus dans Le Matin.

Fin décembre, la dette, datant soi-disant de l’ère Bernasconi, atteint alors la somme de 6 millions de francs et touche maintenant 80 créanciers.

Janvier 2012 : La reprise des entraînements est brutale, puisque le club se sépare de son capitaine Stéphane Besle, ainsi que de Vincent Bikana, Javier Arizmendi et Haris Seferovic. Dans le même temps, Chagaev attaque la société neuchâteloise de presse et réclame 500’000 francs de dommage et intérêts.

Le 18 janvier, la SFL met un terme aux agissements du propriétaire tchétchène en retirant la licence de Xamax, dès lors exclu du championnat.

Finalement après 5 entraîneurs différents, 6 joueurs virés, et de nombreux mensonges quant à la gestion du club, jeudi 26 janvier la faillite de la société a été annoncée. Bulat Chagaev a enfin admis ce que tout le monde savait : des problèmes de surendettement!

Cela dit, malgré les nombreuses altercations dont il est en partie responsable et un nombre certain d’erreurs dans la gestion du club, on peut se demander s’il est entièrement responsable de cette triste situation. Qu’en est-il de la réelle situation du club lors du règne de Bernasconi? Existait-il des arrangements secrets qui aurait précipité la chute du club? On ne le saura sans doute jamais.

Toujours est-il que le bilan est maintenant déposé. Neuchâtel Xamax S.A. n’existe officiellement plus. Pour l’heure, il n’est pas exclu qu’un accord avec le FC Serrière soit passé afin que, ce qui reste de Xamax, puisse jouer en 1ère ligue la saison prochaine. Mais rien n’est encore décidé.

En attendant, Bulat Chagaev a été placé en détention provisoire pour gestion déloyale. La justice décidera si son séjour en prison se prolongera ou pas.
AST

Article inspiré de la chronologie d’un désastre, relaté par le site de la TSR : http://www.tsr.ch/sport/football/suisse/super-league/3721133-neuchatel-xamax-chronologie-d-un-desastre.html
[1] Un changement dans le règlement de la SFL ne devrait plus permettre ce genre d’événement
[2] Un avocat réclamant 400’000 francs pour son rôle dans le transfert d’un joueur.

Eclairage

Je suis venu, j’ai bu, je me suis battu…

 

Depuis la nuit des temps, ou plutôt depuis la découverte de l’agriculture durant la période néolithique, l’Homme a compris le concept de fermentation et fabrique des boissons alcoolisées. Plus tard, les grandes civilisations polythéistes, comme les Grecques ou les Romains, auront même des dieux qui leurs seront consacrés. Dans toutes les sociétés du passé, l’alcool était déjà un sujet de controverse. Les musulmans et les bouddhistes se le voyaient interdire par leur prophète, alors que dans le christianisme, le vin est élevé au rang de divin après la fameuse phrase du Christ  » Buvez, ceci est mon sang « . Mais ils avaient déjà tous compris que boire avec excès menait à la débauche.

Notre société contemporaine n’y échappe pas. La hausse des actes violents est mise en lien avec l’augmentation de la consommation de bière, de vin ou encore d’eau de vie. D’ailleurs, dans la plupart des pays, les actes commis dans un état d’ébriété ou sous l’emprise de stupéfiants sont plus largement punis par la loi. Dans la question du rôle des spiritueux sur l’agressivité, les spécialistes s’opposent. Certains pensent que l’éthanol contenu dans l’alcool modifierait le comportement des neurotransmetteurs, et donc de la personne. D’autres chercheurs ne voient en l’abus d’alcool qu’une espèce de « bouclier social » derrière lequel les gens se cachent pour justifier un comportement déplacé.

Une première étude faite par des scientifiques de l’université française de Grenoble consistait à duper des participants lors d’un test. On leur mentait sur la présence ou non de dose de vodka dans leur breuvage. Les cobayes étaient ensuite provoqués par un acteur et les chercheurs observaient leurs réactions. En définitive, l’expérience montre pour la première fois un phénomène placebo de l’alcool sur l’homme, puisque la violence observée n’était pas liée à la quantité de spiritueux absorbée, mais à la quantité que la personne croyait avoir consommé. En résumé, cette étude suivrait plutôt la seconde théorie, qui pense que l’ébriété a un effet d’autosuggestion et que l’on ne peut pas seulement voir derrière cela une mécanique pharmacologique. C’est aussi un phénomène social dont les gens sont conscients et ils adaptent donc leur comportement en fonction de ce savoir.

Une seconde étude de neurosciences montre que l’alcool, comme l’héroïne, a un effet de frein sur le système nerveux, que l’excitation des neurones est moins stimulée et que les effets produits sont le calme, la relaxation ainsi que la somnolence. Au contraire, des produits comme la cocaïne ou la nicotine augmentent le rythme du système nerveux et rendent les personnes plus éveillées, plus heureuses, aiguisent leur intelligence, mais aussi parfois leur agressivité. Cette analyse purement physiologique, illustre que l’éthanol par ses actions sur le cerveau ne devrait pas engendrer la violence. Malgré ce travail réalisé, on ne sait pas encore tout de son impact sur notre cerveau, mais cette recherche démontre aussi que l’on ne peut pas incomber la brutalité à la simple substance qu’est l’éthanol.

En guise de conclusion, on voit qu’à l’heure actuelle il n’est pas possible d’isoler un lien entre l’alcool et la violence. Les facteurs familiaux, socio-économiques ou encore psychologiques doivent être prit en compte. On a tous un certain comportement face à la boisson, qu’il soit de nature violente, joviale, altruiste ou encore mélancolique, qui n’est pas systématique. Les dérives agressives liées à la prise de boissons alcoolisées concernent certaines personnes dans certaines circonstances. Toutefois, ce que tout le monde s’accorde à dire, c’est que le fait de boire fragilise les inhibitions et favorise les actes, qu’ils soient positifs ou négatifs.
MiRo